Un livre Boule de suif
Par Ninoka • 10 Mars 2018 • 3 575 Mots (15 Pages) • 657 Vues
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Ce sont des faits que l'on retrouve à la page 20: «Le devoir commençait donc pour les vaincus de se montrer gracieux envers les vainqueurs [...] il demeurait bien permis d'être poli dans son intérieur pourvu qu'on ne se montre pas familier, en public, avec le soldat étranger. Au dehors, on ne se connaissait plus, mais dans la maison on causait volontiers». En effet, les Prussiens ont tous les droits sur les Français, qui eux doivent se soumettre aux ordres et adapter leur comportement, suivant s'ils sont en privé ou en public.
A la page 31 : « Les paysans cachaient leurs réserves dans la crainte d'être pillés par les soldats qui, n'ayant rien à se mettre sous la dent, prenaient par force ce qu'ils découvraient. », on comprend qu'en plus de l'enjeu territorial, il y a un enjeu alimentaire extrêmement présent, qui effraye beaucoup les Français. Les paysans vivent dans une crainte constante de ne plus pouvoir subvenir à leurs besoins, à cause des Prussiens qui pillent sans retenue.
Malgré la défaite, il faut se rassurer et se valoriser, c'est pourquoi, lors du voyage en diligence, les hommes racontent des faits de guerre, en victimisant la France. La Prusse quant à elle, victorieuse, qui elle, est très mal vue; on le voit à la page 36 notamment: «on s’entretient de la guerre naturellement. On raconta des faits horribles des Prussiens, des traits de bravoure des Français.».
Ce passage à la page 40:«Il invita en français d'Alsacien les voyageurs à sortir, disant d'un ton raide:- «Foulez-fous descendre, messieurs, dames?» [...] L'autre, insolent comme les gens tout-puissants, le regarda sans répondre.», montre que tous les soldats ne sont pas mauvais et se montrent au contraire poli et cordial, bien que certains abusent de leur pouvoir et se comportent irrespectueusement.
Aux pages 44-45, les voyageurs font une allusion à Bismarck, général prussien, et lui rejettent entièrement la faute, puisqu'ils comprennent que tous les Prussiens ne sont pas des truands. Ils soutiennent bien évidemment la France, qu'ils considèrent comme étant victime de cette guerre et n'ayant fait que se défendre;« [...] ces militaires, ça n'est profitable à personne! [...] - «La guerre est une barbarie quand on attaque un voisin paisible; c'est un devoir sacré quand on défend la patrie.» [...] - «Oui, quand on se défend c'est autre chose; mais si l'on ne devrait pas plutôt tuer tous les rois qui font ça pour leur plaisir ? » ».
Problématique des différences entre les statuts sociaux:
La deuxième problématique de ce roman est la différence de considération entre les statuts sociaux et surtout la considération de la prostituée.
Avant le XIX siècle, les prostituées étaient vues comme faisant partie d'une classe inférieure, les gens de la haute société ne pouvaient pas se permettre d'avoir une quelconque relation en public avec elles, même si dans leur vie privée c'était autre chose.
Les différences entre les statuts sociaux dans ce récit:
En regardant ce passage de la page 29: «Aussitôt qu'elle fut reconnue, des chuchotements coururent parmi les femmes honnêtes, et les mots de «prostituée» , de «honte publique» furent chuchotés.»[...] «tout le monde baissa les yeux à l'exception de Loiseau qui guettait d'un air émoustillé»[...] «Ils se sentaient frères par l'argent, de la grande franc-maçonnerie de ceux qui possèdent, qui font sonner de l'or en mettant la main dans la poche de leur culotte.», on ressent toute la honte et la considération qu'ont les bourgeois à l'égard des prostituées en général, mais aussi la valeur qu'ils accordent à l'argent.
On peut lire à la page 32: «Il proposa de faire comme sur le petit navire de la chanson: de manger le plus gras des voyageurs. Cette allusion indirecte à Boule de suif choqua les gens bien élevés.», Loiseau, un bourgeois vaniteux, se permet de faire une allusion sadique contre Boule de suif qui est bien en chair, il ne la respecte pas puisqu'elle n'a pas un titre qui lui y oblige, d'après les bourgeois du XIXe siècle.
À la page 33: «Le mépris des dames pour cette fille devenait féroce, comme une envie de la tuer, ou de la jeter en bas de la voiture, dans la neige, elle, sa timbale, son panier et ses provisions.» Lorsque la prostituée sort de la nourriture, alors que tous les ventres crient famine, tous les bourgeois la détestent et l'envie puisqu'elle a osé y penser contrairement à eux, mais personne n'ose lui demander, car partager le repas d'une prostituée est une honte pour les bourgeois.
Bien que presque tous les passagers aient accepté de partager le repas avec la prostituée, Loiseau, essaie de lui résister par fierté bourgeoise, mais il finit par céder à la tentation. On peut le voir à la page 34: «Loiseau, dans son coin, travaillait dur, et, à voix basse, il engageait sa femme à l'imiter. Elle résista longtemps, puis, après une crispation qui lui parcourut les entrailles, elle céda. Alors son mari, arrondissant sa phrase, demanda à leur «charmante compagne» si elle lui permettait d'offrir un petit morceau à Mme Loiseau.» et à la page 35: «on hésitait, personne n'osant assumer la responsabilité du oui (accepter la proposition pour manger) [...] «Nous acceptons avec reconnaissance, madame.» [...] «On ne pouvait manger les provisions de cette fille sans parler. Donc on causa.». Les bourgeois ne peuvent pas se permettre de ne faire que profiter du repas donc, par respect, ils discutent , même avec une personne de classe inférieure. Ils sont hypocrites.
Lorsque Boule de suif refuse la proposition de l'officier prussien, les bourgeois commencent à lui accorder plus de respect, on peut le lire à la page 37: «Elle grandissait dans l'estime de ses compagnons qui ne s'étaient pas montrés si crânes», mais ce respect va rapidement se transformer en haine. En effet les bourgeois ne comprennent pas pourquoi cette prostituée refuse de s'offrir au général prussien surtout que, tant que le client paie, la prostituée ne choisit pas son client, surtout lorsqu'elle est enrobée. Ceci est décrit aux pages 54-57: «On en voulait presque à cette fille, maintenant, de n'avoir pas été trouver secrètement le Prussien [...]si cette «garce-là» allait les faire rester encore longtemps dans un pareil endroit. [...]puisque c'est son métier à cette gueuse, de faire
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