Que gagne-t-on à travailler?
Par Matt • 29 Novembre 2017 • 1 673 Mots (7 Pages) • 425 Vues
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Dans cette perspective, certaines conditions sociales du travail sont d'autant plus inadmissibles qu'elles trahissent ce que le travail promet à l'homme.
Marx qui a souligné précédemment la spécificité du travail humain qui nous invite à une idée spirituel, et se distingue ainsi de la condition animalière. Certes l'animal construit son nid ou son abri, ce qui font l'oiseau, le castor, la fourmi, mais l'animal ne travaille pas vraiment, car il ne réalise aucun but consciemment. Alors que l'homme a une activité consciente. Le travail est une vocation essentielle de l'homme, c'est ce qui le distingue des autres êtres vivants et ce qui le permet de dominés leurs instincts. C'est ce que Marx explique quand il écrit dans «Le Capital» cet extrait qui est: «Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature (…) Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond, par la structure de ses cellules de cire, l'habileté de plus d'un architecte. Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est que l'architecte construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche.» Le travail définit l'homme parce qu'il le forme et le produit. Le désir animal n'est jamais producteur et formateur au sens profond du terme. L'homme, en transformant la nature et les choses, se construit et se réalise lui-même. Il façonne la nature à son image et accède ainsi à la conscience et à la liberté. C'est ce que Hegel a montré dans «Dialectique du maître et de l'esclave». Si le maître domine l'esclave qui n'a pas voulu mettre sa vie en jeu, celui-ci va se libérer par le travail. Le maître en effet se contente de jouir des choses avec un tel pouvoir de contrôler l'être humain. Le tyran joui d'avoir le contrôle, alors que l'esclave exprime sa conscience et ses projets dans le monde et il apprend petit à petit à devenir autonome. Être un maître sans travailler représente comme une sorte d'impasse alors que le travail dans lequel la conscience interagit est un sorte de la libération de l'homme. L'esclave forme les choses et se transforme lui-même. Ainsi Hegel montre donc que le travail est le chemin de l'autonomie, il est la source de tout progrès humain et historique. C'est le rôle du travail qui forme et éduque l'homme, il le transforme le monde et le civilise. C'est donc par le biais du travail que l'homme se réalise en tant qu'homme et se définit.
Le travail à donc une place centrale dans notre humanisation malgré qu'il soit effectué sous la contrainte de manière mécanique et il peut notamment devenir destructeur. C'est seulement quand le travail sollicite nos facultés dans la mesure où il nous permet de déployer ce qu'on contient virtuellement. Il faut une harmonie entre la pensée et l'action. Ce n'est pas parce que le travail est déshumanisant qu'il est pénible. L'homme a voulu se faciliter la tâche mais c'est une sorte de contre sens car nous nous sommes coupé de ce travail, ce qui le rend aliénant.
Finalement, se demander ce que l’on gagne en travaillant, ce serait alors toujours se demander ce que l’on gagne pendant même que l’on travaille. Car ce que je gagne dans le travail, ce n’est jamais une chose extérieure à moi c'est à dire sans quoi je perds mon temps en travaillant. De plus, ce que je peux gagner en travaillant, ce n’est jamais que moi, je recherche alors le travail seulement le travail, et non pour des buts tel que argent ou bien une reconnaissance sociale. Ces buts qui m’obligeraient à me perdre dans un travail aliénant.
Pour finir, ce que je remporte en travaillant, c’est une victoire sur moi-même, sur sa propre conscience et non sous la forme d’un sacrifice.
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