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Dissertation théâtre, un cri.

Par   •  8 Février 2018  •  1 253 Mots (6 Pages)  •  832 Vues

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Et même en cas de négation de la parole structurée, que ce soit dans la cacophonie (Dénouement de la Cantatrice chauve), le bruit ou dans le silence, le théâtre sait se faire porteur de sens, sait être signifiant et cela même lorsque les mots sont remis en question : « Words, words, words » (Hamlet) et que le silence s’impose comme dans le théâtre de Samuel Beckett où les personnages pratiquent le laconisme.

2/Le lieu du chant

L’étymologie du mot tragédie le dit, dès les origines, le théâtre est associé au chant. Le théâtre grec était psalmodié et chanté, doté de chœurs, de danses et soutenu par quelques instrumentistes. L’opéra, forme théâtrale, musicale et chantée, les comédies ballets de Molière, les chœurs d’Athalie et d’Esther, qui servent d’intermèdes, les comédies musicales des XX et XXIe siècles, laissent toute place au chant. « Tout finit par des chansons » pour reprendre l’expression de Beaumarchais à la fin du Mariage de Figaro.

C’est que le théâtre ne cherche pas seulement à bouleverser par des cris, ne cherche pas seulement à hurler le manque d’harmonie, mais il a aussi pour fonction de chanter, et d’enchanter le monde, de divertir tout simplement que ce soit par le marivaudage ou dans les vaudevilles de Feydeau ou de Labiche. Lieu d’apaisement et de sérénité.

Mais n’est-ce pas au prix d’une légèreté coupable, d’un divertissement qui distrait de l’essentiel ?

3/Le théâtre, « ça réveille » : vraiment ?

Le théâtre est coupable s’il n’est qu’émotion plus ou moins passagère ou futile divertissement. A quoi bon se révolter seulement face à la souffrance jouée, celle qui est « pour du semblant » (Un acteur joue…)celle qui donne à trop bon compte bonne conscience ? Le spectateur reste-t-il encore spectateur, et alors passif face à la souffrance réelle ? Il devient à son tour le monstre qu’il a condamné sur scène s’il reste insensible à la souffrance de son semblable, s’il ne devient pas à son tour acteur dans la vraie vie. Car le théâtre ne doit pas anesthésier, purifier, nettoyer mais au contraire éveiller les consciences :

« Caubère crie pour défendre les petites gens, les prostituées, les amoureux du théâtre… Il faut que Caubère continue de crier : ça réveille et réconforte, aiguillonne notre sens moral endolori tout en pansant les désillusions de nos vies. » (Commentaire de Béatrice Soula, à propos du spectacle de Philippe Caubère, Urgent crier)

Alors si un cri s’élève sur scène, qu’il soit cri de ralliement pour que l’homme agisse et réagisse face aux désordres du monde. Et que le spectateur à son tour soulève la poutre qui blesse autrui….

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