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Analyse L'Etranger de Camus

Par   •  7 Janvier 2018  •  1 866 Mots (8 Pages)  •  773 Vues

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L’absurde dans le roman

Des situations absurdes

Les relations qu’entretiennent certains êtres paraissent d’emblée absurdes. Salamano et son vieux chien en sont une illustration. L’homme et l’animal sont dans un rapport de force perpétuel, enfermés dans un cercle vicieux. Tous trouvent cette situation pitoyable, sauf Meursault (sans doute parce qu’il a ancré en lui ce sentiment de l’absurde sans qu’il l’ait clairement identifié) qui se garde de juger.

Le fait divers relaté dans la partie 2, l’histoire de ce Tchékoslovaque qui est tué par sa mère et sa sœur, frappe par son absurdité. Meursault, mûri par la prison, analyse l’absurdité de la situation. (= thème d’une pièce qu’écrira Camus, Le malentendu, publiée en 1944)

De même, les interrogatoires et le procès sont le récit d’un itinéraire absurde qui mène de la vie à la mort un homme dont on a voulu percer le mystère, expliquer l’attitude : la justice, perdue devant l’absence de justification de Meursault a voulu rationaliser, donner du sens à un geste qui n’en avait pas. L’explication « j’ai tué à cause du soleil » n’ayant aucun sens pour ces hommes de loi, pour la société, il leur a fallu trouver des réponses que se refusait à leur donner le criminel peu enclin à se disculper. On a ainsi voulu éliminer l’incompréhensible et trouver des pistes expliquant comment un homme en est arrivé à tuer. La justice a ainsi voulu mettre en forme de façon logique l’itinéraire d’un criminel qui n’a rien de « réfléchi ». Elle a introduit de la continuité là où il n’y avait que des successions d’instants, elle a voulu rapporter les événements en s’intéressant aux rapports de cause/conséquence (« Meursault n’a pas pleuré à la mort de sa mère, a fumé, a rencontré Marie… => Il avait donc une âme de criminel »). On recherche des causes pour justifier les effets => absurde.

Absurdité de la mort : « cela ne veut rien dire » / absurdité de la formule (télégramme et langage codifié) / …

La conscience de l’absurde de l’existence et du monde

Dans les dernières pages, Meursault prend conscience de ce qu’il est, de ce qu’a été sa vie, de sa mort : il prend conscience de l’absurdité de sa condition, de l’absurdité fondamentale de la vie qui destine tout homme à périr, ôtant tout sérieux et toute valeur aux actes. Meursault prend conscience de ce qui, jusque là, le rendait distant, étranger, bizarre. Il avait une attitude étrange en ce qu’il était très souvent confronté au « non sens » des choses, des situations, des mots (« cela ne veut rien dire », « cela m’était égal »…). Il semblait en décalage par rapport au monde. Désormais, à la fin, Meursault dit que « rien, rien n’avait d’importance » et ajoute : « et je savais bien pourquoi ». => L’issue fatale invalide tout jugement de valeur, rend vaine toute hiérarchisation (« qu’importait »). L’imminence de la mort amène Meursault à comprendre son absence de motivation, son comportement. A la fin, il est lucide, et véritablement conscient de l’absurde. Il l’assume, le crie, le revendique et refuse le jeu de la société qui consiste à fuir la réalité (rejet de l’aumônier et de ses propositions = « s’inventer un dieu » pour se rassurer et fuir cette absurdité de la vie, de la mort, se bercer d’illusion et espérer ; méfiance par rapport au langage qui amène les hommes à dire au-delà de ce qu’ils pensent et à les enfermer dans le mensonge : ex , un repentir eut été si simple, une marque de tristesse ou de peine l’eut peut-être sauvé => mais comédie par rapport au monde que refuse de jouer Meursault.)

= attitude de révolte de Meursault car, face à l’absurde, l’attitude la plus simple serait de nier l’absurde, le non sens, l’absence de signification de notre condition… (ce que fait la société)

(cf fin du roman où Meursault se révolte en rejetant l’hypocrisie des hommes qui veulent donner du sens, ne veulent pas voir, reconnaître l’absurdité du monde : « Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine. » => Meursault veut, souhaite à présent être ETRANGER, le revendique. (= courage, forme de grandeur -« héroïsme » ?- du personnage qui recherche l’authenticité, refuse le mensonge)

En résumé …

Initialement, Meursault vivait la routine de la vie, la répétitivité des choses, il vivait en étant indifférent au monde et en vivant des sensations élémentaires. Il ne se faisait pas d'illusions sur les valeurs consacrées comme la mort, le mariage, l'honnêteté… Au fond, il se comportait comme si la vie n'avait pas de sens, il était en-dehors d'une morale, comme s’il n'y avait pas de références. Il n'avait pas pris conscience de l'absurde tout en vivant dedans.

Tout commence, dans la mesure où Meursault découvre l'absurdité de son rapport avec le monde lors du procès. Au fond, il découvre le lot de tout homme, c'est-à-dire qu'il est condamné à mort.

Camus face à ce non-sens du monde refuse un certain nombre de réponses comme l'hypothèse religieuse qui consiste en l'idée que l'homme = voulu et guidé par Dieu et que tous les actes ont un sens pour la vie éternelle. Meursault, comme Camus, rejette cette hypothèse. Il nous dit qu'il est habité par la certitude que la mort signe le non-sens de la vie. => Révolte de Meursault qui prend conscience de l’absurdité du monde et revendique ce statut d’étranger (refus de jouer le jeu de la société).

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