L'Ukraine de 1991 à aujourd'hui

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Ce n’est qu’en 1989 que la libéralisation du régime soviétique et la libération de tous les détenus politiques permit aux Ukrainiens de s’organiser pour défendre leurs droits. Le mouvement populaire d’Ukraine « Roukh », le premier parti dépendant d’Ukraine depuis 1919, fut ainsi fondé en 1989. Lors des élections de mars 1990, les partis Ukrainiens du bloc démocratique ont obtenu environ 25% des sièges du Parlement. Suite à un coup d’Etat des communistes en Russie (Putsch de Moscou), le pouvoir central est remis en cause. De ce fait, le Parlement Ukrainien proclame l’indépendance de la République, alors qu’un an auparavant, ce même Parlement avait proclamé la souveraineté de la République socialiste soviétique le 18 juillet 1990. Le 1er décembre, Leonid Kravtchouk est élu au suffrage universel, avec 61,59% des voix, à la présidence de l'Ukraine.

Le Parlement adopte, la Déclaration sur la souveraineté politique de l’Ukraine. Un référendum est organisé pour savoir, si oui ou non, les Ukrainiens souhaitent rester dans l’URSS. 90.5% des électeurs votent pour l’indépendance. Elle est proclamée le 24 août 1991 et l’URSS cesse d’exister à la suite de la dissolution décidée, lors de la réunion à Minsk des dirigeants russes, ukrainiens et biélorusses.[pic 8]

Mikhaïl Gorbatchev, gouverneur de l’URSS, met en garde contre la désintégration (dissolution venue de l'intérieur) qui menace le pays. Le 5 décembre 1991, Leonid Kravtchouk, devient ainsi le premier président de l'Ukraine indépendante, même si son investiture n’a lieu qu’un an après. Les représentants de l’URSS se réunissent à Minsk et décident de la création de la Communauté d’Etats indépendants (C.E.I), constatant que l’URSS n’existe plus. La C.E.I est créée dans les jours qui suivent par les présidents de républiques de Russie, d’Ukraine et de Biélorussie. D'autres républiques ex-soviétiques y adhéreront ensuite (Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Kirghizstan, Tadjikistan). Le jour de Noël, Gorbatchev démissionne de son poste de président de l'URSS. L’homme qui a permis la chute du communisme et d’un système totalitaire, annonce sa démission à la télévision russe : « Chers compatriotes, concitoyens, en raison de la situation qui s’est créée avec la formation de la Communauté des États indépendants, je mets fin à mes fonctions de président de l’URSS. Je défendais la préservation de l’intégrité du pays. Les événements ont pris une tournure différente. La ligne du démembrement du pays et de la dislocation de l’État a gagné, ce que je ne peux pas accepter ». Le drapeau de l’Union Soviétique est alors remplacé par le drapeau tricolore russe actuel.

A. La flotte de la mer Noire et la Crimée

Le 5 janvier 1992, le différend qui opposait la Russie à l'Ukraine sur le partage des forces de l'ex-U.R.S.S. s'aggrave à la suite de la décision ukrainienne de conserver le contrôle de la flotte de la mer Noire basée à Sébastopol, en Crimée. L'Ukraine tente, par tous les moyens, de contenir l'influence de la Russie et souhaite créer sa propre armée. La Russie lui impose de placer une grande partie de son armée, sous le commandement commun de la C.E.I. Cette position contredit les accords de Minsk du 30 décembre 1991. Leonid Kravtchouk dénonce alors le chauvinisme (admiration exagérée ou trop exclusive de son pays) de la Russie et sa prétention à vouloir gouverner ses voisins. Il annonce la création prochaine d'une monnaie nationale. Le Parlement Russe affirme l'appartenance de la flotte de la mer Noire (flotte de la marine russe stationnée dans la mer Noire) aux forces stratégiques de la C.E.I. et décide de prendre la décision prise en 1954, c’est-à-dire de transférer la province de Crimée de la fédération de Russie à la république d'Ukraine. Cette dernière décision viole les accords de Minsk et méconnaît le vote des habitants de Crimée, notamment des Russes, en faveur de l'indépendance de l'Ukraine, exprimée lors du référendum du 1er décembre 1991.

Après le vote par le Parlement ukrainien d'une loi accordant une large autonomie à la presqu'île, le Parlement de Crimée adopte une proclamation d'indépendance. La Crimée espère obtenir des concessions en matière économique, en échange de son maintien au sein de l'Ukraine car la flotte de la mer Noire, que se disputent Kiev et Moscou, est basée en Crimée. Le Parlement ukrainien, dénonce encore une fois la forte influence de Moscou derrière le courant indépendantiste en Crimée, et lance un ultimatum à la presqu’île pour qu'elle revienne sur sa décision. Cela se termine avec le Parlement de Crimée qui annule sa déclaration d'indépendance. Le Parlement russe juge sans valeur l'acte d'attribution de la Crimée à l'Ukraine par Nikita Khrouchtchev en 1954. Cette décision est critiquée par le gouvernement russe qui a estimé que la Crimée fait partie de l'Ukraine souveraine.

Un accord politique et économique est finalement trouvé le 23 juin 1992, à Dagomys, station balnéaire, situé au large de la mer Noire, entre les présidents russe et ukrainien, Boris Eltsine et Leonid Kravtchouk qui définissent une coopération entre la Russie et l'Ukraine. Les deux pays sont prêts à poursuivre les négociations sur l'avenir de la flotte de la mer Noire (sujet de conflit entre les deux pays auparavant), les dirigeants des deux États font un pas en avant, au détriment de la Communauté des États indépendants, en s'engageant à exploiter et à financer ensemble les bases navales de la mer Noire. Néanmoins, le problème de l'appartenance de la Crimée, à l'un ou l'autre pays, n’est pas évoqué pendant leur entretien. Dans le domaine de la défense, Leonid Kravtchouk affirme souscrire aux accords de désarmement, signés par Boris Eltsine et George Bush à Washington. L'accord prévoit le transfert à l'Ukraine d'une partie des biens de l'ex-U.R.S.S. à l'étranger.

Malgré l'engagement pris à Dagomys, en juin, d'aboutir à un partage rapide de cette flotte ex-soviétique, Boris Eltsine et Leonid Kravtchouk, décident de placer la flotte de la mer Noire, pour trois ans, sous un commandement commun indépendant de celui de la C.E .I.

Georges Bush et Boris Eltsine[pic 9]

B. Une tournure politique et économique

Le gouvernement ukrainien, en opposition avec son Parlement, est favorable à un rapprochement économique avec la