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L'apologue

Par   •  30 Août 2018  •  2 088 Mots (9 Pages)  •  670 Vues

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II) L'importance du récit

1) L'art du récit

C'est vrai que la morale est l'essence de l'apologue puisqu'elle est l'objet de l'écriture mais Jean de La Fontaine développe le récit au service de la morale. Le récit devient alors un corps vivant, un corps dont le visage reste en mémoire. Non seulement le fabuliste utilise toutes les ressources du vers pour dynamiser le récit, mais intègre aussi un schéma narratif et joue avec différents registres ce qui permet d'immerger le lecteur dans l'intrigue. La fable XII du livre troisième Le Cygne et le Cuisinier présente un dynamique. L'alternance entre l'heptasyllabe : « Vivaient le cygne et l'oison » vers 3, l'alexandrin : « Celui-là destiné pour les regards du maître » vers 4 et l'octosyllabe : « Le cuisiner fut fort surpris » vers 15, stimule la lecture. De plus, le récit est structuré par le schéma narratif : les dix premiers vers présentent la situation initiale, les quatre suivants la péripétie, le dénouement se situe des vers 15 à 19 et les deux derniers vers conclue la fable par la morale. Le récit est donc réellement mise en valeur, et ainsi le rapport entre les deux parties de l'apologue est assoupli. Le fabuliste n'essaye plus de donner un exemple à la morale qu'il veut instruire au lecteur mais il construit sa morale sur le récit. De plus, le récit n'a plus seule fonction de porter la morale mais il s'en affranchi en ayant une fonction propre : celle de peindre l'humanité. Le récit de la fable Le Cygne et le Cuisinier dépeint effectivement la morale puisque c'est bien « le parler doux » du cygne qui le sauvera mais dépeint aussi l'homme et particulièrement la société du XVIIème siècle. Nous pouvons voir dans le personnage du cuisinier l'allégorie du roi qui a le droit de vie ou de mort sur ses sujets (le cygne). Jean de la Fontaine a donc développé le récit au point de le délivrer de la domination de la morale pour lui donner une fonction propre.

2) Jean de La Fontaine change la forme du récit : théâtralité

Nous pouvons voir que le récit prend pleinement son autonomie dans l'aspect théâtrale des fables. Les nombreux dialogues, le positionnement de l'intrigue dans un décor, les effets comiques propres au genre théâtral prêtent au récit de la fable une nouvelle dynamique qui permet de lui donner une force nouvelle qui pourrait dans certain cas égaler celle de la morale. La fable Les animaux malades de la peste montre de nombreuses caractéristiques du genre théâtral. Dans sa structure premièrement, puisque la fable se divise en cinq parties que nous pouvons associer aux cinq actes de la tragédie. La première partie correspond à la situation initiale, le monde animal est touché par le mal, la peste (vers 1 à 14). La deuxième partie est celle où se noue l'intrigue, le roi lion demande de sacrifier le plus coupable de tous pour permettre la guérison de chacun (vers 15 à 33). La troisième partie qui marque un retournement de l'intrigue à cause du renard hypocrite (vers 34 à 48). La quatrième partie est celle du discours de l'âne qui noue l'action et fige son destin (vers 49 à 60). La cinquième partie est celle du dénouement et de la morale. La structure théâtrale de la fable se double de différentes références au théâtre grec. Les courtisans, jury de la situation, peuvent être associés au chœur antique. L'intrigue peut aussi rappeler les intrigues du théâtre grec : l’épidémie qui touche le monde animal est une punition divine, il faut sacrifier le coupable pour rétablir la paix.

Les fables détiennent un aspect théâtral si présent que de nombreuses représentations théâtrales ont été créés comme celle de Robert Wilson en 2004 Les Fables de La Fontaine. qui peut se traduire par la structure du récit ou par le comportement des personnages qui peut rappeler celui des personnages de théâtre comique. Cet aspect théâtral permet de d'amuser le lecteur, d'alléger ainsi l'instruction et de donner une nouvelle dimension au récit.

- Le récit permet de comprendre la morale

Le nouveau ton que donne Jean de La Fontaine à l'histoire de la fable lui permet quelque fois de rendre l'instruction totalement dépendante au récit. Nous avons vu que la morale peut être implicite et donc portée par le récit. Il arrive parfois que la morale ne prenne uniquement sens grâce au récit. Prenons la fable Le Corbeau et le Renard, la morale semble être prononcée par le renard au vers 14/15 :« Apprenez que tout flatteur/ Vit aux dépens de celui qui l'écoute ». Si l'on isole cette morale du récit, il est possible de croire qu'il est préférable d'être flatteur que flatté. Mais si l'on replace la morale dans son contexte nous comprenons que le fabuliste ne nous conseil pas de devenir flatteur mais plutôt de prendre garde aux flatteries qui nous sont faites. Dans cette fable c'est bien le récit qui nous permet de comprendre la morale, même si elle est énoncée. Ainsi, s'il est indéniable que la morale est au cœur de la fable parce qu'elle est le socle de l'instruction et du procédé argumentatif, le récit, tant développé par Jean de La Fontaine, devient dans certains cas aussi important que la morale puisque sans lui, on ne peut plus accéder à l'instruction.

Transition : je ne sais pas + reprise de lièvre et de la tortue : ok cette fable détient toutes les caractéristique de l'apologue tel que le conçoit le fabuliste mais il y aussi une morale caché (les nobles vs le peuple).

III) La vrai force des Fables de La Fontaine : la complicité entre le fabuliste et le lecteur

1) Une critique voilée

2) Présence du narrateur

3) ironie

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