Empathie et projection du soi sur le patient.
Par Ninoka • 5 Décembre 2018 • 1 116 Mots (5 Pages) • 679 Vues
...
Il me répond brièvement : « je connais bien cette bête, j’ai souffert à cause de cette maladie pendant 2 ans, elle n’est pas facile à guérir. ». Ensuite il commence à me raconter qu’il lui était arrivé une histoire similaire : il avait attrapé l’herpes génitalis après avoir trompé sa copine avec laquelle il sortait depuis 3 ans et que celle-ci était une leçon pour lui, et qu’il ne refera jamais la même erreur.
Mais était-ce vraiment le bon diagnostic ? Etait-il juste de donner une aussi lourde nouvelle à ce jeune couple sans attendre les résultats ? Et était-il juste de faire passer un message si fort en ce moment ?
En rentrant au bureau, un autre étudiant nous écoutant parler nous demande qu’est-ce qui c’était passé et après un petit résumé il dit : « c’est probable que ce soit elle qui l’ait trompé ! »
C’est à ce moment que je me rends compte que chacun avait une vision subjective de cette histoire si délicate et que je n’étais pas la seule personne à en avoir été touché. Le médecin était sûr du diagnostic et en se basant que sur son expérience personnelle, prend l’initiative d’annoncer la nouvelle sans attendre les résultats. Le tout en laissant comprendre qu’il y avait une histoire de tromperie dessous. L’étudiant qui veut faire valoir l’hypothèse que c’est la femme à l’avoir trompé, et puis moi qui ne voulait pas croire à cette histoire.
C’est bizarre comment sans m’en rendre compte, je fus immergée d’émotions négatives à la place de la jeune femme. Afin de ne pas souffrir, j’ai cherché à nier la douleur d’une si mauvaise nouvelle en cherchant une autre explication, un autre diagnostic !
C’est avec ce patient que ma journée de garde s’était terminée, n’ayant pas donc pu avoir réponse à la multitude de questions qui m’avaient perturbé ce soir-là.
Avec cette petite expérience, j’ai pu voir comment l’empathie peut toucher de façon très différente les personnes selon les différentes personnalités et les expériences personnelles et qui a permis aussi à chacun d’entre nous de se projeter sur les différentes personnes de façon assez particulière : le médecin était le patient trompeur, l’étudiant était le patient qui s’est fait tromper et moi j’étais la copine qui ne pourrait jamais croire que son chéri l’ait trompé.
Personnellement j’ai trouvé injuste la petite remarque faite à l’écart de la jeune femme, du fait que tout était possible et rien n’était sûr ! Un diagnostic différent, la tromperie de l’un ou de l’autre ; mais ça ne devrait normalement pas nous concerner. Une fois sûrs du diagnostic, nous pourrons l’annoncer tout en respectant la vie privée du patient, donner les justes explications et rassurer le patient, le tout en laissant de côté nos préjudices, nos émotions et restant le plus objective possible.
...