Analyse de Document "Les mémoires de la 2GM"
Par Junecooper • 21 Septembre 2018 • 1 389 Mots (6 Pages) • 707 Vues
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Françoise Giroud, de par sa stature importante dans la sphère médiatique, va délivrer sa vision du film témoignant du contexte qui était en place. A cette période le gouvernement français essaye de se cacher toujours derrière le « résistancialisme » (mythe politique selon lequel l’ensemble des Français aurait participé à la Résistance durant l’Occupation, et ce dès le début du conflit) et met en sourdine la mémoire et le travail historien. C’est cette pratique que dénonce Françoise Giroud dans sa phrase, « Ce film, vous ne le verrez pas sur le petit écran auquel il est destiné. ». En effet d'abord destiné à la télévision (« petit écran »), il est refusé par le directeur de l'ORTF (Office de Radiodiffusion Télévision Française) et quand ce dernier informe le général de Gaulle, lui disant que l’œuvre de Marcel Ophüls dit des « vérités désagréables » : le chef de l'État contexte que « les Français n'ont pas besoin de vérité, ils ont besoin d'espoir ». Donc l’état ne risque pas de diffuser un film qui explique les mécanismes du basculement de la France dans la collaboration et l'idéologie pétainiste. Toutefois c’est la période propice à la réouverture des plaies cachées à l’après-guerre : « Le manteau d'hermine que Charles de Gaulle a jeté sur les guenilles de la France doit à jamais dissimuler qu'elle avait perdu non seulement la guerre, ce qui n'est rien, mais l'honneur. ». Par cette métaphore Françoise Giroud, dénonce le côté « monarchiste » de Charles de Gaulle (« le manteau d’hermine ») et la manière qu’il a eu de cacher ce que la France a vécu, c’est-à-dire la perte de la guerre et de son honneur notamment en collaborant (arrestations de juifs par les policiers français).
Ces deux textes ne témoignent pas seulement d’une évolution de la société de 1945 à 1970, ils se penchent également sur la France du début du XXème siècle. En effet De Gaulle, « Il est vrai que beaucoup ont pu se tromper à tel moment ou à tel autre, depuis qu'en 1914 commença cette guerre de trente ans. », par cette phrase il résume les événements qui ont mené une partie de la France à se soumettre et à collaborer avec les allemands. Effectivement, La peur de la "Révolution" ou de la perte des privilèges économiques rassemble la bourgeoisie, derrière des mouvements de droite extrême, admirateurs de Franco, du fascisme italien, voire du nazisme, ils sont anti-communistes, antisémites, et opposés aux valeurs de la Révolution Française de 1789 ; un climat de tension s’installe. Plusieurs décennies s’écoulent et dans une société changée qui auparavant prônait le « résistancialisme », les témoignages et les recherches se multiplient autour de ce mythe et de l’occultation du régime de Vichy. « Tout le monde le sait mais il ne faut pas le dire. » Ces déclarations qui autrefois n’étaient qu’un secret de Polichinelle, sortent au grand jour par l’évolution de la société, un climat politique et intellectuel imprégné de l’esprit de Mai 68. Cependant ces révélations ne sont pas faciles à concevoir, et elles sont mise à l’écran dans le film de Marcel Ophuls. Françoise Giroud décrit ce bouleversement « Tant et tant d'images qui font mal [...]que l’on croyait oubliés » ; « au-delà de 40 ans, personne ne peut voir "le chagrin et la pitié" innocemment. ».
Ainsi, les intentions différentes des deux textes peuvent s’expliquer par leur contexte historique. Charles de Gaulle prône un discours d’union et de réconciliation, dans une situation criblée de tensions, de rancœurs et un pays en ruine. Françoise Giroud fait l’éloge du documentaire « le chagrin et la pitié » qui révèle les secrets de la collaboration, dans une atmosphère de recherche de la vérité. De plus, ces textes sont le fruits d’une évolution importante de la société au fil des générations, des événements qui ont conduit à l’histoire de la France. Des événements qui sont comme ils sont, ancrés dans notre société mais qui doivent être étudiés pour ne plus commettre les mêmes erreurs.
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