Marivaux, commentaire de texte
Par Ninoka • 12 Octobre 2018 • 1 250 Mots (5 Pages) • 445 Vues
...
b) Un habile négociateur
Tout au long de la scène 17, Hermocrate va tenir le rôle de médiateur et de modérateur, penchant du côté des idées de Madame Sorbin ou de celles d’Arthénice. Il réussit à avoir le beau rôle et à alimenter le conflit entre les deux femmes. Il commence d’abord par flatter Arthénice en louant ses qualités de femme noble (voir l’énumération : « … la noble Arthénice, sa raison, sa politesse, ses grâces et sa naissance… » Il feint de se soumettre : « Vous l’emportez Madame / … vous triomphez d’une résistance / … vous avez part à tous les emplois.» Ce qui lui permettra ensuite de mieux la tromper… Il sait pertinemment qu’en flattant Arthénice il va éveiller l’animosité de Madame Sorbin et créer une tension entre les deux femmes. L’aparté d’Arthénice prouve que cela fonctionne : « Arthénice à part … de la fâcher». De plus, il fait en sorte d’indiquer qu’il ne juge pas personnellement l’attitude des femmes, mais insiste bien sur le fait qu’il n’est que le porte-parole des hommes : « Cen’est pas moi qui parle … / Quant à moi… demander». Enfin, pour ne pas trop énerver Madame Sorbin, il donne le change en montrant qu’il partage aussi certains de ses points de vue, par exemple quand il s’agit de la suppression de la noblesse : « J’aime assez… / Pardon… je suis bourgeois et philosophe » (donc du côté du Tiers-Etat et des idées des Lumières). Il n’hésite pas à louer les qualités intellectuelles de Madame Sorbin, alors qu’il avait peu de temps auparavant souligné sa « rusticité » : « … elle raisonne comme Socrate» (exagération). Il trouve son jugement équitable et va jusqu’à contredire Arthénice : « Je ne serai pas de votre sentiment là-dessus.»
La stratégie adoptée par Hermocrate est très subtile et va permettre aux hommes de retrouver leur pouvoir en misant sur la rivalité des femmes entre-elles. L’émancipation des femmes est encore bien lointaine.
Madame Sorbin
Il s’agit du personnage le plus autoritaire de la pièce, une « maîtresse-femme » qui fait dire à Monsieur Sorbin, son mari : « Ma femme est têtue, et je gage qu’elle a tout ameuté» (scène 12). Sa fille Lina subit régulièrement ses colères et son mauvais caractère provoquera la méfiance des autres femmes, dont Arthénice. Femme de revendication elle remet en cause le système traditionnel et affirme l’égalité des sexes et des classes.
Arthénice
Elle est la représentante des femmes de la noblesse. La scène 9 lui permet d’exprimer clairement les revendications à l’égalité des femmes de l’île. Timagène est amoureux d’elle.
Monsieur Sorbin
Marié et père de famille, il est le représentant du tiers-état. Il travaille à doter l’île d’une constitution. Il considère la place des femmes dans la société comme subalterne, ce qui ne l’empêche pas d’éprouver de l’affection pour sa fille et son épouse.
Hermocrate
Il est le maître, comme son nom l’indique et exprime un profond mépris envers les revendications féminines. C’est lui qui a l’idée du stratagème de la menace de guerre et qui sème le trouble parmi les femmes, au point de les diviser.
Timagène
Représentant de la noblesse, il intervient peu. Il est le soupirant d’Arthénice.
Persinet et Lina
Les deux amoureux incarnent la jeune génération de la pièce. Leur amour est contrarié par des adultes qui les considèrent avec un certain mépris. Ils n’ont pas droit à la parole.
...