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Révolution Iranienne

Par   •  10 Octobre 2017  •  3 812 Mots (16 Pages)  •  423 Vues

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1.2 Retour en politique

En 1944, en exil depuis près de trois ans, Rezâ Shâh qui avait abdiqué de son trône sous la pression des alliés rend l’âme. Son fils, Mohammed Rezâ, lui avait succédé en 1941 devenant ainsi le second et dernier shâh de la dynastie Pahlavi. Mossadegh décide donc de réintégrer la vie politique iranienne et sera élu au Majles cette même année. En 1949, il créa le parti du Front national, une alliance politique qui aura pour objectif principal la nationalisation du pétrole iranien[13]. Son parti sera porté au pouvoir en 1951 et fera de Mossadegh le premier ministre du pays. Lorsqu’il entame ses nouvelles fonctions au début des années 1950, les choses ont beaucoup changé : une seconde guerre mondiale venait de se terminer, une autre commença, soit celle de la guerre froide. De plus, les Américains venaient tout juste de surclasser la Grande-Bretagne en tant que nouvelle puissance mondiale. Malgré tous ces changements, l’Empire britannique, du moins ce qu’il en reste puisqu’elle est loin d’être aussi puissante qu’elle l’a déjà été, exerçait encore une grande emprise sur le pays. Maintenant premier ministre, Mossadegh reprendra où il avait laissé avant son exclusion politique et entamera une réforme visant à nationaliser le pétrole[14]. Avec comme vision un Iran souverain, capable de contrôler ses ressources et libre de toute influence extérieure, Mossadegh insufflera un vent de nationalisme dans tout le pays (mossadeghisme). Exaspéré de l’ingérence étrangère qui opprime son pays, son gouvernement sera le premier à faire fit de la mainmise des Britanniques sur son territoire. Pour y parvenir, Mossadegh décidera de mettre un terme à l’accord de D’Arcy qui donnait le droit exclusif aux Britanniques, par l’entremise de l’Anglo-Iranian Oil Company (AIOC), d’exploiter toutes ressources pétrolières du pays. Selon Mossadegh, ce monopole d’exploitation est loin d’être légitime puisqu’il a été entériné par un gouvernement non constitutionnel. Il tenta d’en arriver à une entente quelconque offrant aux Britanniques de les dédommager. Cela dit, rien n’à y faire, les Anglais faisaient les sourds d’oreille et décideront de porter la décision de Mossadegh devant le Tribunal international de La Haye. Ce dernier donna raison à Mossadegh et acquiesça la décision prise par son gouvernement stipulant qu’elle était légitime[15]. Les Britanniques tentèrent à nouveau de plaider leur cause, cette fois devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Mossadegh demeura ferme sur sa décision et réitéra la légitimité de sa nationalisation. Durant son plaidoyer, il dira que « le Conseil de sécurité n’est nullement compétent pour examiner ce plan. »[16] Les Britanniques qui, jusqu’à ce jour, exerçaient un monopole sur cette ressource, venaient de voir l’AIOC, l’un de ses actifs les plus importants, basculer entre les mains du nouveau gouvernement iranien. L’Angleterre venait de se trouver un nouvel ennemi en Mossadegh. Désormais, leur seule pensée était qu’il devait partir. Les Anglais commenceront par imposer un embargo sur le pétrole iranien. Les États-Unis et les grandes compagnies du secteur pétrolier adapteront à leur tour les mêmes mesures. Ainsi, l’Iran se voyait privé de revenus forts importants pour son développement économique. De plus, les mesures mises en place pour empêcher l’Iran de vendre leur pétrole mettaient le gouvernement de Mossadegh dans une situation des plus précaires.

1.3 Coup d’État

Suite aux sanctions imposées par les Britanniques et la communauté internationale, Mossadegh réalisa que quelques-uns des officiers de l’armée complotaient contre son gouvernement et qu’ils essayaient de le renverser. Il demanda donc au shâh de lui remettre le contrôle du ministère de la Défense comme il était en droit de le réclamer. Suite au refus du shâh, Mossadegh démissionnera de son poste de premier ministre[17]. Cependant, un avant-gout de la révolution de 1979 se manifesta lorsque l’ayatollah Kashani ordonna au shâh de remettre Mossadegh en fonction et incita la population à la révolte. Désemparé, Rezâ Shâh nu d’autres choix que de se plier aux exigences de Kashani. L’appui monstre de la population suite à l’appel au soulèvement de l’ayatollah Kashani, venait démontrer à quel point la religion avait un poids politique colossal. Après le soulèvement populaire du 21 juillet 1951, la relation entre Mossadegh et le clergé tourna au vinaigre. Suite à la révolte, Mossadegh commença à voir ses appuis politiques se désagréger. Kashani, qui l’avait appuyé pour qu’il reprenne ses fonctions de premier ministre, n’appréciait pas le fait qu’il refuse d’intégrer des membres du clergé au sein de sa formation politique. Pour sa part, le parti Tudeh (parti communiste) continua de le supporter, au grand désarroi des Américains qui désavouaient tout ce qui avait une connotation communiste. Les Américains, qui depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale avaient une emprise considérable sur tout le Moyen-Orient, ne pouvaient envisager de voir l’Iran tomber sous l’influence russe. Cela dit, c’est avec la collaboration des services secrets britanniques et de la coopération du shâh que la CIA mettra sur pied une opération[18] pour renverser une fois pour tout le gouvernement de Mossadegh. Le coup d’État sera mené à exécution le 19 août 1953 et renversera Mossadegh, laissant ainsi la voie libre au retour de Mohammed Rezâ Shâh[19] pour un règne en toute quiétude. Il en profitera pour mettre sur pied la Savak, un corps policier répressif qui aura comme principal objectif d'oppresser tous ceux qui oseraient faire entrave à lui ou à ses nouvelles politiques. Le renversement de Mossadegh coïncidera avec la venue d’un nouvel ordre politique. Le jeune roi instaura graduellement un régime monarchique des plus totalitaires au service des puissances occidentales ce qui viendra complètement contrecarrer les progrès réalisés par Mossadegh. Cependant, la courte période durant laquelle Mossadegh exerça les fonctions de premier ministre aura laissé sa trace. Bien qu’il fût renversé, Mossadegh aura été en mesure de « neutraliser » les forces coloniales et d'implanter un sentiment anti-impérialiste qui germera au cours des décennies à venir. Son nom sera à tout jamais associé à l’indépendance du pays.

2. Savak

2.1 Implantation

Aux antipodes de son père, Rezâ Shâh Pahlavi est jeune, inexpérimenté et est loin d’avoir la stature de son paternel. Pour remédier à cette lacune, il créa la Savak

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