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La contribution des colonies britanniques à la Première Guerre mondiale

Par   •  2 Décembre 2018  •  3 071 Mots (13 Pages)  •  519 Vues

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La nostalgie n’est cependant pas la seule raison expliquant cet enthousiasme manifeste à l’idée de participer à une guerre lointaine. Des considérations politiques sont aussi en jeu, comme l’anxiété des Australiens par rapport à la « menace jaune ». En effet, les visées expansionnistes du Japon ainsi que l’immigration asiatique sont vues comme un péril grandissant qui inquiète le bon Australien blanc. Plaire à la Grande-Bretagne devenait donc primordial, car une voix forte au sein de la politique britannique représentait une certaine protection impériale garante d’une Australie blanche.[9] L’angoisse provenant du continent asiatique eut aussi un impact lorsque la question de la conscription se posa en 1916.

Les nouvelles du front parvinrent assez vite en terre Australienne et la population déchanta rapidement. Les gens voyaient la catastrophe de Gallipoli comme la faute de militaires britanniques désorganisés qui gaspillaient des vies australiennes. Le recrutement devint plus difficile, on commença à demander à tous les hommes en âge de servir s’ils voulaient s’enrôler, et s’ils refusaient on exigeait de connaître leurs raisons. Pour le gouvernement, c’était une question prioritaire qui influait sur la réputation de l’Australie à l’échelle internationale ainsi que sur son influence à Londres. William Morris Hughes, devenu premier ministre en 1915, essaya par deux fois de faire passer la conscription par référendum, sans succès. Il était en effet l’un des plus ardents défenseurs de cette grande Australie militariste ayant une grande influence à Londres et tenant tête à l’invasion asiatique. John Darwin explique ce double échec en grande partie par la conviction qu’avaient les Australiens que gaspiller des hommes blancs outre-mer les empêcherait de faire face à la menace venue d’Asie et aussi par peur que la démocratie souffre en donnant carte blanche aux britanniques.[10] Hughes ainsi que son homologue canadien Robert Borden étaient déterminés à ce que la contribution de leur pays à l’effort de guerre soit récompensée par l’abolition complète de leur statut de colonie en matière de politique étrangère.[11]

Gallipoli

Selon l'historien Peter Hart, Gallipoli fut une erreur du début à la fin. Pourtant, beaucoup d'Australiens considèrent encore aujourd'hui cette campagne comme la fondation de leur nation en tant que force militaire. C'est une campagne qui est entrée dans la mémoire collective comme un fait militaire héroïque et tragique grâce à une quantité de récits épiques se concentrant sur le courage des Anzacs. Les historiens tentent aujourd'hui de remettre les pendules à l'heure, mais il est difficile pour les Australiens d'avouer le génie militaire des Turcs dans cette campagne, ou bien la moindre importance de leurs troupes parmi tous ceux qui sont débarqués à Helles le 25 avril 1915. En effet, le rôle de l'Australie dans cette campagne est souvent exagéré, car ils ne sont qu'une minorité au sein des forces regroupant aussi des français, des anglais, des indiens et des néo-zélandais. De plus, leur nombre de défunts par rapport au leur population est moins élevé que pour d'autres nations. Six fois plus d'Australiens sont morts sur le front de l'ouest.

Gallipoli reste néanmoins une tragédie pour tous les Alliés qui y sont allés. Les erreurs des politiciens et des militaires sont innombrables. D'abord, Peter Hart explique que la campagne n'aurait jamais dû voir le jour, car toutes ces forces auraient été beaucoup plus utiles sur le front de l'ouest, la France étant grandement menacée. Cependant, des personnes haut placées croyaient à tord que soumettre les alliés de l'Allemagne suffirait à la mettre à genoux. Ils cherchaient ainsi la victoire facile, pensant que les Turcs n'offriraient aucune résistance digne de ce nom. Ils se sont amèrement trompés. En réalité, ils n'ont réussi qu'à montrer leur grande incompétence à la totalité du monde musulman. Les Australiens restés sur leurs terres étaient conscients du gaspillage qu’on faisait de leurs soldats à Gallipoli, tel le manque d’organisation chez les militaires britanniques était flagrant. C’est l’un des facteurs qui les firent dire non à la conscription.

Canada

L’effort de guerre canadien ne se résume pas qu’aux 630 000 hommes mobilisés. En effet, Darwin explique qu’en tant que pays n’utilisant pas la livre sterling, le rôle du Canada se révélait vital en raison de la pression de plus en plus forte exercée sur la monnaie britannique. Au total, la Grande-Bretagne emprunta 1 milliard de dollars au Canada, un montant égal au quart de qu’elle emprunta aux États-Unis. C’était aussi le pays non souverain le plus industrialisé et en plus d’avoir envoyé le plus grand contingent des dominions, il a fourni une large portion des munitions dont la Grande-Bretagne avait besoin. Le plus vieux dominion s’est donc révélé être un allié indispensable grâce à ses effectifs, sa production industrielle ainsi que ses dollars.[12]

Le Canada étant un dominion au même titre que l’Australie, c’est le gouvernement canadien qui avait le pouvoir de décider de l’importance de l’effort de guerre. Par contre, la guerre reçut un accueil mitigé au sein de la population en raison de la réalité sociolinguistique du Canada. Les francophones ne se sentaient pas appelés à participer à cette guerre lointaine qui ne les concernait pas. Du côté du Canada anglais, une véritable ferveur patriotique s’était emparée de la population. On ne pouvait pas comprendre les réticences des francophones à participer à la guerre. C’était en réalité une honte de ne pas en faire d’avantage. Selon Darwin, pour la majorité des anglophones du Canada, l’effort de guerre et le sacrifice canadien représentaient le test du Canada en tant que nation britannique.[13] C’est le débat sur la conscription qui mit au grand jour toutes les rivalités entre Canadiens-français et Canadiens-anglais.

Durant toute l’année 1917, le Canada fut déchiré par la crise de la conscription, un débat qui fut l’un des plus violents de l’histoire politique du Canada. D’un côté, on se faisait accuser de déloyauté, de lâcheté et d’immoralité, de l’autre, on se faisait reprocher d’être impérialiste, stupides et sanguinaires.[14] Le Premier Ministre conservateur-unioniste Robert Borden fit tout de même passer sa loi en août 1917 et s’assura sa réélection en décembre avec une loi électorale permettant aux femmes proches de soldats au front de voter,

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