EXTRAORDINAIRE ET CREATION

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Dès lors, il faut oser s’émerveiller afin de percevoir le monde non plus du côté d’un désenchantement mais comme espace d’éveil et de réenchantement.

Si l’extraordinaire se nourrit donc à ce point du réel, c’est bien pour le métamorphoser et le transfigurer selon l’imagination créatrice.

Deuxièmement, l’extraordinaire permet ainsi de d’avoir une autre vision du monde permettant de le déchiffrer.

« Penser en images », semble être une expérience de transformation de la vision du monde en quête de réponses. L’extraordinaire contribue à donner une nouvelle perception des choses amenant à une prise de conscience du monde dans toute sa splendeur. Le mathématicien Jacques Hadamart, cité par Jean-François Dortier, ou encore Galilée avaient pour habitude de recourir à des simulations mentales d’expériences. Einstein appelait cela « penser en images » et avait pour habitude de vérifier ses expériences en faisant seulement appel à son imagination.

De fait, nous ne pouvons pas ne pas penser… Ainsi, le génie des mathématiques, Cédric Villani, citant lui-même le mathématicien Henri Poincaré, dit trouvé la solution à ses problèmes lors de veilles mentales. L’artiste ou le scientifique est pris d’illuminations. Se fier au quotidien permet le vécu d’une expérience instinctive. Lorsque que l’on met notre mental en route pour trouver une solution (par exemple chercher les clefs que l’on a perdues), on « court-circuite » la partie intuitive de notre cerceau et nous donnons le pouvoir/le contrôle à une machine certes puissante (notre cerveau), mais qui reste une machine quand même. Nous nous coupons de l’accès à notre intuition. Nous pouvons le remarquer, c’est quand nous arrêtons de chercher, que nous lâchons prise que nos clefs réapparaissent soudainement comme par magie. C’est ici qu’agit le pouvoir du subconscient. Ainsi, Henri Poincarré avoue avoir trouvé le sujet de sa thèse lors de son voyage à Caen, à tête reposée, qu’il écrivit dès son retour, sur de lui ou encore Archimède, qui, pendant un moment de détente qu’est le bain, trouva la solution au manque de matière sur la couronne de son roi.

Pour conclure, nous pouvons faire le constat que le pouvoir mental de l’être humain est au cœur de l’extraordinaire et de ce corpus. Le fait de pouvoir penser est en soi une capacité fabuleuse. Pour les acteurs de ces documents, l’émerveillement nous attend donc partout, dans des situations et des moments les plus anodins : parce qu’il est le lieu où se joue le mystère même de l’être, l’extraordinaire est aussi comme une prise de conscience qui se donne pour objet d’interroger le réel afin d’y trouver un des réponses et un sens.