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La victoire de la démocratie

Par   •  13 Octobre 2018  •  3 902 Mots (16 Pages)  •  381 Vues

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Quelque soit le résultat de pareilles influences non conformes à la démocratie il est rarement, voire jamais, en faveur du noyau de celle-ci qui n’est autre que le peuple. C’est à dire l’électeur et non pas l’élu. Cette politique USA tant développée en est encore une fois la preuve irréfutable. Ce dernier tour des élections présidentielles actuelles n’offre aux citoyens américains, si ce n’est le monde entier que deux des choix les plus controversés.

D’un coté, nous avons Donald Trump, le macho fasciste et misogyne en faveur de la guerre et contre tout respect ou tolérance vis à vis de la diversité américaine. Et de l’autre, nous retrouvons Hillary Clinton, ex-première dame et ex-secrétaire d’Etat qui a contribué pleinement à l’anarchie que connaît le moyen orient actuellement, dont l’immense crise humanitaire qui sévit en Syrie. Certains leaders d’opinion américains admettent qu’ils auraient aimé avoir un tiers et meilleur choix pour la présidence. Surtout quand on sait que tous deux font l’objet de scandale à l’heure qu’il est. Pareilles élections promettent à coups sur une future personnalité véreuse, pro guerre et richissime dans le bureau le plus puissant et convoité au monde.

On est bien loin des valeurs que représentaient l’expression culte d’Abraham Lincoln : « Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Aujourd’hui il serait plus juste de penser que ce fameux gouvernement du peuple est représenté par l’élite et agit pour les intérêts de l’élite.

Le philosophe et politologue français Paul Ricoeur a définit la société démocratique comme une société divisée, traversée par des contradictions d’intérêts et qui se fixe comme modalité d’associer, à part égale, chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions en vue d’arriver à un juste arbitrage. Cependant la réalité se contredit clairement avec cette vision idyllique de la démocratie.

Ayant perdu toute sa valeur et authenticité, le terme ne représente plus les régimes que nous avons mais ceux qu’on aimerait avoir. Même si on entend toujours parler de décision démocratique, d’élection démocratique, ou de « victoire » démocratique, l’appellation gouvernement représentatif ou prétendument représentatif correspond bien plus aux gouvernements actuels. Il ne faut pas se leurrer, nous ne vivons guerre dans des états démocratiques mais plutôt dans des états de droit oligarchique, car ce sont toujours les mêmes personnes qui nous dirigent, des professionnels de la politique correspondant à un milieu social homogène. On pourrait tout aussi bien dire que nous vivons dans des pays ploutocratique, vu que ce sont toujours les plus aisés qui gouvernent et jamais les pauvres. Ou alors, on pourrait encore parler d’aristocratie puisque seul l’élite, ceux censés être les meilleurs pour diriger, obtient le pouvoir.

Mais l’avidité des politiciens et autres représentants n’est pas seule à blâmer pour ce détournement que connaît la démocratie. Le système d’élection a aussi une part de responsabilité dans cette situation. Oui, le fondement même de ce régime basé sur élu et électeur a fait naître un gouffre entre politique/pouvoir et nous autres, commun des mortels.

Le psychanalyste et économiste grec Cornelius Castoriadis appuie cette théorie en affirmant que « l’élection crée une division du travail politique entre gouvernant et gouverné, dominant et dominé ». En effet la démocratie ne réside point dans l’origine populaire du pouvoir mais dans son contrôle. Elle représente l’exercice du contrôle des gouvernés sur les gouvernants, et ce non pas une fois tous les cinq ans, ni même tous les ans, mais tous les jours.

La démocratie perd de son esprit en s’associant au régime représentatif qui va jusqu'à dégénérer en électoralisme et aujourd’hui en clientélisme. Car démocratie représentative suppose que les représentants ne sont que les portes parole du peuple, de simples délégués se contentant de respecter la volonté de leurs électeurs. Les exemples de rupture entre décisions des élus et volontés des électeurs pullulent dans l’histoire et remettent sérieusement en doute la possibilité qu’un régime représentatif ou parlementaire puisse s’appeler « démocratie ». Encore moins si ce régime accorde d’avantage de représentant et d'importance aux cadres qu’aux ouvriers. N’introduisant ainsi aucune égalité sociale entre les citoyens vu que plus élevée la classe sociale à laquelle on appartient, plus on a de chance d’être correctement et justement représenté.

D’autre part, l’élection pousse au regroupement en partis politiques, qui eux, ont une logique interne de conquête de pouvoir, non pas pour servir l’intérêt général mais afin d’imposer à tous le programme voulu par leurs membres respectifs. Et en temps d’élections, ces programmes se métamorphosent en simples et séduisantes propositions mais inapplicables quand il en vient à la pratique. De la poudre aux yeux en phase avec la propagande politique du parti. Et quitte à être irréalisable, c'est la promesse de programme la plus aguicheuse et la mieux publicisée qui triomphera au final.

Parallèlement, le budget est faramineux pour tenir une campagne digne de ce nom et apte à faire face à la concurrence. Sans l'investissement d'une fortune personnelle ou le soutient d'une puissance d'argent, il est quasiment impossible pour un citoyen lambda de s'engager activement dans la sphère politique. L’élection nous assure ainsi que le futur dirigeant sera bien plus redevable au financement des titans économiques qu'au peuple votant, leur garantissant une primauté quasi absolue. Or l’intérêt national diverge clairement avec ceux des commanditaires.

Une autre défaillance que connait le système électoral réside dans l'individualisme du vote. Individualisme qui incite l'électeur, animé par ses convictions personnelles, à voter dans le cadre de son propre et unique intérêt. Tandis qu'une femme votera pour celui qui promet la meilleure défense de ses droits, un jeune chômeur sera davantage tenté par une promesse de travail et d’opportunités. Le riche, moins de taxes et le démuni, plus de services publics... Comment aboutir alors à un quelconque idéal commun si le choix de la case cochée sur le bulletin ne témoigne pas d'une volonté générale, délibérée par les électeurs à l'abris de l’évidente influence politique pré-électorale.

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