La balle des pendus - François Villon
Par Plum05 • 2 Mai 2018 • 1 276 Mots (6 Pages) • 615 Vues
...
à chaque fois en début de vers "soleil, pluie, corbeaux". Les gestion du temps permet ainsi une progression complexe, et souligne l’aspect macabre des squelettes.
Dans un second temps, nous allons voir que la ballade a une portée argumentative et didactique. La forme poétique souligne d’ailleurs cette argumentation. Tout d’abord les temps verbaux soulignent l’ordre et le souhait des pendus : les verbes sont au subjonctif et à l’impératif. En effet, la ballade est une prière, ce qui est montré par les apostrophes : elle est adressée aux "frères humains" durant les trois premières strophes. La prière s’élargie ensuite dans l’envoi puisque François Villon s’adresse à Jésus, puis enfin aux "Hommes" en général. Le souhait qu’il implore est répété à chaque fin de strophe, dans le refrain, ce qui montre l’importance de la prière. La thèse est explicite : les pendus demandent aux vivants qu’ils nomment "frères" de prier Dieu de leur pardonner.
Dans cette ballade sont présentes de multiples démarches argumentatives. La première est une démarche concessive qui est utilisé tout au long du texte et qui est mise en valeur par le connecteur logique "mais" et souligne l’opposition entre le souhait des pendus et les vivants. Cette démarche concessive est également présente dans la strophe 2, avec le connecteur logique "quoique" qui montre que Villon reconnait ses tords. Les pendus sont des criminels, ils ont été condamnés "par justice", mais Villon demande au vivants de ne pas les haïr "avoir dédain", afin de prévenir sa prière dans le refrain.
Une nouvelle démarche est utilisée à la suite de cette dernière, et est mise en valeur par le connecteur logique "toutefois" associé à l’affirmation rhétorique "vous savez que". Ainsi Villon impose son argument, sans donner au lecteur le choix de le contester : ce n’est pas donné à tout le monde d’être calme, et ce n’est pas sa faute s’il est violent.
Au vers 15, le connecteur logique "puisque nous sommes morts" introduit une conséquence évidente : ils sont morts et ne commettront plus de crimes.
Au vers 19, il introduit un procédé de persuasion par le rapport cause-conséquence mis en valeur par l’allitération en [m] et [n] et par les 2 propositions séparées par l’hémistiche : il demande à être respecter en tant que mort.
Les arguments sont plus nombreux dans la strophe 2 car les strophes 1 et 3 sont majoritairement descriptives. Mais elles contiennent également de petits arguments. Dans la première strophe, au vers 3, le connecteur logique "car" induit un argument qui suscite la pitié des lecteurs avec le jeu d’opposition entre le présent et le futur. La cause de l’argument est logique, mais l’argument est affectif.
Enfin, cette ballade a une portée didactique. Au vers 29, la conjonction de coordination "donc" met en valeur la conséquence d’une prière supplémentaire : "ne soyez pas comme nous". Il a décrit les pendus auparavant et se sert de cette description macabre afin de faire passer un enseignement, notamment par les impératifs. Les descriptions, ainsi que l’évocation de l’enfer ont donc pour but de choquer, d’effrayer ; tandis que le jeu des sonorités et des rimes "vrie, charrie" "nourrie, pourrie" montre le sort peu enviable des pendus : la mort est inéluctable.
La construction de la ballade, avec ses contraintes formelles et très importantes (strophes carrées, refrain...) n’empêchent pas que soient mêlés la fonction argumentative le projet didactique, qui doivent susciter la pitié, et dissuader les lecteurs d’agir comme les pendus.
Le texte est extrait du recueil "Testament" et peut être considéré comme l’envoi de toute l’œuvre de Villon.
Ces contraintes formelles vont-elles se poursuivre dans les autres ballades ? Que devient la ballade au cours des siècles
...