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Le Père Goriot - Rôle de l'argent

Par   •  10 Décembre 2017  •  2 364 Mots (10 Pages)  •  2 854 Vues

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L’extrême addiction à l’argent est représentée par Anastasie, fille ainée du père Goriot. Son père lui a offert une enfance très gâtée ce qui l’a rendue égoïste et égocentrique. Il l’a mariée au comte de Restaud la faisant ainsi accéder à l’aristocratie. Elle ne lui rend jamais de visite de courtoisie mais vient le voir uniquement pour lui réclamer de l’argent. En plus de saigner son père, elle vend les bijoux de la famille de Restaud pour payer les dettes de son amant, Maxime de Trailles. Dans la première moitié du roman lorsqu’elle rencontre Rastignac pour la première fois, elle lui ferme ses portes après que ce dernier eut mentionné le père de Goriot. Autrefois, lorsque son père était riche, il dinait chez elle mais maintenant qu’il est vieux et pauvre, elle refuse de le recevoir. Elle a trop peur qu’il ne ternisse son image, c’est pourquoi elle évite de le voir et lorsqu’elle en a vraiment besoin, se débrouille pour le rencontrer incognito à la pension. Elle est également jalouse lorsque le père Goriot vend ses rentes perpétuelles pour payer l’appartement de Delphine et non pour elle « Chez toi, Delphine ? » (l.’ 7713), demande-t-elle indignée en apprenant à quoi a servi l’argent des rentes perpétuelles de son père. L’argent est donc essentiel pour Anastasie, qui y a été habituée depuis toujours. Elle ne peut pas vivre sans.

La seconde fille du père Goriot, Delphine, est également rivale. avec sa sœur. Elle est jalouse car Anastasie a accédé à l’aristocratie alors qu’elle est restée bourgeoise sans jamais arriver à accéder aux salons. Elle est également très attachée à l’argent qu’elle côtoie depuis toujours comme nous le révèle son effroi lorsqu’elle apprend que son mari ne peut pas lui rendre son argent car « il a jeté tous ses capitaux […] dans des entreprises » à la page 321. Delphine fut également contrainte de demander à Rastignac de jouer aux jeux pour repayer son amant de Marsay. Cependant, contrairement à sa sœur, elle est consciente du fait qu’elle saigne constamment son père : « Anastasie et moi nous l’avons égorgé : mon pauvre père se serait vendu s’il pouvait valoir six mille francs » (l. 4801-4802). Toutefois, ce n’est pas pour autant qu’elle arrête de demander de l’argent à son père. À la fin du roman, aucune des deux sœurs ne se déplace à l’enterrement de leur père, puisqu’il n’a plus rien à leur offrir. L’argent représente donc pour Delphine aussi une nécessité indispensable pour vivre.

Le dernier personnage clé de ce roman est le père Goriot. Il s’agit du père de Delphine et d’Anastasie. C’est lui qui les a tant gâtés lorsqu’elles étaient petites et qui continue de se sacrifier pour elles. C’est un père dévoué pour qui l’argent à titre personnel n’a pas d’importance. Seul le bonheur de ses filles est important. Même si il est démuni d’argent, si ses filles, elles, en ont suffisamment pour combler tous leurs désirs alors il sera heureux puisqu’il vit par procuration. Lorsqu’aux lignes 7447 à 7450, il demande à Delphine : « Croit-il que je puisse supporter pendant deux jours l'idée de te laisser sans fortune, sans pain ? », on comprend que l’argent signifie noblesse, beauté, amour, respectabilité, bonheur. C’est un ancien bourgeois qui a travaillé très dur au cours de la Révolution française. Il a été riche pendant plusieurs années puis a rejoint la pension Vauquer et a progressivement monté les étages. Sa fortune puis sa pauvreté a considérablement modifié le regard des autres. En effet, lorsqu’il vivait au premier étage, il était respecté et les autres pensionnaires l’appelaient M. Goriot. À l’opposé, au début de l’histoire, il est remisé au troisième étage ; tous les autres pensionnaires rient de lui et l’appellent ironiquement Père Goriot. Ce personnage pour qui l’argent importe peu à première vue change radicalement de point de vue sur son lit de mort. En effet, comme il le dit à Rastignac de la ligne 8677 à 8679 « Ah ! Si j’étais riche si j’avais gardé la fortune, si je ne leur l’avait pas donnée, elles seraient là, elles me lécheraient les joues de leurs baisés ». On réalise donc que l’argent fait aussi indirectement le bonheur du père Goriot, l’absence de fortune entrainant la perte de l’amour de ses filles. Goriot a ainsi subit ce que Balzac appelle la « ligne droite ». L’œuvre réalisée à la fin de sa vie est la perte de ses filles.

Le Père Goriot met en scène plusieurs types de personnages dans la France du XIXème siècle, pour lesquels l’argent joue un rôle différent. Un point commun se dégage cependant de l’ensemble des personnages : l’argent et le bonheur sont de fidèles acolytes. Dans ce roman dédié à l’argent, Balzac, travers son étude scientifique de la société remettrait-il en cause la célèbre citation « L’argent ne fait pas le bonheur » ?

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