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La guerre de Troie n'aura pas lieu

Par   •  1 Décembre 2017  •  1 984 Mots (8 Pages)  •  581 Vues

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Corrompu ? Mais pourtant, Busiris sauve la mise des Troyens en changeant de point de vue. Il évite une guerre ! Non. Il n’évitera rien du tout, la balle est dans le camp des Grecs, et la décision leur revient, en réalité, à eux et à eux seuls. Pire, en retournant ainsi sa chemise, le Juriste nous montre là la possible perte totale d’objectivité de l’Institution Juridique si elle se retrouve dans une position où elle puisse être menacée. Ce serait là la porte ouverte à tous les extrèmes, toutes les infractions, et toutes les ruines.

“Le Droit est la meilleure école de l’imagination” ne se contente donc pas que de critiquer ce fonctionnement, mais bien de souligner que le Droit, si utilisé de manière subjective, peut bel et bien devenir caduque. Qui en effet, portera de la considération aux interprêtations purement fantaisistes de Busiris ? Pire, si le Droit n’est plus objectif mais totalement subjectif, s’il est bel et bien l’école de l’imagination que nous décrit Hector, alors à quoi peut-il bien servir ? Un Droit qui peut être interprêté de manière aussi ridicule pour sauver une civilisation peut très bien être tout aussi ridiculement interprêté pour la condamner à la ruine.

C’est bien là le second axe de ce texte, le Droit, si trop interprêté non plus afin de le comprendre mais d’obtenir un verdict favorable, n’est plus Droit. Il n’est qu’Injustice, qu’Immoralité, et n’a plus les épaules pour soutenir une société, pour l’organiser et la faire vivre. Le Droit ne serait alors plus le protecteur des faibles, mais leur destructeur, tout comme la vision Positiviste Normativiste telle que décrite auparavant.

Et c’est ainsi que nous en venons à la portée de cette critique, non pas aux yeux des historiens du Droit, mais bien à ceux des contemporains de J. Giraudoux.

- Mal Anticiper.

Si l’on se réfère à un livre d’Histoire traitant des années 1930, il sera très aisé de constater la totale déchéance du système politique d’alors, qui, perdant de vue les intérêts vitaux, et ce par manque de courage, permet à un Axe Germano-Italien de se fortifier et de préparer l’Europe à la guerre.

Voir cela dans le texte, et en traiter ne serait donc plus un hors-sujet quelconque, mais bien le traitement de l’essence même de la volonté du texte. Dénoncer le comportement des élites politiques d’alors. En effet, et c’est là que le parallèle avec cet extrait de Jean Giraudoux qui, pour rappel, est Diplomate Français dans les années trente, prend tout son sens : Quelles sont les limites de l’interprêtation Juridique, et surtout, du manque de courage et de prise en main des dirigeants Européens d’alors? Car si l’Europe fut prète à la guerre en 1914, il n’en va pas de même de l’Elite vieillissante Française des années trente.

C’est à eux que cette pièce s’adresse, à eux qui n’ont pas eu le courage de leurs opinions, qui ont permis à une Allemagne de violer tant de traités pourtant signés et qu’elle se devait de suivre à la lettre, et ce en concédant, en interprêtant le Droit afin d’éviter la guerre, en se comportant exactement comme Busiris, qui cherche de son mieux à éviter la prison. Il s’agit donc là d’une critique de la lâcheté de ces hommes et de ces femmes ( fort peu nombreuses alors il est vrai), qui ont préféré se coucher, accepter les menaces et les quolibets, plutôt que se préparer à la guerre, et la mener.

Si l’on se réfère à cet extrait, on remarque qu’à aucun moment il n’est prévu quelque préparation structurelle que ce soit. Il est seulement question d’éviter la guerre. Seulement question de fuire. Et c’est là tout le problème de cette époque, il ne s’agit pas de se préparer, de se moderniser, de faire preuve de courage, d’en accepter les sacrifices, mais uniquement de fuire, loin, très loin de la menace, au point de s’enfoncer la tête dans un trou lorsqu’elle se présente à la porte.

Comprendre cette critique, c’est comprendre l’intérêt du texte. A une époque où la sphère politique a perdu tout courage, et pour les contemporains de Giraudoux, comprendre cette critique, c’est lire l’avenir des dix prochaines années.

Conclusion

Comme cela a pu être démontré, et cela en toute objectivité, le texte de Giraudoux livre la critique totale des deux penchants de la sphère politique de l’époque, qui, par le biais du Droit, en l’interprêtant où en l’appliquant strictement, ne cherchait en réalité qu’une chose : fuire ses responsabilités.

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