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Explication de texte spinoza

Par   •  3 Décembre 2018  •  1 962 Mots (8 Pages)  •  608 Vues

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On penche communément à croire que celui qui « agit par commandement » est un esclave. On entend qu’il y a commandement lorsqu’un homme dicte une loi à un autre homme qui se doit d’obéir. Le commandement, cause de l’obéissance, met en relation deux agents : le premier agent donne l’ordre tandis que le second se soumet et obéit. C’est le principe de l’aliénation, selon lequel un autre est au principe de l’action de quelqu’un. Il est évident qu’à première vue une telle relation entre deux individus semble exclure toute notion de liberté, comme le stipule Spinoza en précisant que l’obéissance « ôte bien en quelque manière la liberté ».

Nonobstant la précédente citation, le philosophe précise toutefois que l’obéissance « ne fait cependant pas sur-le-champ un esclave », ce qui laisse apparaître une ambigüité, puisque cela sous entend donc que l’obéissance ne se traduit pas de manière absolue par un esclavage. Pour juger si l’action est seulement acte d’obéissance ou acte d’esclavage, il faudrait donc nécessairement prendre en considération « la raison déterminante de l’action ». Autrement dit, il faudrait donc se poser une question de la sorte : Qu’est ce qui est au principe de l’action qui est commandée ? Et, pour y répondre, deux cas de figure se font face.

Dans le premier cas de figure, l’action sert les intérêts de ceux qui commandent, ce qui nous donne donc la définition de la servitude, et, continuellement, de celle de l’esclavage. C’est pour illustration le cas dans une relation maître-esclave, où se dernier est hétéronome puisqu’il reçoit les lois d’une autre personne, et, est aliéné puisqu’il est au principe de l’action d’une autre personne. L’esclave est donc au service de l’arbitraire de celui qui agit envers lui « selon son bon plaisir ». Dans ce cas de figure, l’esclave est donc devenu « inutile à lui-même » et, c’est parallèlement à notre première partie de raisonnement où l’homme libre est défini de la sorte seulement si il poursuit son utile propre que l’on peut dire qu’est esclave tout homme qui agit à l’encontre de cet utile, que ce soit du fait d’un autre individu ou bien de son propre fait.

Dans le second cas de figure, l’action sert les intérêts de celui qui obéit et, celui qui obéit est alors hétéronome, mais il n’est pas un esclave. C’est par exemple le cas des enfants, soumis à l’autorité de parents ou de représentants légaux jusque l’âge de la majorité, c’est-à-dire l’âge où ils sont censés pouvoir vivre d’eux-mêmes sous le commandement de la raison, et donc de voir et faire ce qui leur est utile à eux même. Or, avant que cet âge de maturité ne soit atteint, l’enfant préfèrera par exemple se laisser aller à ses loisirs ou jouer avec ses copains plutôt que de s’attarder sur ses devoirs scolaires, c’est pourquoi l’ordre de ses parents de prendre le temps de faire ces derniers lui est donné dans le but de l’éduquer et le préparer à être indépendant ; dans ce cas, c’est donc l’obéissance qui libère l’enfant et, paradoxalement, c’est l’absence d’autorité qui l’aliènera.

Le second cas de figure est également valable dans l’Etat, où, la souveraineté (d’ordre politique) est exercée dans l’intérêt général. On peut toutefois se demander ce qui fait la légitimité de la politique d’un Etat, et, Spinoza y répond en déclarant que, bien qu’étant « un sujet », on est libre « dans un Etat sous un commandement pour lesquels la loi suprême est le salut de tout le peuple ». Dans la même optique, on peut citer Aristote dont les propos rejoignent ceux de Spinoza dans le texte Les Politiques : « toute communauté a été constitué en vue d’un certain bien ». Par conséquent, le statut de sujet n’équivaut en rien à celui d’un esclave. Le sujet est donc un membre de l’Etat, c’est-à-dire qu’il est un individu soumis à l’autorité de la législation de son Etat, et, on peut également parler de citoyenneté ; toutefois, ces deux termes incluent l’intégration au groupe politique, et donc aux lois de ce dernier. On peut donc dire que la loi civile protège et garantit l’intérêt public, ce qui fait que la liberté d’un individu n’est pas compromise s’il vit « de son entier consentement » sous la conduite de la raison, et, si il se soumet aux lois par peur ou si les lois l’empêchent de se livrer à ses passions, l’Etat, dont « les lois sont fondées en droite raison » ne le soumettra pas à l’esclavagisme puisque ses lois sont fondées conformément à ses intérêts véritables, c’est-à-dire à ce qui lui est vraiment utile.

En conclusion, par sa philosophie, Spinoza nous montre dans ce texte qu’il n’y a pas de politique possible là où règne l’anarchie du désir, qui, nous soumet à notre propre esclavage. Parallèlement, il nous expose l’étroite relation entre la liberté, hétéronome ; et l’obéissance, cette dernière étant ici loin d’être synonyme de servitude mais, plutôt et paradoxalement une vectrice de liberté dans la mesure où les lois fondées en droite Raison dans l’intérêt des sujets. Finalement, on peut achever notre raisonnement en citant un des contemporains de Spinoza : Kant, qui déclare qu’« une volonté libre et une volonté soumise à des lois morales sont une seule et même chose. »

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