L'histoire du bocage en France
Par Raze • 18 Novembre 2018 • 1 430 Mots (6 Pages) • 462 Vues
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La progression du bocage se fait notamment par le biais du développement de l’élevage. L’essor démographique, les demandes en lait, en fromage et en viande supposent une progression de l’herbage. Aussi voit-on se développer, dans des régions de champs ouverts, des mouvements d’enclôture et d’embocagement. C’est par exemple le cas de la Thiérache ou de certaines régions de l’ouest, comme les pays de Caux et de Bray (Normandie). Autre facteur de constitution du bocage à cette époque, il s’agit aussi d’évoquer, à la fin de la Guerre de Cent ans, les rachats de terres de censitaires, par les nobles. Ceux-ci bénéficient de grandes exploitations qu’ils confient à des métayers. Ces derniers ont pour devoir de réaliser des « fossez », soit un talus secondé d’un fossé.
La grande phase bocagère du XIXe siècle et l’exemple normand
Au XIXe siècle, on assiste à une claire spécialisation dans l’élevage. Les herbages prennent la place des polycultures céréalières dans les régions où les rendements sont peu élevés. Ces changements de spécialisation s’expliquent souvent par la qualité des sols. Dans certaines régions, ceux-ci font qu’il est plus fructueux de préférer l’élevage à la céréaliculture. C’est cette spécialisation de l’élevage, supposant l’enclôture, qui permet les derniers progrès notables du bocage en France. C’est, par exemple, le cas de la Champagne ou de la Normandie.
La Normandie est sans doute l’un des exemples les plus parlants, du fait de l’héritage bocager encore largement présent aujourd’hui. Le bocage est déjà répandu en Normandie au Moyen-Age, du fait de l’orientation vers l’élevage et de la pauvreté des sols. Comme évoqué plus haut, les progrès des enclôtures normandes se constatent au XVIIIe siècle, mais c’est au XIXe siècle que la Normandie voit le développement d’une empreinte herbagère forte. Au XVIIIe siècle, les pâturages sont nombreux car la spécialisation de la région est déjà en œuvre. Les zones limitrophes du pays de Bray, se spécialisant dans la céréaliculture, y envoient, par exemple, leurs troupeaux. Le XIXe voit ce processus s’accroitre et s’affermir. L’auteur évoque, en effet, un « raz-de-marée de l’herbe ». Les élevages normands comblent une partie de la demande laitière du bassin parisien. On doit le camembert à la Normandie ! La Normandie se spécialise également dans les fromages frais. [pic 1]
Le XXe siècle et le remembrement : vers la fin des structures bocagères
Au cours du XXe siècle, la modernisation agricole et le bocage semblent de plus en plus incompatibles. Les grandes machines sont autant gênées par la taille et la forme de ces structures, que par les haies et les talus inhérents au bocage. De plus, l’entretien des haies suppose une main d’œuvre agricole importante dont la cherté croit pendant le siècle. Ces facteurs expliquent le grand remembrement en œuvre la seconde partie du XXe siècle. Dans la majorité des régions françaises, et notamment bocagère, les parcelles sont agrandies, les haies disparaissent, notamment dans certaines parties de l’Ouest français, au profit des champs ouverts.
Naissent des mouvements de contestation déplorant la disparition d’un patrimoine paysager et d’équilibres écologiques. L’auteur apporte à ce débat des nuances pragmatiques. D’une part, le bocage participe à un équilibre écologique local seulement s’il est entretenu régulièrement. D’autre part, les remembrements de l’Ouest ont redynamisé l’agriculture locale, pour les raisons précitées. Cependant, il faut bien souligner que la disparition du bocage a entrainé un bouleversement dans les dynamiques végétales et pédologiques locales (appauvrissement des sols, de la biodiversité spécifique et paysagère etc.).
En définitive, si l’origine du bocage est très ancienne, son extension s’amorce réellement à partir de la fin du Moyen-Age jusqu’au milieu du XIXe siècle. Il s’agit d’un mouvement long. Les défrichements, l’appropriation de la terre et la spécialisation herbagère en ont été les grands ressorts. Le bocage et son histoire sont parsemés de débats géographiques, tant concernant sa genèse que sa disparition.
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