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L'ignorance

Par   •  22 Novembre 2017  •  2 448 Mots (10 Pages)  •  477 Vues

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que l’homme est passé en dessous.)

- Epictète soit dit en passant voyait, lui, dans l’ignorance l’origine de tout nos malheurs. Car elle est d’autant plus négative que loin de rendre les hommes heureux, elle les rend malheureux.

Transition: Cette négativité dont on parle mérite toutefois à être reconsidérée car l’absence qui la caractérise est déjà "compensée" par des préjugés, elle n’est donc pas synonyme de vide. Or la vraie ignorance n’est-elle pas synonyme de vide total, un vide de certitudes qu’elles soient fondées ou non ?

Est-ce que la vraie ignorance ne serait pas, en définitive, l’état premier de l’enfance et non pas l’état issu de l’enfance ?

2) L’ignorance philo/sophe.

C’est cette réflexion qui va nous conduire à penser l’ignorance différemment, à penser la vraie ignorance.

- La véritable ignorance est un vide de certitude, c’est l’état premier de l’enfance. C’est l’état que le philosophe, en tant que désireux de savoir, s’efforce de retrouver en pratiquant le doute, c’est un état d’étonnement qui est tout au début de la philosophie.

- C’est retrouver les yeux de l’enfance, cette capacité à être surpris de ce qui apparaît tel que cela apparaît. C’est un état d’étonnement qui est à la source des questions qui portent à voir derrière les choses. C’est cela auquel nous pousse Russell lorsqu’il en vient à nous dire que la philosophie "garde intact notre sentiment d’émerveillement en nous faisant vor les choses familières sous des aspects nouveaux".

- Étant issue du doute, cette ignorance est pleinement consciente d’elle-même, elle prend la forme du "Je sais que je ne sais rien" de Socrate.

- On a du coup plus seulement affaire à une simple absence de savoir mais à un manque de savoir. C’est la conscience de l’absence qui va générer le sentiment de manquer.

- Il y a ce sentiment de manque voire une forme d’inquiétude à la fin de la 1ere Méditation et au début de la 2eme Méditation dont nous fait part Descartes à l’idée qu’on pourrait rester durablement dans ce manque.

- Par ailleurs qui dit manque dit "désir" qui au sens étymologique signifie "souffrir l’absence de". Il y a donc dès lors une exigence de combler le manque, de sortir de l’absence par l’acquisition d’un savoir.

- L’ignorance est en ce sens positive, elle est philo/sophe entendue comme désir amoureux de savoir.

- Ainsi on peut dire que l’ignorance en tant qu’absence de savoir est ténèbres mais quand elle est consciente d’elle-même elle porte une exigence de sortie de l’obscurité: une recherche de lumière, aufklarung nous dirait Kant, c’est-à-dire une exigence de passage de l’obscurité à la lumière.

Transition: Toutefois n’y a-t-il pas une illusion là aussi à croire que l’on quittera totalement l’ignorance en atteignant la vérité toute nue ? N’y a-t-il pas une illusion à croire que l’on quittera l’obscurité à la manière du prisonnier de la caverne au point de voir la source de toute lumière ?

3) La sage ignorance.

En effet, il y a bien un risque et c’est d’abord celui du dogmatisme.

- C’est-à-dire le risque que l’ignorance philosophe soit désireuse de savoir au point de tomber dans le dogmatisme, dans l’illusion donc d’avoir vu le soleil. Car ce serait alors une interprétation qui se prendrait pour la vérité unique des choses. On retomberait ici dans l’ignorance négative dont on a parlé dans la première partie de celui qui ne sait pas mais qui croit savoir.

- Il ne faudrait pas que l’ignorance savante à laquelle mène la philosophie régresse au point de perdre la conscience qu’elle a d’elle-même, au point donc de dégénérer dans cette science suffisante que dénonce Pascal.

- Pour lui 2 extrémités composent la science, il y a d’une part l’ignorance pure et naturelle qui est celle de tout homme à la naissance, et de l’autre il y a l’ignorance savante de celui qui après avoir parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir découvre qu’il ne sais rien. Entre ces deux figures se retrouve celle de l’homme qui a quitté l’état d’ignorance de la naissance (celle qui constitue la première extrémité) mais qui n’a pas encore atteint la deuxième extrémité de l’ignorance, celle qui est consciente d’elle-même. Il est donc dans l’ignorance négative qui se croit savante.

- De même il y a lieu de se demander si on observe pas une semblable régression lorsque sur le terrain de la métaphysique elle-même la philosophie croit atteindre des vérités définitives. C’est en tout cas une question que Hume nous suggère comme il l’a suggéré à Kant au point de le réveiller de son réveil dogmatique, celui de l’illusion de pouvoir atteindre voire même de posséder un savoir définitif ou absolu.

- Dans ce dogmatisme l’illusion n’est plus seulement une simple erreur, mais elle devient un désir d’illusion au sens où l’entendait Freud. Elle est nourrie par le désir.

- Sur le plan scientifique, Karl Popper considère pareillement que le savoir ne doit pas s’envisager comme définitif, il nous propose ainsi de ne jamais considérer une théorie comme définitivement acquise, mais comme non encore falsifiée, c’est-à dire comme non encore infirmée.

- Pour en arriver là, il faut réussir à accepter l’inconfort de l’ignorance, savoir accepter que tout ne se réduit pas à ce que l’on connaît déjà et à ce qui nous ai déjà familier.

- On dit que connaître c’est ramener de l’inconnu à du connu, mais cette conception ne révèle-t-elle pas combien notre soif de connaissance est alimentée et piégée par notre peur et par notre besoin de nous rassurer ?

- La bonne ignorance, une ignorance sage est une ignorance qui sait résister à cette recherche de sécurité à tout prix et qui donc ne cherche pas à tout réduire à ce qu’elle croit déjà connaître.

- En effet, plutôt que de prétendre atteindre l’explication définitive des phénomènes naturels, plutôt que de penser avoir atteint la compréhension, càd avoir saisi LE sens de l’objet, peut-être doit-on avoir l’humilité

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