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Cours d'histoire contemporaine

Par   •  25 Novembre 2018  •  6 520 Mots (27 Pages)  •  560 Vues

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typiques de l’Ancien régime. La dynamique est la suivante. La crise

naît d’une mauvaise récolte c’est-à-dire d’une sous-production alimentaire. Cela signifie qu’il

y a moins de denrées sur le marché. Les prix augmentent très rapidement. Par conséquent, les

consommateurs doivent dépenser plus d’argent pour se nourrir et ont donc moins d’argent

pour acheter des produits industriels. La production industrielle chute en conséquence.

D’origine agricole, la crise touche également l’industrie et les villes. La conséquence: le

chômage augmente ce qui réduit encore la consommation. Dans les villes se développent

disette, chômage et troubles sociaux. On reviendra plus longuement à cette dynamique dans

le chapitre sur l’histoire économique.

Face à cette situation, le pouvoir royal prend les devants et propose une série de

mesures. Tout d’abord il veut libéraliser l’économie, en abolissant les guildes (et donc la

réglementation du marché de l’artisanat) et en libéralisant le commerce des grains. L’idée est

que les crises de subsistances peuvent être évitées en favorisant le commerce et donc les

importations de produits agricoles en périodes de mauvaises récoltes. Or les mesures libérales

aboutissent surtout à une hausse des prix.

Ensuite, pour rembourser la dette — la couronne doit alors consacrer la moitié de ses

revenues au service de la dette — on songe à taxer le clergé et la noblesse. Pour contrer la

résistance qu’une telle mesure provoquera inévitablement auprès des concernés, la couronne

convoque une Assemblé des Notables en 1787 et 1788, puis les États généraux, une

assemblée qui n’avait pas été convoquée depuis 1614 qui est seule habilitée à réformer la

fiscalité générale du royaume.

Avant de poursuivre avec l’histoire des États généraux, résumons brièvement ce qui

vient d’être dit, à propos des causes de la révolution française. A côté des causes sociales

(rôle de la bourgeoisie dans une « société d’ordres ») et culturelles (les Lumières), nous

voyons une crise économique (ralentissement de l’économie au niveau mondial et crise des

subsistances en France) et financière (dépenses militaires et limites à la taxation) qui

débouchent sur une crise politique. Il ne s’agit nullement de choisir entre ces différentes

explications et la Révolution française s’explique sans aucun doute par une conjonction de

ces différents éléments.

2. Les états généraux et la Révolution « libérale », 1789-1791

Abordons maintenant le déroulement des événements révolutionnaires. Afin de bien préparer

les État Généraux, on a recours à la tradition des Cahiers de doléances pour chaque ordre.

Les députés sont traditionnellement investis d’un mandat impératif et non représentatif: ils

sont porteurs des doléances des habitants de leur circonscriptions et il faut donc recueillir ces

doléances. Les cahiers du tiers-état sont pour la plupart rédigés le dimanche, jour de la messe,

où tous les villageois se retrouvent, puis une synthèse est remise aux députés. Cette pratique

donne lieu à une politisation importante de la population.

Or la convocation des États généraux s’avère plus compliquée que prévu. Se pose tout

d’abord la question des modalités du vote. Traditionnellement — si le mot a un sens, étant

donné que cette assemblée n’avait pas été convoquée depuis 175 ans — les trois états élisent

chacun leurs députés de manière à ce que chaque état est représenté par le même nombre de

députés. De cette manière, le clergé et la noblesse, donc moins de 3% de la population,

domineraient les États Généraux. Il va presque de soi que ceci se heurtait à la résistance du

tiers état. En janvier 1789 l’abbé Emmanuel Sièyes publie un pamphlet intitulé Qu’est-ce que

le Tiers-État? qui se vent en 30.000 exemplaires en un mois et dans lequel il plaide pour que

le vote de chaque ordre se fasse proportionnellement à sa représentativité réelle dans la

nation.

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Sièyes présente l’argument que le tiers-état forme la nation en entier: c’est le tiers-état

qui travaille et produit, tandis que noblesse et clergé sont des ordres improductifs et, en tant

que tels, ils ne font pas partie de la nation. Le succès en librairie de la brochure de Sieyès

n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres d’une mobilisation impressionnante de

l’opinion publique. En 1789 seront ainsi publiés plus de 3.000 brochures et 184 nouveaux

journaux. Cette agitation et la politisation de la France forcent l’exécutif d’augmenter le

nombre des députés du tiers-état (doublement du tiers). Le 5 mai 1789, 291 députés du

clergé, 270 de la noblesse (la noblesse de Bretagne ayant refusé de participer) et 578 du

Tiers-état se retrouvent

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