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Totem et tabou

Par   •  1 Avril 2018  •  5 281 Mots (22 Pages)  •  452 Vues

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s’y trouver. De plus, enfreindre ce principe revient à subir un courroux on ne peut plus sévère de la part de la tribu dans son intégralité. Freud commence par admettre que ces interdictions n’entrent pas dans le domaine pratique et qu’elles visent l’hérédité, empêchant un fils d’avoir des relations avec ses sœurs ou sa mère, car il lui est confié un totem identique. Et on peut voir un peu plus loin que cette prohibition, en plus de d’empêcher l’inceste, restreint tout autant les rapports avec les membres du même totem, même ceux n’ayant pas de lien de parenté avec l’individu.

Les appellations au sein de ce groupe totémique se font également d’une façon particulière. C’est-à-dire, que l’être humain « appelle mère tout femme qui, sans enfreindre es coutumes de la tribu, aurait pu devenir réellement sa mère » (S. FREUD, 1983, page 15). Cela se fait également pour les autres modèles tels que le père et les frères et sœurs. Freud en vient à penser que ces prohibitions peuvent avoir été mise en place pour empêcher l’inceste de groupe qu’il explique en se basant sur un schéma représentant les diverses classes matrimoniales et leurs subdivisions, limitant davantage la liberté sexuelle des individus primitifs australiens.

Il n’y a pas que cette phobie de l’inceste qui pousse ces peuples à respecte la prohibition, mais également les coutumes qui sont de mise à cette époque, de rigueur pour éviter les rapports consanguins. Celles-ci sont nombreuses et répandues dans de nombreux peuples. Elle concerne aussi bien les faits et gestes du garçon qui atteint l’âge de devenir un homme, que ceux de la mère et des sœurs, visant à limiter le contact et leurs relations. Freud nous montre, à partir d’extraits tirés des livres de Frazer, de nombreuses coutumes, semblable à celle-ci : « Lorsqu’un frère et une sœur se rencontre, celle-ci se cache dans les buissons, et lui passe sans se retourner vers elle » (S. FREUD, 1983, page 20). On y voit une foule de restrictions vis-à-vis des liens familiaux, dont les plus sévères sont incontestablement portées sur la relation qu’entretient le gendre avec sa belle-mère. Freud les interprète différemment car contrairement aux précédentes, elle n’amène pas à prohiber l’inceste. Il en vient à donner les hypothèses d’autres théoriciens sur l’attitude de la belle-mère et le danger que représente la possibilité de leur relation tout en montrant qu’il reste des lacunes dans leur façon de décrire la relation. Ensuite l’auteur met en évidence des exemples trouvées dans les ouvrages de Crawley tout en montrant que, bien que strictes, ces coutumes peuvent être trouvées intéressantes pour les peuples plus évolués, évitant des situations qui peuvent s’avérer désarmantes comme les diverses plaisanteries au sujet de la belle-mère. « A mon avis, il s’agit là de relations ambivalentes, se composant à la fois d’éléments affectueux et d’éléments hostiles » (S. FREUD, 1983, page 25). On a d’une part chez la belle-mère, la méfiance vis-à-vis de cet individu qui va prendre une importante place dans la vie de sa fille, la séparation avec sa fille et le fait qu’elle soit une figure d’autorité, d’autre part, pour le gendre, la jalousie des relations entretenues auparavant, et le besoin de ne pas se laisser faire par la belle-mère.

Ces tensions dans leur relation s’expliquent également par le complexe d’Œdipe dont Freud fait mention en rappelant le premier objet d’amour de l’homme qui finit par se transposer sur la belle-mère, une autre figure maternelle et le fait que l’homme souhaite s’affranchir de ses désirs incestueux d’antan.

III.2. Le totem et l’ambivalence des sentiments

On commence dans cette partie par voir que le tabou n’a plus la même signification qu’autrefois, et donc qu’avant, il était normal et même nécessaire de se baser sur ces restrictions. Freud insère ensuite dans son œuvre un passage de l’Encyclopédie Britannique afin de définir plus précisément ce qu’est le tabou. Il y est question du tabou naturel, du tabou transmis, et du tabou intermédiaire qui sont trois sortes différentes de tabous. Le tabou a pour finalité de protéger des personnes importantes pour ces peuples tel que le roi et les prêtes, « de protéger les faible –femmes, enfants, hommes en général – contre le puissant Mana (force magique) des prêtres et des chefs ; » (S. FREUD, 1983, page 30), d’anticiper les différentes étapes de la vie, de garder les hommes de la colère des dieux et de préserver les nouveau-nés des dangers qui planent au-dessus d’eux concernant leur vie future. Les châtiments dus à la transgression d’un tabou se font toujours naturellement, comme si les limites du tabou étaient capables d’agir automatiquement en cas de transgression. Ces prohibitions ont la plupart du temps comme base des objets définis tel que les faits et gestes, les aliments ou encore le dialogue. Elles permettent de fixer des limites mais sont parfois peu restrictives, ayant davantage un côté cérémonial. Le jugement de Wundt concernant le tabou est donné plusieurs fois et celui-ci met en avant le fait qu’il n’y a pas de séparation fixée entre le sacré et l’impur que peut représenter le tabou.

Freud parle ensuite des personnes qui en viennent à s’imposer elles-mêmes des tabous, les englobant par le terme « maladie du tabou » (S. FREUD, 1983, page 37). La névrose obsessionnelle est, d’après l’auteur, principalement basée sur ce fonctionnement, c’est pour cela qu’il décide de la comparer au tabou. Il commencer par énoncer le fait que les prohibitions de ces deux concepts sont issues d’origines mystérieuses, inexplicables, sans réelle motivation. Leurs transgressions entrainent dans les deux cas d’horribles préjudices, il est donc nécessaire de respecter ces prohibitions. Des cérémonies et rituels existent en ce qui les concerne, et elles ont la capacité de se déplacer d’un objet devenu prohibé à un autre objet. Les prohibitions présentes dans les névroses obsessionnelles apportent de nombreuses restrictions dans la vie des individus, qui se doivent d’accomplir certaines actions pour empêcher le tabou de se réaliser. Freud explique ensuite le mécanisme psychologique qui amène à la prohibition du toucher et montre qu’au final, il y a une présence plutôt ambivalente de cette prohibition, car la tentation sera toujours présente pour la personne, mais qu’elle sera empêchée de la réaliser par l’appréhension qu’elle lui apporte. Le refoulement exerce une importance non négligeable dans la prohibition. C’est de lui que découle la tentation toujours en vigueur de réaliser

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