Cours d'histoire contemporaine
Par Christopher • 25 Novembre 2018 • 6 520 Mots (27 Pages) • 548 Vues
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typiques de l’Ancien régime. La dynamique est la suivante. La crise
naît d’une mauvaise récolte c’est-à-dire d’une sous-production alimentaire. Cela signifie qu’il
y a moins de denrées sur le marché. Les prix augmentent très rapidement. Par conséquent, les
consommateurs doivent dépenser plus d’argent pour se nourrir et ont donc moins d’argent
pour acheter des produits industriels. La production industrielle chute en conséquence.
D’origine agricole, la crise touche également l’industrie et les villes. La conséquence: le
chômage augmente ce qui réduit encore la consommation. Dans les villes se développent
disette, chômage et troubles sociaux. On reviendra plus longuement à cette dynamique dans
le chapitre sur l’histoire économique.
Face à cette situation, le pouvoir royal prend les devants et propose une série de
mesures. Tout d’abord il veut libéraliser l’économie, en abolissant les guildes (et donc la
réglementation du marché de l’artisanat) et en libéralisant le commerce des grains. L’idée est
que les crises de subsistances peuvent être évitées en favorisant le commerce et donc les
importations de produits agricoles en périodes de mauvaises récoltes. Or les mesures libérales
aboutissent surtout à une hausse des prix.
Ensuite, pour rembourser la dette — la couronne doit alors consacrer la moitié de ses
revenues au service de la dette — on songe à taxer le clergé et la noblesse. Pour contrer la
résistance qu’une telle mesure provoquera inévitablement auprès des concernés, la couronne
convoque une Assemblé des Notables en 1787 et 1788, puis les États généraux, une
assemblée qui n’avait pas été convoquée depuis 1614 qui est seule habilitée à réformer la
fiscalité générale du royaume.
Avant de poursuivre avec l’histoire des États généraux, résumons brièvement ce qui
vient d’être dit, à propos des causes de la révolution française. A côté des causes sociales
(rôle de la bourgeoisie dans une « société d’ordres ») et culturelles (les Lumières), nous
voyons une crise économique (ralentissement de l’économie au niveau mondial et crise des
subsistances en France) et financière (dépenses militaires et limites à la taxation) qui
débouchent sur une crise politique. Il ne s’agit nullement de choisir entre ces différentes
explications et la Révolution française s’explique sans aucun doute par une conjonction de
ces différents éléments.
2. Les états généraux et la Révolution « libérale », 1789-1791
Abordons maintenant le déroulement des événements révolutionnaires. Afin de bien préparer
les État Généraux, on a recours à la tradition des Cahiers de doléances pour chaque ordre.
Les députés sont traditionnellement investis d’un mandat impératif et non représentatif: ils
sont porteurs des doléances des habitants de leur circonscriptions et il faut donc recueillir ces
doléances. Les cahiers du tiers-état sont pour la plupart rédigés le dimanche, jour de la messe,
où tous les villageois se retrouvent, puis une synthèse est remise aux députés. Cette pratique
donne lieu à une politisation importante de la population.
Or la convocation des États généraux s’avère plus compliquée que prévu. Se pose tout
d’abord la question des modalités du vote. Traditionnellement — si le mot a un sens, étant
donné que cette assemblée n’avait pas été convoquée depuis 175 ans — les trois états élisent
chacun leurs députés de manière à ce que chaque état est représenté par le même nombre de
députés. De cette manière, le clergé et la noblesse, donc moins de 3% de la population,
domineraient les États Généraux. Il va presque de soi que ceci se heurtait à la résistance du
tiers état. En janvier 1789 l’abbé Emmanuel Sièyes publie un pamphlet intitulé Qu’est-ce que
le Tiers-État? qui se vent en 30.000 exemplaires en un mois et dans lequel il plaide pour que
le vote de chaque ordre se fasse proportionnellement à sa représentativité réelle dans la
nation.
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Sièyes présente l’argument que le tiers-état forme la nation en entier: c’est le tiers-état
qui travaille et produit, tandis que noblesse et clergé sont des ordres improductifs et, en tant
que tels, ils ne font pas partie de la nation. Le succès en librairie de la brochure de Sieyès
n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres d’une mobilisation impressionnante de
l’opinion publique. En 1789 seront ainsi publiés plus de 3.000 brochures et 184 nouveaux
journaux. Cette agitation et la politisation de la France forcent l’exécutif d’augmenter le
nombre des députés du tiers-état (doublement du tiers). Le 5 mai 1789, 291 députés du
clergé, 270 de la noblesse (la noblesse de Bretagne ayant refusé de participer) et 578 du
Tiers-état se retrouvent
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