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A-t-on raison de penser que Saint-Denys Garneau et Émile Nelligan présentent, dans Cage d'oiseau et Les Corbeaux, une même vision de la fatalité ?

Par   •  30 Novembre 2018  •  821 Mots (4 Pages)  •  924 Vues

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de voir le bon côté des choses et d’apprécier la vie d’une certaine façon.

Et quand on a ri beaucoup

Si l’on cesse tout à coup

On l’entend qui roucoule

Au fond

Comme un grelot

Garneau parle ici de rire. Ce rire, cache le bruit du grelot, du roucoulement du repos éternel. Le poète sait qu’il va mourir mais tente d’étouffer ce songe en profitant de ce qui le rend heureux, même si il souffre. Émile Nelligan, pour sa part, ne voit pas de vie, il ne voit que sa fatalité; la mort. Pour lui, l’existence n’est qu’une longue complainte qui a pour seul et unique but de s’achever.

Or, cette proie échue à ces démons des nuits

N’était autre que ma Vie en loque, aux ennuis

Vastes qui tournant sur elle ainsi toujours

Déchirant à larges coups de bec, sans quartier,

Mon âme, une charogne éparse au champ des jours,

Que ces vieux corbeaux dévoreront en entier.

Nelligan utilise plusieurs métaphores poignantes qui expriment son désespoir de vivre. Sa vie est ennuyante et douloureuse, le temps semble ne plus être clair, il est perdu en lui-même, n’attendant que la fin de son supplice. Ce thème de l’ennui et de la détresse psychologique revient dans plusieurs œuvres du poète comme Soir d’hiver, certainement son poème le plus connu, et Ténèbres dans lequel le jeune écrivain fait, comme dans Les Corbeau, référence aux oiseaux noirs. En quelques sortes, Saint-Denys Garneau est né pour vivre alors que Nelligan est né pour mourir.

Malgré tout, Nelligan et Saint-Denys Garneau ont une vue de la fatalité très proche qui se résume à la mort libératrice. Les deux auteurs utilisent de façon assez semblable la métaphore des oiseaux prisonniers de leurs carcasses qui les dévorent. De plus, les poètes reçoivent tous deux la mort comme une libératrice qui achève cette affliction qu’est l’existence. Bien que Garneau ai une vision plus optimiste que Nelligan, il avait la santé fragile et son corps le faisait souffrir et l’empêchait de poursuivre ses études causant fort probablement de la détresse psychologique. Même si les deux auteurs ont une appréhension de la vie différente, cela ne change en rien le fait qu’ils partagent la même définition de la fatalité.

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