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Oeuvres-monde au XIXème siècle.

Par   •  18 Avril 2018  •  2 366 Mots (10 Pages)  •  492 Vues

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que les phénomènes éditoriaux, qui influencent l’écriture du roman-feuilleton Les Mystères de Paris, que les progrès scientifiques, qui sont source d’inspiration dans l’œuvre de Jules Verne, ou les phénomènes esthétiques comme le courant réaliste et l’influence de l’écriture journalistique, qui sont à l’origine de l’histoire des Rougon-Macquart de Zola, peuvent expliquer ces projets visant à construire des œuvres qui renferment dans le cadre du roman le monde dans son ensemble en tant que sujet.

La perception du monde comme un champ d’activité mondial a donc mis en forme les œuvres-monde écrites au XIX ème siècle. Cependant, on peut voir que si cette conscience de la société planétaire est mise en forme dans ces œuvres, les œuvres mondes construisent la perception du monde du XIX ème siècle auprès de leur lectorat.

Le cycle permet de mettre en place l’effet esthétique qui lui est propre qui permet de donner à voir le monde par une distance interne qui donne à lire un roman comme un fragment d’une œuvre complète. Cela permet d’éprouver la complexité du monde qui est ainsi perçu comme une unité multiple qui se construit de fragments mouvants et indépendants dans l’ensemble du cycle romanesque.

Les romans du cycle des Rougon-Macquart de Zola peuvent se rassembler en trois catégories qui comprennent, pour la première les romans qui servent de jalons historiques, les romans qui mettent évidence les phénomènes socio-économiques et ceux qui mettent en avant la psychologie d’un personnage en particulier. La façon dont le cycle romanesque est construit permet à l’auteur de transmettre à son lectorat sa propre vision de son siècle. Ainsi dans Le Docteur Pascal, les mutations perceptives et cognitives sont traitées par le biais du domaine scientifique. En effet, Zola avait noté dans ses Réflexions Liminaires que « les sciences doivent être représentées comme une voix générale de l’œuvre ». De cette manière les passages à caractère médical sont présents dans l’ensemble de l’œuvre, notamment par la description de la folie ou par les considérations sur la génétique familiale. Cette façon de traiter le domaine de la science fait écho aux observations scientifiques de savants connus qui ont changé la vision de la science au XIX ème siècle. Ainsi Zola projette dans le personnage du docteur Pascal l’image de scientifique Claude Bernard. Par l’exploration du domaine de la science, l’auteur donne à voir une nouvelle vision du monde tel qu’il est perçu à son époque et agit sur les mutations perceptives du monde en tant que champ d’investigation scientifique. L’image du savant tel que Zola le décrit dans le dernier roman de sa série construit la vision de l’intellectuel comme un symbole de la légitimité républicaine. C’est en cela que l’œuvre monde met en forme la pensée des mutations de son époque. En effet, l’adoption du personnage du savant par les écrivains est la preuve de l’émergence de l’intellectuel en tant que modèle de la société de ce siècle mais cette adoption romanesque participe aussi à la célébration de la culture scientifique de la recherche de la vérité dans l’imaginaire social.

L’œuvre romanesque des Rougon-Macquart permet à son auteur de transposer au niveau poétique les grands changements concernant la structure de la société de la seconde moitié de XIX ème siècle. Ces changements modifient la structure du monde par la naissance de l’époque industrielle, le développement des grandes villes ou l’essor du monde capitaliste. L’entrée de la société dans une nouvelle civilisation grâce et pour laquelle l’homme réalise des choses étonnantes est décrite dans l’œuvre zolienne pour laquelle la vision du monde industriel ouvre le champ de l’exploration du monde au domaine littéraire. Ainsi au début de La Bête humaine, la description panoramique de la gare Saint-Lazare en expansion par la métaphores des « branches de métal, multipliées » qui se répandent dans la France entière mais aussi dans le reste du monde, au moins en Europe, crée la pensée d’un nouvel espace-temps dans lequel la distance est réduite grâce à la vitesse et permet ainsi d’ouvrir le champs de la littérature au niveau mondial, de même que l’ont fait les activités humaines à cette époque.

Cette nouvelle façon de penser les mutations du XIX ème siècle véhiculée par la littérature permet de montrer aussi les divers aspects de ces mutations. C’est ainsi que la description de la locomotive de La Bête Humaine ayant les caractéristiques d’une femme pour son mécanicien véhicule aussi l’idée nouvelle de la petitesse de l’homme face aux forces qu’il vient de mettre en route et qui risquent de le briser. C’est ainsi que les machines tuent Roubaud, la foule des grands magasins du roman Au Bonheur des Dames tuent littéralement les petits commerçants, l’ambition et le pouvoir détruisent la famille des Rougon et les désirs tuent les personnages des romans Une page d’amour, La faute de l’abbé Mouret ou Le Rêve. Le monde est ainsi décrit dans son ensemble mais par une méthode qui le découpe fragmentairement en le divisant en romans qui s’imbriquent les uns aux autres de façon à former un ensemble unifié. Ce découpage du monde selon les classes socio-économiques permet de mettre en acte la pensée d’un « décloisonnement du monde », un monde saisi dans son entier tout en y portant un regard fragmentaire.

Le passage en régime mondial des activités humaines est repris par la littérature dans différents objectifs. Dans les romans de Jules Verne, les voyages ont pour but de faire découvrir le monde tel qu’on le connaît désormais dans un objectif éducatif par le moyen d’une littérature populaire s’adressant en particulier aux enfants. Les Voyages extraordinaires construisent ainsi la pensée de ceux qui les lisent en présentant la découverte du nouvel ordre mondial du XIX ème siècle par le moyen des connaissances et non de l’aventure. Ces romans cherchent à saisir l’ensemble des connaissances humaines et, pour la première fois, à les mettre en œuvre au niveau mondial C’est en ce sens que ce cycle romanesque a pu mettre en forme la pensée de son lectorat dans un processus à la fois éducatif et romanesque, ainsi que l’auteur s’y est engagé, selon la préface du roman Hector Servadac : « M. Verne en commençant la série de Voyages extraordinaires a eu pour but de faire connaître à ses lecteurs sous la forme du roman les différentes parties du monde ». Cette façon de retranscrire sous une forme attrayante pour les jeunes lecteurs l’histoire humaine et de résumer l’ensemble des connaissances que la science moderne a permis de découvrir permet

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