Le topos du regard dans Ingenu de Voltaire
Par Ramy • 21 Avril 2018 • 2 656 Mots (11 Pages) • 520 Vues
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Il ne voulait pas recevoir le sacrement de la confession, parce qu’aucun des apôtres n’a pas le fait. Mais il existe la phrase dans l’épitre de Saint Jacques le Mineur : Confessez vos péchés les uns aux autres. L’Ingénu l’a accepté, mais il voulait le récollet de faire la même chose devant lui, ce qui a causé une scène comique. Contrairement aux deux pratiques précédentes, il tenait beaucoup à être baptise dans l’eau courante, par immersion totale. Grace à Mademoiselle de Saint-Yves, qui a utilisé son charme l’Ingénu a accepté les pratiques modernes. Tout cela montre les différences entre la théorie et la pratique. Chaque fois que Huron voulait s’inspirer par le texte, dans la pratique la religion ordonnait faire tout l’inverse. Son esprit n’était pas encombré d’aucune éducation religieuse,
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3 Voltaire, L’Ingénu et autres contes, Paris, Booking international, 1993, p. 10
4 Ibidem, p.10
5 Ibidem, p.11
6 Ibidem, p.13
ce qui lui a permis de faire la lecture très littérale. L’Ingénu faisait une lecture active du Nouveau Testament et questionnait le texte, tandis que le prieur ne savait pas que lui répondre.
L’Ingénu, amoureux de Mademoiselle de Saint-Yves voulait l’épouser. Malheureusement, ce n’était pas possible, parce que la religion chrétienne ne permet pas du mariage d’un homme avec sa marraine. Après avoir appris que seulement le pape peut lui donner dispense, il voulait tout à l’heure aller le voir. Cela montre sa simplicité de la pensée, l’enthousiasme juvénile et même la véhémence. L’Ingénu ne connaissait pas les lois et les mœurs, donc quand son amante lui a expliqué qu’il fallait demander la main d’une femme, il était très étonné et „il lui paraissait extrêmement ridicule d’aller demander à d’autres ce qu’on devait faire ; que, quand deux parties sont d’accord, on n’a pas besoin d’un tiers pour les accomoder7”. Pour lui, la loi naturelle était le plus importante et elle avait un caractère sacre. Il voulait être fidèle à soi-même, tenir sa parole et suivre ses penses naturelles. Son oncle lui a montré que la loi dépend on milieu dans lequel on vit. Les lois sont établies par l’institution humaine et sont nécessaires pour vivre dans la société. Certains hommes sont mauvais donc il faut les lois pour les contrôler. Huron lui a répondu : „Vous êtes donc de bien malhonnêtes gens, puisqu’il faut entre vous tant de precautions8”. Il a un rôle toujours critique : il est surpris, il pose beaucoup de questions et il n’accepte rien sans le questionner.
Apres avoir repoussé une attaque à l’abbaye, l’Ingénu est parti vers Paris pour aller recevoir la récompense des mains du roi. Il voulait aussi demander la main de sa bien-aimée. Pendant le voyage il a rencontré des protestants (huguenots) qui ont été forcés de quitter la France à cause de la révocation de l’Édit de Nantes. Il posait de questions, parce qu’il avait le désir de comprendre ces gens, il s’émouvait de leur vie et il sentait la compassion envers eux. Huron a compris que tout le pouvoir est concentre dans les mains du roi donc il a pris la décision très naïve: „ Je verrai le roi, je lui ferai connaitre la vérité ; il est impossible qu’on ne se rendre pas à cette vérité quand on la sent9”. Le chapitre neuvième montre toutes les difficultés que l’Ingénu a rencontrées pour parler avec un représentant du pouvoir royal („Il est bien plus aisé de se battre en Basse-Bretagne contre les Anglais que de rencontrer à Versailles les gens à qui on a affaire10 ”). Le lecteur peut observer la critique du pouvoir hiérarchique et de la bureaucratie. En plus, dans la société existait le réseau d’espionnage bien développé pour repérer et pénaliser les opposants au régime et à la religion. À cause des lettres d’espions (qui contenaient les mensonges et les exagérations) Huron a été embastille avec brutalité et il n’avait pas aucune possibilité de se défendre. Quand il parlait avec son codétenu, janséniste Gordon, il a dit la triste vérité à propos les hommes civilisés et sauvages : „Mes compatriotes d’Amérique ne m’auraient jamais traite avec la barbarie que j’éprouve : ils n’en ont pas d’idée. On les appelle « sauvages » ; ce sont des gens de bien grossiers, et les hommes de ce pays-ci sont des coquins ramenés11 „.
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7Ibidem, p.22
8Ibidem, p.25
9Ibidem, p.30
10 Ibidem, p. 31
11 Ibidem, p.34
En étant en prison, l’Ingénu se transformait en découvrant l’art et la littérature. Grace à Gordon, il a appris beaucoup : la philosophie, la mathématique, la physique, l’astronomie. Il a commencé à se former pour pouvoir penser seulement par lui-même. Gordon, „étonné qu’un jeune ignorant fit cette réflexion, qui n’appartient qu’aux âmes exercées, conçut une grande idée de son esprit, et s’attacha à lui davantage12 ”. Huron a été conscient de son changement, il représente un homme d’action, de la transformation, actif. Il a admis : „Je serais tenté, de croire aux métamorphoses, car j’ai été changé de brute en homme13”. Il voyait l’analogie entre l’évolution des nations et l’évolution intellectuelle en lui-même. La prison lui a permis de méditer, se cultiver, s’éduquer et se perfectionner. Grace à la lecture il s’est éloigné de l’ignorance. Le chapitre quatorzième commence par l’explication des raisons pour lesquelles il y a eu lieu un progrès rapide de l’Ingénu :
„La cause du développement rapide de son esprit était due à son éducation sauvage presque autant qu’à la trempe de son âme : car, n’ayant rien appris dans son enfance, il n’avait point appris de préjuges. Son entendement, n’ayant point été courbé par l’erreur, était demeuré dans toute sa rectitude. Il voyait les choses comme elles sont, au lieu que les idées qu’on nous donne dans l’enfance nous les font voir toute notre vie comme elles ne sont point14 ”.
Il est aussi très intéressant que Huron a été capable de convertir Gordon. Le vieux philosophe était de plus en plus séduit par la justesse des raisonnements de son jeune compagnon et il a commencé de questionner les certitudes qu’il avait apprises avant. La conversion de Gordon est un exemple de la possibilité de changer
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