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Analyse linéaire de l'incipit de La Morte Amoureuse de Théophile Gautier

Par   •  18 Octobre 2018  •  3 036 Mots (13 Pages)  •  2 153 Vues

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La conjonction « quoique » exprime la concession et permet à Romuald d'informer le lecteur de son âge : 66 ans. Il y a deux, voir trois raisons à l'annonce de son âge précis : tout d'abord, comme il le précise : cet aventure s'est passée il y a fort longtemps, ensuite cela sous entend qu'un homme de son âge n'a pas de raison de mentir ou d'inventer un autre réalité et on pourrait se demander si ce n'est pas là l'évocation à demi mot de la présence maléfique de la Bête : il ne manque qu'un 6 pour l'appeler. Après tout, les vampires ne sont-ils pas son œuvre ?

La locution adverbiale « à peine » couplé au verbe « oser », nous informe de l'effroi toujours vivace du narrateur, malgré les années qui se sont écoulées et malgré le fait que cette histoire soit belle et bien terminée comme le suggère la métaphore « les cendres de ce souvenir ».

A la phrase suivante, le narrateur explique la raison qui le pousse à raconter cette vieille aventure : la question et sans doute l'insistance de l'homme, du « frère » qui a posé la question : « je ne veux rien vous refuser » qui sonne comme une politesse et permet au narrateur de justifier son récit. La conjonction de coordination « mais » qui fait pivot dans la phrase, va cependant agir comme une mise en garde : « je ne ferais pas à une âme moins éprouvée un pareil récit », ce qui va rajouter de la stupeur chez son interlocuteur et son lecteur, insistant sur le fait que cette histoire soit « terrible ».

La phrase suivante nous donne à nouveau des détails sur l'histoire qu'a vécue Romuald et sur ses sentiments.Elle souligne son côté singulier, si singulier qu'il doute lui même, héro de cette aventure, qu'elle lui soit arrivée. C'est un procédé assez classique du genre fantastique (le lecteur attend la chute avec impatience pour savoir), le héro vit-il vraiment la situation ou est-il endormi ou sous l'effet d'une drogue ? On verra rapidement que l'extrait nous donne la réponse.

Avec la phase suivante, commence enfin le récit à proprement parlé. La phrase est au passé composé (représente donc une action accomplie que l'on situe dans le passé) et donne une indication temporelle avec le complément circonstanciel : « pendant plus de trois ans ». La tournure passive montre que le narrateur a subi l'action, ce qui est confirmé par l'emploi du substantif « jouet » qui possède ici le sème de marionnette, d'objet qui amuse. On eut noter l'utilisation du même adjectif « singulière » pour la seconde fois dans le récit et un nouveau qualificatif directement lié au vocabulaire religieux : « diabolique ». Le narrateur utilise la gradation dans l'utilisation des adjectifs : de terrible à diabolique. Il utilise ce même procédé pour qualifie son récit : il évoque tout d'abord une « histoire », puis parle d'un « souvenir », d'un « récit », « d'événement étranges » et enfin d'une « illusion ».

Le récit de cette illusion commence par le pronom personnel de la première personne, qui représente le narrateur, c'est à dire Romuald. La position de ce pronom, couplé à la dénomination qu'il fait de lui même (adjectif « pauvre » et complément du nom « campagne » montre que son existence n'avait rien d'un prélat) marque l'opposition entre sa nature, sa vie, et l'aventure qu'il a vécu.

La parenthèse où il supplie Dieu, montre le désespoir et l'effroi qu'il ressent au souvenir de ces nuits. Il va utiliser un rythme binaire « une vie de damné » et « un vie de mondain et de Sadarnapale » pour accentuer la différence entre son état de prêtre et sa vie nocturne.

La référence au roi Sadarnapale est une métaphore qui représente son comportement indigne d'un homme de Dieu (Sadarnapale étant le symbole d'un homme puissant menant une vie luxueuse et dissolue, d'où le sens de « débauché » pris en français par ce terme) mais ce peut être également vu comme un hommage à Delacroix et à son célèbre tableau « La mort de Sadarnapale ». Delacroix et Gautier était ami et la peinture fut le premier amour de Gautier.

La phrase suivante explique comment lui est arrivé son aventure et le thème du regard amoureux, topos de la littérature est abordé. Il est intéressant de voir commet ce regard est qualifié : tout d'abord par le numéral « un seul » qui démontre que ce regard fut unique, et que Romuald n'a pas cherché ces yeux. La « complaisance » ensuite évoquée montre l'indulgence du jeune prêtre naïf. De même que le verbe « jeter » montre la non-préméditation de cet acte. La topos du regard est employé entièrement puisque l'on retrouve l'idée qu'un regard pénètre jusqu'à l'âme, et que c'est ainsi que naissent les grande passion, par l'échange d'un regard. Ce thème sera repris à la fin de la nouvelle comme un conseil à son frère : « Ne regardez jamais une femme, et marchez toujours les yeux fixés en terre car si chaste et si calme que vous soyez, il suffit d'une minute pour vous faire perdre l'éternité ».

La locution adverbiale marque une rupture et annone le final heureux de ce dénouement.

On apprécie le vocabulaire toujours lié à l'état d'homme d'église de Romuald : aide de Dieu, St Patron ( saint dont le nom est donné comme prénom et qui est considéré comme le protecteur de la personne qui porte ce prénom, St Romuald est invoqué contre les troubles psychiques). Le narrateur évoque ensuite ce qui s'apparente à un exorcisme.

On note la précaution de Romuald concernant toute cette aventure grâce à l'euphémisme « s'était compliqué » manière adouci de dire « j'étais possédé ». La morte amoureuse est devenu l' esprit malin, et dans cet incipit, jamais son prénom, Clarimonde ne sera prononcé.

La phrase suivante est construite par opposition : le jour / la nuit, c'est à dire comme Romuald l'expliquait plus tôt, une existence bicéphale.

Son existence de jour correspond parfaitement à la vie du jeune prêtre ordonné qu'il était et le champs lexical religieux en est la preuve : seigneur, chaste, prière, chose sainte.

Le point virgule et le complément circonstanciel de temps « la nuit » suivi de la locution adverbiale « dès que j'avais les yeux fermés » annonce la rupture de cette vie rangée de prêtre. Le verbe intransitif « devenir » exprime ce

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