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’EPREUVE DE COMMENTAIRE COMPOSÉ D’UN TEXTE LITTÉRAIRE

Par   •  12 Juin 2018  •  5 350 Mots (22 Pages)  •  547 Vues

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», formule contradictoire, ou encore comme « un poème en prose ». On peut aussi citer le cas des candidats qui ont déduit de la présence de trois personnages (un « triangle amoureux » peut-on lire dans de nombreuses copies) qu’il s’agissait d’une scène de vaudeville, évidemment incompatible avec le genre tragédie. 6 S’il n’est pas nécessaire que toutes les difficultés lexicales de l’extrait soient levées, une compréhension globale, de l’ensemble du passage, est indispensable. Quand Racine écrit que « l’hymen [de Bérénice] s’avance », il signifie que son mariage est imminent, non qu’elle est encore vierge : il faut lire les notes ! Il est en outre explicitement dit qu’elle aime Titus ; si dilemme il y a, c’est Antiochus qui l’éprouve : doit-il ou non avouer son amour à Bérénice qui l’aime comme un ami, ainsi qu’il se présente ? Certains candidats ont vu en Bérénice une amante partagée, indécise, ce qui est à rebours du sens explicite du texte… On peut se demander s’ils n’ont pas plaqué là une représentation de la tragédie (celle de Corneille plus que celle de Racine) caractérisée par la présence d’un dilemme qui ne pourrait concerner que le héros ou l’héroïne de la pièce. Le jury n’attend pas des candidats qu’ils connaissent l’intrigue, certes, mais ceux-ci doivent éviter de faire étalage de leur ignorance, ainsi lorsqu’on peut lire (dans quelques copies) que Racine est le grand auteur de « son siècle » (en se gardant bien de préciser lequel), ou encore qu’il est, selon les candidats, antique, médiéval ou moderne. D’autres, se fiant à leurs connaissances de la tragédie en général, annoncent la mort des protagonistes, alors que ceux-ci seront pour ainsi dire, condamnés à vivre. Enfin le passage proposé n’autorise pas toutes les hypothèses de lecture. Ainsi certains font une lecture politique de l’extrait, jugeant très sévèrement Bérénice (ce n’est pas l’objet d’un commentaire) accusée, parce qu’elle épouse Titus, de collaboration avec l’occupant romain de la Palestine dont Antiochus serait le représentant. D’autres encore n’ont pas évité l’écueil d’une lecture non seulement erronée mais aussi anachronique, lorsqu’ils considèrent que Bérénice donne sa préférence à Titus, empereur parce qu’il serait plus « gradé » qu’Antiochus, seulement roi. Mais de nombreuses copies ont aussi prouvé une compréhension pertinente et construite du passage. COMPOSER Comme tout texte rigoureusement construit, le commentaire composé doit veiller à ne pas contenir d’affirmations gratuites (tout propos doit être fondé sur l’examen précis du texte), de contradictions (Antiochus est amoureux ou il ne l’est pas), de redites enfin qui gonflent artificiellement le texte. On ne saurait trop conseiller aux candidats d’éviter les copies trop longues : le lecteur s’y perd bien souvent… La majorité des candidats organisent leur commentaire : les copies qui présentent une explication linéaire du passage sont peu nombreuses. La plupart respecte la présentation attendue en trois parties : introduction, développement et conclusion. Attention, les plans détaillés (avec titres, soustitres, soulignements divers et style télégraphique) ne sont pas considérés comme des textes rédigés et sont lourdement sanctionnés. Comme l’indiquait le rapport 2008, l’introduction est « la cheville de l’ensemble » ; on ne saurait trop insister sur l’importance qu’elle revêt. L’introduction n’est pas le lieu pour étaler son savoir sur le XVII°, le classicisme, le jansénisme ou encore l’antiquité romaine. Elle permet d’abord d’introduire le texte à commenter ; elle doit ensuite présenter le projet de lecture (ou problématique) qui servira de fil conducteur à l’ensemble de l’explication. Elle annonce enfin le plan qui se doit d’être d’une part adapté à ce projet de lecture, d’autre part, respecté, c’est-à-dire bien présent dans le développement. On évitera la superposition d’interrogatives directes et indirectes (*je me demanderai si ce texte est-il tragique ?). On évitera les plans qui distinguent le fond de la forme et plus encore les plans qui proposent une approche exclusivement formelle : certains, déconcertés par la forme de cet extrait, l’ont considéré dans un premier temps comme un poème, et, dans une seconde partie, comme un passage théâtral. Enfin, les plans « plaqués », dans lesquels le candidat indique tout ce qu’il sait sur la tragédie par exemple (fatalité, démesure et rôle cruel des dieux et/ou du destin) sont à rebours de qui est attendu : l’engagement du candidat dans un projet de lecture véritable. Le jury a valorisé, en n’hésitant pas à leur attribuer la note maximale (20 / 20), les copies qui témoignent d’une juste compréhension du passage considéré comme texte de théâtre dans un commentaire démonstratif, organisé (deux parties équilibrées peuvent suffire), s’appuyant sur l’écriture du texte : rythme, images… 7 L’exercice du commentaire permet enfin d’évaluer le degré de maîtrise de la langue écrite par le candidat. Comme cela est rappelé dans de nombreux rapports précédents, le jury attend d’un futur enseignant, de quelque discipline que ce soit mais plus encore en lettres, qu’il sache correctement rédiger. L’émotion due à la situation de concours ne peut, à elle seule, justifier des erreurs d’orthographe et de syntaxe trop souvent rencontrées par les correcteurs. Les candidats doivent s’interdire d’écrire une phrase dont le sens est confus et prendre le temps, indispensable, d’une relecture attentive. PROPOSITION DE COMMENTAIRE Pour mémoire : scène 1 1 I Une scène d’exposition A Un espace scénique B Structure dialogique de la tirade C Une scène d’exposition : qu’apprenons-nous ? II Un monologue délibératif A Dilemme : dire ou ne pas dire ? B La composition du passage en tant qu’elle épouse les revirements du personnage C La modalité interrogative III Une scène tragique ? A La figure pathétique du mal aimé B La crise tragique C Antiochus, appelé à jouer son rôle dans la tragédie Introduction Bérénice (1670), tragédie (poème dramatique) de Racine, met en scène trois personnages essentiels : Antiochus qui aime Bérénice qui aime Titus qui ne l’aime plus …(ou ne peut plus l’épouser dès lors qu’il prend la succession de Vespasien à la tête de l’empire romain) mais le spectateur ne le sait pas encore au lever de rideau. La pièce s’ouvre avec une première courte scène au cours de laquelle Antiochus envoie son confident Arsace solliciter une entrevue auprès de Bérénice. Dans cette deuxième scène du premier acte, dévolu à l’exposition des faits, il est seul sur scène et se remémore son amour passé pour Bérénice

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