"I have a dream", Martin Luther King
Par Christopher • 27 Septembre 2018 • 3 045 Mots (13 Pages) • 845 Vues
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Poursuivons avec le logos. Pour rappel, le logos sert à marquer les esprits. Comme mentionné auparavant, la population blanche d’Amérique est marquée par l’ignorance et la peur, c’est pourquoi Martin Luther King ne la blâme et emboîte le pas d’Abraham Lincoln. Aux lignes 6 à 9, Martin Luther King fait référence à son prédécesseur : « Il y a un siècle de cela, un grand Américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre Proclamation d’Émancipation. Ce décret capital se dresse, comme un grand phare illuminant d’espérance les millions d’esclaves marqués au feu d’une brûlante injustice. Ce décret est venu comme une aube joyeuse terminer la longue nuit de leur captivité. » Ce que veut dire Martin Luther King à travers ses propos, c’est que la fin de la ségrégation doit être vue comme une étape logique et cohérente dans l’histoire des Etats-Unis, et non comme une rupture effrayante comme certains détracteurs le redoutent. En bon citoyen américain et afin de toucher ses compatriotes, Martin Luther King va également utiliser des références tirées du patrimoine culturel des Américains, à savoir les textes des Pères de la Nation ainsi que la Bible (encore un lien avec son statut de pasteur). C’est le cas aux lignes 81-82 « Je rêve qu’un jour toute la vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair. » où Martin Luther King fait référence à la Bible en général, à Isaïe en particulier. Autre référence culte, aux lignes 30-31, « Cet étouffant été du légitime mécontentement des Noirs ne se terminera pas sans qu’advienne un automne vivifiant de liberté et d’égalité. », lors de laquelle le militant américain fait référence à Shakespeare (« L’été de notre mécontentement » dans Richard III). Martin Luther King dresse donc sa plaidoirie à travers des références culturelles connues de tous et utilise des arguments chocs afin de répondre à ses adversaires. Les opposants accusent, en effet, le Mouvement Civique de violence. Cependant, selon Martin Luther King, ce sont bien les racistes qui s’opposent à la loi et à l’histoire de l’Amérique.
Finalement, penchons-nous sur l’ethos. Le rôle de l’ethos est de ronger les consciences. Martin Luther King explique donc que les Etats-Unis ont une obligation, celle d’offrir les mêmes droits à chacun, peu importe leur ethnie. La situation actuelle (ségrégation raciale), ouvertement critiquée par Martin Luther King, empêche ainsi les citoyens noirs de vivre leur American Dream. Le militant et pasteur va ainsi se montrer moralisateur et prêcheur envers le peuple blanc et fait appel, une fois encore, à la religion pour toucher un pays aux très fortes valeurs religieuses. On peut le constater aux lignes 19 à 23 : « Il est évident aujourd’hui que l’Amérique a manqué à ses promesses à l’égard de ses citoyens de couleur. Au lieu d’honorer son obligation sacrée, l’Amérique a délivré au peuple Noir un chèque en bois, qui est revenu avec l’inscription “ provisions insuffisantes ”. Mais nous refusons de croire qu’il n’y a pas de quoi honorer ce chèque dans les vastes coffres de la chance, en notre pays. Aussi, sommes-nous venus encaisser ce chèque, un chèque qui nous donnera sur simple présentation les richesses de la liberté et la sécurité de la justice. » Martin Luther King va cependant demander au peuple noir de poursuivre intelligemment leur combat, c’est-à-dire en respectant des valeurs de non-violence et l’éthique prônée par la constitution américaine (lignes 41 à 44 : « Ne cherchons pas à satisfaire notre soif de liberté en buvant à la coupe de l’amertume et de la haine. Nous devons toujours mener notre lutte sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline. Nous ne devons pas laisser nos revendications créatrices dégénérer en violence physique. Sans cesse, nous devons nous élever jusqu’aux hauteurs majestueuses où la force de l’âme s’unit à la force physique. »).
Conclusion
En conclusion, il est intéressant d’évoquer l’évolution du discours de Martin Luther King, qui commence avec un constat froid de la situation actuelle aux Etats-Unis (au moment du discours donc), c’est-à-dire la ségrégation raciale, puis glisse peu-à-peu vers l’espoir de voir un avenir meilleur, où le racisme aura disparu et où les Noirs bénéficieront des mêmes droits que les Blancs. Une évolution de l’ombre (début du discours) vers la lumière (fin du discours). Il est également important de souligner que Martin Luther King utilise un registre très religieux tout au long de son élocution car il sait que les Etats-Unis sont un pays très pratiquant et religieux, toute ethnie confondue. En bon pasteur, il voit donc, via le biais de la religion, une opportunité de rapprocher les Noirs et les Blancs et de mettre un terme au racisme.
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COMPLEMENT
Je vais commencer ce complément en redonnant les définitions du pathos, du logos et finalement de l’ethos. J’ai décidé de reprendre les définitions vues lors du séminaire de rhétorique avec M. Raphaël Micheli, que lui-même tire d’Aristote.
Le pathos : « C’est la disposition des auditeurs, quand leurs passions sont excitées par le discours. Nous portons autant de jugements différents, selon que nous anime un sentiment de tristesse ou de joie, d’amitié ou de haine. […] Nous entrerons dans le détail à cet égard, lorsque nous parlerons des passions. »
Le logos : « Enfin, c’est par le discours lui-même que l’on persuade lorsque nous démontrons la vérité, ou ce qui paraît tel, d’après des faits probants déduits un à un. »
L’ethos : « C’est le caractère moral de l’orateur qui amène la persuasion, quand le discours est tourné de telle façon que l’orateur inspire la confiance. Nous nous en rapportons plus volontiers et plus promptement aux hommes de bien […]. Il faut d’ailleurs que ce résultat soit obtenu par la force du discours, et non pas seulement par une prévention favorable à l’orateur. […] »
Concernant l’analyse d’un extrait du discours, j’ai décidé de me concentrer sur le passage le plus célèbre du discours, à savoir des lignes 68 à 82 (vous trouverez en copie de mail le discours).
Dès le début de ce passage, Martin Luther King met en place la situation du discours qu'il va annoncer, c’est-à-dire
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