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Turquie, une puissance au Moyen Orient?

Par   •  6 Décembre 2017  •  3 550 Mots (15 Pages)  •  650 Vues

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• La Turquie est marquée par le pluralisme religieux. Majoritairement musulmane de rite sunnite, la Turquie abrite d’importantes minorités religieuses. Nombreuses confréries soufies et derviches tourneurs, importante communauté alévie représentant un quart de la population musulmane (un islam hétérodoxe proche du chiisme, tolérante et très attachés à la laïcité), juifs (30 000), chrétiens (environ 70 000 dont une majorité d’Arméniens catholiques de rite oriental mais également des chrétiens syriaques et orthodoxes. Toutefois, la majorité de la population n’a jamais accepté ce processus de modernisation autoritaire, par la répudiation de la charia et demeure attachée à l’islam et à ses codes sociaux. Un courant islamiste cherche à remettre en question les héritages du kémalisme. En 2004, les députés de l’AKP ont voulu introduire dans le nouveau Code pénal turc un article punissant l’adultère féminin.

II. Des transformations socio-économiques et politiques rapides qui fragilisent le pays

A. De profondes mutations socioéconomiques

• Sur le plan économique

- Une économie qui s’industrialise et se tertiarise. L’agriculture participe certes toujours à la formation du PIB à hauteur de 15% et emploie plus de 40% de la population active mais les produits industriels représentent aujourd’hui 80% des exportations du pays (textile notamment) et le tourisme devient une manne essentielle (12 millions de touristes étrangers par an pour 9 milliards de dollars de recettes).

- Toutefois, une économie très contrastée avec un net retard sur les pays européens et de fortes disparités régionales, deux éléments qui l’affaiblissent dans sa demande d’intégrer l’UE.

- Et des crises récurrentes ces dernières années : en 2000-2001, la croissance a chuté d’environ 10% ; une inflation forte depuis une vingtaine d’année, des déficits budgétaires abyssaux, un endettement extérieur préoccupant (120 milliards de dollars en 2000)., très gros débiteur du FMI.

• Sur le plan démographique

- une forte croissance démographique dans les années 1950-75 (2,5% par an en 1975) qui se ralentit nettement mais demeure relativement soutenue (1,3% par an en 2003)

- un pays jeune : 70% de la population a moins de 30 ans

- une urbanisation forte qui fait passer la Turquie de pays très rural à pays à dominante urbaine (60% de la population aujourd’hui).

• Sur le plan social

Selon les chiffres officiels, 8% de la population sous le seuil de pauvreté monétaire relative et 12% de chômeurs ; des chiffres à réévaluer à la hausse selon la Banque mondiale. Des taux de scolarisation bien inférieurs à ceux des pays de l’Europe : 77% dans le primaire, 30% dans le secondaire et seulement 8% dans le supérieur.

B. L’accélération des réformes politiques et juridiques

• La constitution date de 1982, elle a été rédigée par les dirigeants issus du coup d’Etat militaire de 1980 soucieux d’empêcher tout retour au chaos politique, si bien qu’elle exclut du système les forces considérées comme des ennemies de l’Etat laïque et indivisible, notamment courants politiques séparatistes et islamistes, et qu’elle instaure à cette fin un Comité de Sécurité nationale dirigé par les militaires. Plus globalement, la sauvegarde de la nation et les intérêts supérieurs de l’Etat priment sur les droits fondamentaux de l’individu et les libertés politiques. Cette Constitution, forte de sa grande cohésion et son orientation autoritaire, se prêtait mal à de simples transformations ponctuelles, elle aurait nécessité une vaste refonte. C’est pourtant la première option qui l’emporte, avec une série de six révisions constitutionnelles depuis 1995, assorties de huit réformes législatives, fondant l’ « état de droit » démocratique qui doit répondre aux fameux « critères de Copenhague » pour l’adhésion à l’UE.

• La Turquie amende sa Constitution pour être conforme aux principes de l’Union européenne en matière de d’Etat de droit et de libertés fondamentales (2001). Le Parlement turc abolit la peine de mort et octroie des droits linguistiques et culturels aux Kurdes (2002). Elle réforme en 2003 le tout-puissant Conseil de Sécurité nationale, jusqu’ici composé exclusivement de militaires, en leur adjoignant des civils chargés d’encadrer l’intervention des militaires dans la vie politique.

Fait important, la Turquie renonce à la peine de mort pour le Kurde Abdullah Öcalan, un signe fort à destination des Européens.

• Toutefois, en 2001, Ankara a été condamnée 169 fois par la Cour européenne des droits de l’homme pour violation des libertés fondamentales et usage de la torture. La gestion de l’appareil d’Etat demeure trop opaque et la corruption répandue : la Banque mondiale estimait en 2003 la corruption à environ 15% du montant des contrats publics.

C. Des dangers pèsent sur la stabilité intérieure du pays

• La poussée de l’islamisme est profonde dans un pays pourtant attaché depuis 8 décennies à la laïcité : tout un courant de l’opinion est désormais favorable à une réconciliation avec le passé ottoman et un retour à la charia, le retour du « voile » au cœur de la société féminine en est un des signes les plus évidents. Il semble que l’on soit entré dans l’ère du « post-kémalisme », la victoire de l’AKP (Parti de la Justice et du Développement) en 2002 étant à cet égard symbolique : ce parti « musulman conservateur » comme il s’intitule lui-même (pour ne pas dire « islamiste », trop connoté…) a remporté à lui seul une majorité absolue au Parlement et a porté Recep T . Erdogan, ancien maire d’Istanbul, au poste de premier ministre. Il est soutenu par les classes moyennes et la bourgeoisie d’affaires qui allient les aspirations à la modernité économique et le conservatisme social. Toutefois, la perspective de voir élu un président de la république issu de la mouvance islamiste, Abdullah Gul, ancien ministre d’Erdogan, mobilise des centaines de milliers de manifestants au printemps 2007. Toutefois, cette élection a été validée et la nouvelle procédure d’interdiction du parti islamiste AKP n’a pas abouti.

• Le poids de l’armée demeure très fort (ingérence

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