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Le loup et l'agneau

Par   •  25 Janvier 2018  •  1 865 Mots (8 Pages)  •  687 Vues

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D'ailleurs dès le vers 9, il prononce la sentence « tu seras châtié de ta témérité » sans avoir entendu les arguments de la défense. La violence du verdict est renforcée par la diérèse sur le verbe « châti-é » et l'utilisation de l'allitération en « t ».

D'autre part, cette décision est sans appel comme l'indique le futur de l'indicatif « seras » (v.9). En étant placée dès le début du procès, il prouve que tout est joué d'avance.

Alors même qu'il a énoncé la sentence, le Loup poursuit cette parodie de procès en avançant des arguments absurdes (B)

Si le Loup essaie d'adopter une attitude posée au début de son argumentation (1°),

Aux vers 22 et 23 le Loup emploie le même connecteur logique « c'est donc » afin d'appuyer ses propos. On a là un rapport cause-conséquence qui traduit un raisonnement logique.

De plus, la marque de la certitude « je sais que » au vers 19 et le rythme régulier des vers 7 et 19 (tétramètres = alexandrins coupé en 4 parties de 3 syllabes « je sais/ que de moi/ tu médis/ l'an passé » permettent au Loup de paraître calme et posé. D'ailleurs, petit à petit, il semble prendre de la distance en employant un pronom indéfini « on me l'a dit » et la tournure impersonnelle « il faut que », comme si le châtiment était dicté par un jugement extérieur.

Son impatience le pousse rapidement à des développements absurdes (2°).

Cependant, les mètres des vers illustrent l'impatience grandissante du carnivore. Ainsi, l'alexandrin des vers 7 et 9 est remplacé par un octosyllabe au vers 22 et des heptasyllabes aux vers 24 et 25. Ces vers de plus en plus courts symbolisent la faim de plus en plus grande du Loup qui souhaite passer des paroles à l'acte, celui de manger.

Les arguments sont dès lors infondés et absurdes comme en témoigne la gradation « toi, » / « ton frère » / « quelqu'un des tiens ». Le Loup sait pertinemment que l'Agneau n'est pas coupable mais cherche une raison pour le dévorer.

Au vers 25, les adjectifs possessifs « vous, vos bergers et vos chiens » renversent le rapport de domination puisque contre toute logique le Loup suggère que ce sont les agneaux qui possèdent les bergers et les chiens. Ces paroles marquent l'état de confusion dans lequel il se trouve et qui traduit sa seule préoccupation, son obsession : dévorer l'Agneau sans attendre.

Après avoir utilisé de nombreux procédés pour prouver que le Loup se cache derrière une neutralité feinte, le fabuliste va montrer que malgré ses qualités indéniable en rhétorique , la défense de l'Agneau est vouée à l'échec.

III L'Agneau, un bon rhéteur dont l'argumentation est

vouée à l'échec

Notre attention se portera sur le fait que l'Agneau utilise un langage approprié à son statut et développe une argumentation fondée.

L'agneau utilise un langage approprié à son statut (A)

Tout d'abord, en tant que fin rhéteur, l'Agneau utilise un langage approprié à sa position d'infériorité face au Loup.

D'une part, il emploie la 3ème personne du singulier pour s'adresser au Loup comme en témoigne le pronom personnel « Elle » (v. 15), l'adjectif possessif « votre » (v.10).

D'autre part, afin d'accentuer le respect qu'il doit au Loup, les noms « Sire » (v.10) placé en tête de vers et « Majesté » (en fin de vers.10) sont utilisés par l'Agneau pour flatter son accusateur.

Enfin, la structure même du vers 10 illustre que l'Agneau se sent piégé et menacé par le Loup. L'emploi du subjonctif qui suit au vers 11 « Ne se mette pas en colère » ou encore « qu'elle considère » (v.12) s'apparentent à une prière afin d'infléchir la décision de son interlocuteur. Le modalisateur « Mais » placé en tête de vers 12 propose subtilement une alternative au Loup : celle d'écouter ses arguments de défense.

Pour finir, on peut s'apercevoir que l'Agneau maîtrise le rythme de sa réponse et l'effet qu'il peut produire sur son adversaire. Ainsi, si le début de sa réponse est un alexandrin destiné à amadouer le Loup au moyen de signes de respect, les vers qui suivent sont de plus en plus courts (octosyllabes des vers 11,12,13) pour ne plus que contenir 4 syllabes au vers 14 traduisant sa volonté de se faire de plus en plus discret.

Puis l'Agneau met en avant des arguments qui se révèlent logiques et fondés (B)

Tout d'abord, pour affirmer son innocence, il développe un fait d'ordre spatial. En effet, il se désaltérait dans le courant « plus de vingt pas au-dessous d'Elle » (v.15). Il ne contredit pas directement le Loup mais nuance ses propos avec l'adverbe « plutôt » (v.12). Il met le Loup face à ses contradictions grâce à la question au conditionnel du vers 20 « Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?

Ensuite, il enchaîne ses idées de façon cohérente avec des connecteurs logiques de cause et de conséquence « par conséquent » (v.16) et les enjambements des vers 11, 12, et 13 qui prouvent que la logique de sa démonstration ne peut être remise en question.

Puis, l'Agneau sentant que sa fin est proche, il s'oppose directement au Loup par des formules de négation « Je n'étais pas né » (v.20) « Je n'en ai point. » (v.23). Petit à petit, sa parole se tarit : au vers 23, son intervention n'occupe que 4 syllabes sur 12 coupée par le Loup. Il disparaît donc.

D'ailleurs la sentence est exécutée avec une grande rapidité car les 3 derniers vers sont des octosyllabes au présent de l'indicatif.

Le mètre des vers représente l'avidité du Loup se jetant sur l'Agneau et le présent de narration illustre la force et la cruauté de l'accusateur.

La force physique l'a emportée sur la force intellectuelle.

Conclusion

A travers cette fable plaisante, Jean de La Fontaine nous rapporte une parodie de procès où l'accusé est condamné d'avance.

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