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Hegel et la démocratie libérale

Par   •  19 Septembre 2018  •  3 225 Mots (13 Pages)  •  475 Vues

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Le but de Hegel est de dessiner un Etat moderne, au sens du XIXème, donc un Etat qui répond aux nouveaux besoins de celui-ci (il a bien compris que monarchie absolue et tout, ça ne peut plus trop marcher), et construit donc un modèle d’institutions qui permettraient de répondre aux enjeux du XIXème (on peut même étendre plus loin) : par exemple, Hegel est l’un des premiers à dire que l’Etat a un rôle sur la question sociale (§244).

- Le Monarque, « personnalité de l’Etat »

A la tête de l’Etat hégélien se trouve le monarque ; selon Hegel, ce monarque est absolument nécessaire : l’Etat doit être incarné – au sens de représenter – par un unique individu. Le monarque devient donc « la personnalité de l’Etat », il permet la réalité de celui-ci. Hegel rajoute à cet effet : « une personne morale aussi concrète qu’elle puisse être ne possède la personnalité que comme moment abstrait. En elle, la personnalité n’est pas parvenue à la vérité de son existence » → cela signifie que l’Etat ne peut être personnifié – au sens propre – par un gouvernement, par une assemblée → le monarque est essentiel.

Ce monarque est d’autant plus essentiel que l’Etat hégélien trouve son essence dans les concepts de volonté et de décision. Il permet donc la concrétisation dans le réel de ces deux fondements de l’Etat : « cette instance suprême qui conserve toutes les formes particulières dans le soi simple met fin à la délibération qui pèse les arguments pour et contre entre lesquels on ne cesse d’hésiter et décide par un ‘’je veux’’, par quoi commence toute action effective » → le monarque permet en quelque sorte l’efficacité et l’effectivité de l’Etat moderne, il est à l’impulsion de la décision, mais n’est pas pour autant tout-puissant.

En bref, pour que l’Etat hégélien tienne, il faut que quelqu’un soit au-dessus de toutes les institutions.

- Le Citoyen et les autres organismes

Hegel distingue deux genres de populations au sein de l’Etat : le bourgeois et le citoyen. Le bourgeois, c’est celui qui demeure uniquement guidé par ses propres intérêts, il ne fera que ce qui l’arrange ; dans ses décisions, le bourgeois est en un sens égoïste. Il ne prend en compte ni l’intérêt de la société, ni l’intérêt de l’Etat dans ses actes. Alors que la population citoyenne = en complète opposition au bourgeois. Le citoyen est celui qui prend conscience de l’intérêt/ de la volonté générale, ce que Hegel appelle « l’universel ». Cela ne signifie pas qu’il renie ses droits individuels, mais cela veut dire qu’il vise, tout comme l’Etat hégélien, à l’universel. Il est donc davantage altruiste, et n’est pas centré sur lui-même. C’est justement ce dernier modèle d’individu, le citoyen, qui est censé peupler le territoire de l’Etat hégélien.

Enfin, le monarque, « la personnalité de l’Etat », n’empêche pas du tout la présence d’autres institutions : Hegel décrit d’ailleurs l’existence d’un pouvoir législatif, représenté par des Assemblées d’ordres, qui « ont pour mission de faire parvenir à l'existence l'intérêt général […] c'est-à-dire de faire exister l'élément de liberté subjective formelle ». Assemblées font la loi et doivent suivre la logique de l’Etat, c’est-à-dire viser à l’universel. De même, Hegel affirme l’existence d’un gouvernement, « qui délibère grâce à la connaissance concrète et à sa vue de l'ensemble et des aspects particuliers avec ses principes réels bien établis et sa connaissance des besoins des pouvoirs publics ». Il défend aussi notamment l’autonomie du pouvoir judiciaire.

- L’Etat hégélien est donc un Etat dont l’objectif est l’universel, et qui trouve à sa tête un monarque héréditaire, personnalité de l’Etat. Ce monarque partage le pouvoir et l’action de l’Etat avec un gouvernement délibératif et des Assemblées législatives.

- L’Etat hégélien, un Etat libéral…

- Principes partagés dans nos démocraties (droit de grâce, le droit et la justice sont connus de tous)

L’Etat hégélien dessine donc un enchevêtrement d’institutions qu’on pourrait rapprocher assez facilement des systèmes politiques libéraux (puisque leur mission est de défendre l’intérêt général). En effet, les pouvoirs demeurent séparés et seul le monarque fait le lien entre ces pouvoirs, étant donné qu’il constitue le point culminant du pouvoir. De même, l’État hégélien est un État devant assurer une liberté réelle à chacun. Cette liberté est réelle uniquement si l'individu a des droits qui lui sont garantis et qui protègent ses intérêts. Cependant pour que cet liberté existe les individus doivent prendre conscience qu'il existe un « universel » (concept qui fonde l’intérêt général) et que cet universel est une fin à viser (parce que c’est la mission de l’Etat). On rejoint ici l’idée de l’émergence du citoyen, de la population citoyenne, qui remplace la population bourgeoise.

Il convient de souligner qu’Hegel défend dans ses écrits des idées libérales, ou en lien avec le libéralisme. Il fait notamment de la Constitution, de la publicité du droit et de la publicité de la justice des fondements de l’Etat hégélien (§216, et note 269), ce qui témoigne d’une influence de certains libéraux tels que Montesquieu et ce qui l’oppose à des penseurs de l’Ancien Régime comme de Maistre. Il défend aussi l’idée d’une égalité face à la loi → volonté d’intégrer aussi les pensées révolutionnaires du XVIIIème. Il soutient même l’idée d’un Code Civil écrit – il parle de « code public » –, et critique le droit coutumier. Pour lui, le droit écrit protège les citoyens et leurs libertés réelles, mais en échange de cette protection, ils doivent à l’Etat un patriotisme inflexible pour le défendre.

L’Etat ne cherche pas à réduire société civile, mais au contraire à la protéger, à faire qu’elle marche bien

- Un libéralisme économique tempéré

Hegel défend aussi le libéralisme d’un point de vue économique. En effet, ayant étudié des auteurs de l’école classique tels que Say et Smith, Hegel affirme justement que l’économie ne doit pas être une économie d’Etat, mais demeure majoritairement du ressors de la société civile (d’ailleurs, traite de

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