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Commentaire, La trahison, Claude Sales, incipit

Par   •  13 Octobre 2018  •  2 448 Mots (10 Pages)  •  514 Vues

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Transition : Les mémoires cloisonnées ne parviennent pas à apaiser cependant les obsessions ou les douleurs liées à la séquence de la guerre d'Algérie. Voyons en quoi cet incipit nous relate aussi une histoire dans l’Histoire avec un grand « H ».

II L’Histoire racontée à la manière d’un récit

A Un récit autobiographique ancré dans un contexte historique

Nous passons d’une histoire personnelle à un fait historique. Nous découvrons à travers le pronom personnel de la première personne le « je », la propre histoire du de l’auteur, son vécu, son ressenti dans un évènement historique, la guerre d’Algérie (L13). Beaucoup ont vécu cette guerre, Sales en raconte son expérience personnelle. Nous découvrons un récit rétrospectif ; « depuis près de quarante ans » (L9). Le narrateur éprouve le besoin de confier son histoire pour se libérer d’un fardeau, le champ lexical de la chasse « poursuivent » (L1), « me pourchasse » (L9) semble indiquer que le narrateur est traqué par son passé. Assumer son souvenir semble pour lui une manière de s’en débarrasser « aujourd’hui, je ne cherche plus à le fuir, mais je l’accepte » (L11).

B L’Histoire racontée à la manière d’un récit

1 un double récit : récit autobiographique et récit de fiction

Comme nous l’avons vu c’est un récit autobiographique. Il nous a présenté ses troubles devant des visages qui hantent sa vie. Cette situation initiale vient être perturbée par un élément déclenchant « aujourd’hui je ne cherche plus à fuir ». Cet élément perturbateur va permettre à l’auteur de décrire des évènements passés.

Vient s’intégrer dans ce récit, un autre récit fiction qui présente une situation initiale, un évènement durant la guerre d’Algérie, avec des personnages « il », « moi », « Taieb » avec des caractéristiques : « une vingtaine d’années », « caporale »… L’élément perturbateur vient à la fin de cet incipit : « jusqu’au jour où tout a basculé ». Cette métaphore permet de mettre en attente le lecteur et de susciter sa curiosité.

Certes ce texte se réfère à la réalité, à l’Histoire mais est-ce pour autant un documentaire ? Ce n’est pas un récit de guerre (faits, évènements) mais une réflexion sur la guerre. C’est en fin de compte un roman historique qui met en fiction l’Histoire. C’est l’histoire d’une guerre ancrée sur des faits réels : « 1958 », guerre d’Algérie mais qui renvoie aussi un témoignage personnel de la guerre. Il est surprenant pour des gens qui n’ont pas vécu ces évènements de comprendre ce passage « ce que l’on nomme maintenant la première guerre d’Algérie » (L13). Pourquoi dit-il maintenant ? En effet, à l’époque où se sont produits les faits, on ne parlait pas de guerre d’Algérie. C’est à l’époque où l’auteur a écrit son roman que les politiques ont déclaré ces évènements comme la guerre d’Algérie, quarante ans après. En aout 1955, en raison d’une vague d’attentats du FLN, l'état d'urgence est proclamé dans l'ensemble de l'Algérie. Les indépendantistes algériens emmenés par le tout jeune parti indépendantiste le FLN (Front de Libération National), décident d'entamer la lutte armée contre l'occupant français. Une dizaine d'attentats sont perpétrés partout en Algérie. En France, l'événement à peu de retentissement, c’est pourquoi on ne parle pas de guerre mais des évènements d’Algérie, pourtant c'est le début d'une guerre de décolonisation qui durera huit années.

C Des procédés romanesques pour captiver le lecteur

1 La jeunesse sacrifiée

Dans le contexte, le narrateur laisse entendre une opposition, une tension entre un monde occidental et oriental. Il souligne la supériorité en grade, en présentant l’opposition entre « caporal » (L14) et « sous-lieutenant » (L15). Le narrateur domine par son grade Taieb et lui donne donc des ordres. Il le domine aussi par son âge. « Il avait une vingtaine d’années, et moi cinq ou six de plus » (L14). L’âge nous rappelle qu’en France, dans l’année de leur vingtième anniversaire, les hommes étaient classés « bons pour le service » par un conseil de révision, sauf s’ils étaient réformés. La guerre d'Algérie a mobilisé plus de 1,5 million de jeunes appelés.

Dans la seconde partie, Taieb est toujours le sujet des phrases, le narrateur lui laisse le premier rôle. Cette marque de respect semble indiquer l’attachement que pouvait avoir le narrateur à son égard. De plus sur les nombreux visages qui hantent son quotidien c’est celui qui ressort nettement et indique donc bien que Taieb a joué un rôle dans son histoire personnelle.

2 Une drôle de guerre.

« Nous avons vécu pendant des mois cette vie de poste faite de patrouilles, d’embuscades, de contrôles.» (L15-16). Il faut rappeler que, le nombre de Français de souche nord-africaine (FSNA), appellation désignant les Algériens musulmans à l’époque, engagés dans l’armée ou l’État français, est estimé à environ 250 000 personnes. Ces renseignement sont importants parce qu’ils nous font comprendre pourquoi ces deux hommes sont complices. Ils vivent dans la caserne et ont les mêmes préoccupations et vivent les mêmes dangers.

Le narrateur parle succinctement du rôle de l’armée : ils font des « patrouilles » et des « contrôles », ce sont les opérations de maintien de l'ordre, les quadrillages de quartiers, les visites domiciliaires, etc. On fît endosser à cette guerre les euphémismes de « pacification » ou d’« opérations de maintien de l’ordre », cette guerre, officiellement, n’en était pas une ; par conséquent, le gouvernement n’eut nullement besoin de faire appel aux première et deuxième réserves. C’est pourquoi les hommes transformés en soldats sur les terres d’Afrique du Nord eurent pour première caractéristique la grande homogénéité de leur âge : la majeure partie d’entre eux avait entre vingt et vingt-deux ans, un peu plus pour les sursitaires et les rappelés (ce qui fut le cas de notre narrateur). Soldats perdus, plongés le plus souvent dans l’ignorance de l’évolution du conflit, les appelés eurent encore à s’interroger sur la réalité qu’ils vivaient : une guerre, ou non ?

Le contingent en Algérie fut confronté

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