Le meutre de Laios

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Chez Sophocle, le meurtre de Laïos revêt une Jocaste anxieuse et désespéré devant la révélation tandis que chez le cinéaste il revêt une Jocaste ne se souciant que de son bonheur et frustré qu’Œdipe connaisse la révélation.

A mesure que l’on rentre dans le récit et le film, nous apercevons un roi sensible à l’allusion de Tirésias concernant ses parents. Il pose des questions sur ses origines. Œdipe ne se préoccupe plus des questions de la peste, ni du meurtre de Laïos et de la question de l’inceste prédit. Cette idée est développée dans les deux œuvres lorsqu’Œdipe questionne le vieux berger. En effet, il le questionne comme s’il ne s’agissait pas là de l’homme qui détient la preuve de son innocence ou de sa culpabilité dans le meurtre de Laïos. Ne compte plus pour lui que la recherche de ses origines, non seulement par l’identité de ses parents, mais aussi le rang social qui le définira comme individu. Le meurtre de Laïos revêt donc une réflexion d’Œdipe sur ses propres origines. Il revêt aussi dans la psychanalyse, le désir inconscient d’éliminer le parent rival afin d’avoir un rapport sexuel avec le parent de sexe opposé.

Nous savons que Pasolini lie l’histoire d’Œdipe Roi de Sophocle au complexe d’Œdipe de Freud. D’ailleurs dans une interview Pasolini se sert de ce mythe pour parler de son propre complexe d’Œdipe. Lorsqu’Œdipe tue son père dans le film, on peut y voir comme la métaphore de l’enfant qui veut prendre la place du père auprès de sa mère pour s’assurer de l’exclusivité de l’amour de cette dernière. Le meurtre de Laïos serait un symbole d’hostilité pour l’autre parent. Le meurtre de Laïos peut être aussi vu comme une vengeance envers ce dernier, car, lorsque l’oracle d’Apollon lui avait prédit qu’un fils qui naitra de son union avec Jocaste, il lui ôtera la vie. Jocaste donna en effet le jour à un fils, et Laïos afin d’échapper au destin dont le dieu l’avait menacé, prit cet enfant trois jours après sa naissance, lui perça les pieds, et, ordonna qu’on le fit périr. Pour Pasolini se serait une vengeance envers son père militaire qui était toujours absent, le cinéaste se sentait abandonné.

Malgré deux auteurs très éloignés et deux œuvres très différentes, nous retrouvons un rapport réciproque. Le meurtre de Laïos revêt chez Sophocle un destin significatif d’Œdipe et permet à Sophocle de montrer que le destin de se moque de lui malgré qu’il est pris ses précautions pour y échapper. De plus, ce meurtre permet de voir chez Sophocle une Jocaste désespérée devant la révélation et d’autre part chez Pasolini de voir une Jocaste frustré de perdre son bonheur auprès d’Œdipe. Par ailleurs ce meurtre permet à Œdipe de connaitre ses vraies origines et il permet à Pasolini d’illustrer le désir inconscient d’éliminer le parent rival afin d’avoir un rapport sexuel avec le parent de sexe opposé.