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Commentaire Littéraire Molière, L'ecole des femmes

Par   •  3 Avril 2018  •  1 188 Mots (5 Pages)  •  815 Vues

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de la représentation), mais comment juger ce qu’on n’a pas écouté ? Le marquis (aristocrate) se sent supérieur aux autres spectateurs, il refuse en fait de rire avec les bourgeois ce qui souligne un préjugé : « Il ne faut que voir les continuels éclats de rire que le parterre y fait : je ne veux point d’autre chose pour témoigner qu’elle ne vaut rien” l.37-38. L’absence de réponses aux questions données par Dorante traduit l’embarras du marquis dès qu’il s’agit de se justifier : « oui » l.24 (ne réponds pas à la question posée de Dorante) ; « Que sais-je, moi ? » (question oratoire, il est perdu).

De plus, nous retrouvons les préjugés d’un aristocrate qui sont illustrés à travers le personnage du marquis. En effet, le marquis condamne toute pièce qui plait aux bourgeois ou au peuple : « debout et assis, on peut donner un mauvais jugement » (références de positions qui connotent les clivages de statuts). Molière reprend l’opposition parterre/aristocrate en caricaturant les aristocrates : “tout ce qui égayait les autres ridait son front” l.45. ; « regardait le parterre avec pitié » (connote le mépris). Molière va donc se moquer de sa présence et de son humeur : « Ce fut une seconde comédie, que le chagrin de notre ami. Il la donna en galant homme à toute l’assemblée, et chacun demeura d’accord qu’on ne pouvait pas mieux jouer qu’il fit » l.46-47, Le « comique » s’est déplacé dans la salle et ici, connote le ridicule du personnage. Molière insiste sur les préjugés qui tiennent à distance du jugement avisé : “n’avoir ni prévention aveugle, ni complaisance affectée, ni délicatesse ridicule” l.55-56, l’emploi d’un rythme ternaire et l’énumération des défauts de jugement du marquis (des aristocrates en général) grâce à un vocabulaire péjoratif persuade le public.

Enfin, à travers l’argumentation de Dorante, Molière parvient à défendre les causes du parterre. En effet, par l’intermédiaire de Dorante, le metteur en scène règle ses comptes avec ses détracteurs (aristocrates) et salue son public (le parterre et la bourgeoisie). Dorante sert de porte parole à Molière qui exprime sa colère par la bouche de celui-ci : « Eh, morbleu ! Messieurs, taisez-vous, quand Dieu ne vous a pas donné la connaissance d’une chose », à travers l’exclamation, le présent de vérité générale et l’impératif, Molière fait ressentir son dégout et sa colère envers le public qui critique son théâtre. Dorante emploie des tournures mélioratives et didactiques : « le bon sens”; “la bonne façon d’en juger” et un vocabulaire péjoratif : « chagrin » ; « ridicule » ; « prévention aveugle » pour donner une leçon de critique dramatique aux aristocrates.

Cet extrait illustre donc la force de la Comédie classique : instruire et plaire. Ce double jeu lui permet d’incarner des points de vue et de les confronter tout en dirigeant le spectateur vers la leçon qu’il voudrait imposer. De plus, Molière n’hésite pas à caricaturer les préjugés d’une noblesse fragilisée par la montée de la bourgeoisie. Mais cette comédie offre aussi à Molière une façon de régler ses comptes avec une critique dramatique qui nous rappelle les véritables enjeux de la Grande Comédie. En effet, ce public qui ne lui a pas souvent facilité la vie, est dénoncé par l’intermédiaire de Dorante qui lui sert de porte-parole

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