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L'obéissance ou la soumission à l'autorité.

Par   •  18 Juin 2018  •  3 377 Mots (14 Pages)  •  661 Vues

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Les chocs étaient infligés à partir d'un tableau de commande qui comportait des avertissements écrits indiquant les conséquences possibles des punitions infligées à l'élève (choc léger, modéré, fort, très fort, intense, extrêmement intense, dangereux -c.f., tableau). On demandait au professeur d’indiquer, à chaque fois qu’il infligerait une punition, la bonne réponse et l'intensité du choc électrique délivré afin de bien la garder à l’esprit. Avant de commencer la tâche, on infligeait alors au moniteur une petite décharge électrique de 15 volts afin de lui donner un aperçu de l'effet des punitions qu'il infligerait à l'élève.

En réalité, l'élève ne recevait bien sûr aucun choc (les branchements au système électrique sont truqués). Ses erreurs (30 réponses fausses toujours sur les mêmes essais et avec la même réponse), comme ses réactions aux chocs sont programmées à l'avance. Afin que tous les sujets soient placés strictement dans les mêmes conditions, les réactions sont en fait simulées à l'aide d'un enregistrement audio (standardisation des conditions). Elles sont de plus en plus accentuées au fur et à mesure que l'intensité des chocs augmente (jusqu'à laisser supposer une perte de conscience voire la mort).

À chaque fois que le moniteur, devant les protestations de l'élève, exprimait la volonté d'arrêter l'expérience, l'expérimentateur avait alors à sa disposition une série d'incitations verbales destinées à maintenir l'expérimentateur à son poste :

Incitation 1 : "Continuez, je vous prie" ou "Je vous prie de continuer".

Incitation 2 : "L'expérience exige que vous continuiez".

Incitation 3 : "Il est absolument indispensable que vous continuiez".

Incitation 4 : "Vous n'avez pas le choix, vous devez continuer".

Les incitations étaient utilisées dans l'ordre présenté, ce n'est que lorsque la première avait échoué que l'expérimentateur passait à la deuxième. Si le professeur refusait d'obéir à la quatrième incitation ou lorsqu'il avait atteint l'intensité maximale sur la console de punition, l'expérience prenait fin.

À chaque fois, l’expérimentateur relevait l’intensité des différents chocs délivrés. Ceci permettait ensuite de calculer pour chaque niveau d’intensité le pourcentage de sujets ayant attribué un tel choc.

Principaux résultats de l'expérience de Milgram (1965)

62,5% (presque les 2/3…) des sujets recrutés par Milgram ont obéi jusqu'au terme de l'expérience, c'est-à-dire ont infligé à l'élève des chocs électriques allant jusqu'à 450 Volts. Le voltage moyen envoyé à l'élève était de 360 V. Un tel résultat est d'autant plus frappant que, dans les expériences de Milgram, il n'était fait mention d'aucune menace ou sanction à l'égard du sujet-professeur. Ainsi, en l'absence de toute pression concrète de la part de l'autorité pour infliger un traitement injuste et dangereux à autrui, c'est la situation telle que les participants l'ont construite pour eux-mêmes, telle qu'ils l'élaborent dans leur esprit, qui constitue la réalité effective, en vigueur.

En outre, en dépit de leur obéissance manifeste, les sujets-moniteurs souffraient énormément de la situation dans laquelle ils étaient placés. À maintes reprises dans les expériences de Milgram, on constate que les sujets-moniteurs témoignent de signes d'angoisse manifestes (i.e., ils attaquent verbalement l'expérimentateur, ont des mouvements d'agitation nerveuse ou éclatent de rire nerveusement). Malgré ces signes évidents de conflit interne, 62,5% des sujets ont administré à leur victime inconsciente, le choc le plus élevé à leur disposition, choc supposé être mortel.

3 - Les variantes autour du dispositif initial de Milgram:

A partir du même dispositif, Milgram a élaboré une série de 18 variantes expérimentales destinées à identifier les facteurs permettant de moduler le taux d’obéissance. La procédure générale de l'expérience restait la même, seuls quelques éléments de la procédure changeaient. À chaque fois, on ne changeait qu'un seul élément à la fois pour bien apprécier son impact sur le comportement d'obéissance des sujets-professeurs. Voici 3 exemples de variantes.

Variante sans feedback vocal : la victime était placée dans une pièce voisine de celle dans laquelle se trouvait le sujet-moniteur (le sujet naïf). Aussi, à part au moment des présentations et du tirage au sort factice au début de l'expérience, le sujet naïf n'avait aucun contact direct avec sa victime. Les réactions du sujet s’affichaient sur un écran de signalisation. A partir d'une certaine intensité des chocs électriques (150 Volts), la victime exprimait sa souffrance en portant des coups sur la cloison que la séparait du sujet de façon à ce que ce dernier ait conscience de sa souffrance. A partir de 300 Volts, les coups et les réponses de la victime cessaient, laissant supposer qu'elle était soit morte, soit inconsciente. Dans cette condition, 65% des sujets testés obéissent jusqu'au terme de l'expérience (voltage moyen : 405 V).

Variante avec désaccord entre deux représentants de l'autorité. Dans une autre variante de l'expérience de base, Milgram a voulu examiner ce qu'il se passerait lorsque la source d'autorité n'était pas cohérente. Pour cela, il a employé le paradigme de base en y rajoutant un second expérimentateur. Ce dernier, au milieu de la séance (à 150 V), lorsque la victime commence à émettre des protestations énergiques en réponse aux chocs électriques reçus, demande d'arrêter l'étude alors que l'autre expérimentateur donne au sujet l'ordre contraire. Dans ce cas (i.e., lorsque les deux autorités donnent des ordres contradictoires avec la même pression), tous les sujets arrêtent rapidement l'expérience (0% d'obéissance au-delà de 165 Volts et voltage moyen de 150V).

Variante dans laquelle le sujet naïf joue un rôle secondaire : Milgram reprit l'expérience de base en y ajoutant un autre sujet-compère. Ce compère qui a le statut de moniteur comme le sujet naïf, est chargé d'envoyer

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