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Oradour-Sur-Glane

Par   •  23 Mai 2018  •  1 936 Mots (8 Pages)  •  456 Vues

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Dès ce moment-là, nous comprîmes que nous étions perdus ! »

En feux croisé, la mitraillette cracha la mort. Les corps tombèrent pêle-mêle.

Une deuxième décharge abattit ceux qui étaient encore debout. Les balles, d'après les points d'impact, les atteignirent pour la plupart en pleine poitrine et beaucoup de projectiles se logèrent dans le mur.

Puis, deux des meurtriers s'avancèrent vers le tas sanguinolent pour achever, avec leurs revolvers, ceux qui, blessés ou agonisants, remuaient encore.

Tout n'était pas encore fini. Le massacre ne suffisait pas. Il fallait le bûcher, l'incendie. Alors, les mercenaires apportèrent des fagots et de la paille et en recouvrirent les cadavres. Ils mirent ensuite le feu à cet amas de brindille.

Seulement cinq hommes réchappèrent de cette fournaise. D'autres, dans les autres granges, n'eurent pas cette chance, et aucun d'entre eux ne s'échappa.

D'autres massacres eurent lieu, dans les autres granges, mais aussi sur la place du bourg où furent fusillés quatre jeunes personnes de passage en vélo, un blessé ayant une jambe plâtrée réussit à s'échapper en se cachant, et cela malgré sa jambe, le conducteur du tramway, des maçons qui travaillaient sur un échafaudage, etc.

LE MASSACRE DE L'ÉGLISE

Alors que femmes et enfants sont enfermés dans l'église, la petite porte d'entrée s'ouvre. Deux guerriers portent une énorme caisse. Ils avancent à travers la foule.

Dans un brouhaha effréné, le feu de Bengale exerce rapidement ses ravages. La fumée pique et rougit les yeux, assèche les muqueuses, devient suffocante.

Les tueurs à l'affût braquent leurs armes automatiques dans la fumée qui reflue sur eux, et ils tirent précipitamment, à l'aveugle, des rafales de leur mitraille.

A force de frapper sur sa porte, la sacristie s'ouvre et les corps s'y engouffrent pour chercher quelques instants de repos, mais il sera de courte durée. Des projectiles les frappent en pleine poitrine.

Pourtant, dans cet Enfer nouveau, deux ombres se faufilent, reculent et se glissent.

Montant sur un escabeau, enjambant le maître-autel, grimpant plus haut encore, une femme se penche pour respirer par l'étroite baie du milieu de l'abside. Le vitrail se brise et à travers les barreaux, le grillage se soulève, une tête apparaît.

Un moment d'hésitation, puis un corps s'accroupit et s'élance dans le vide.

D'une chute de trois mètres, il tombe lourdement sur un remblai, entre les soubassements de l'édifice.

Une autre femme apparaît et tend son enfant âgé de quelques mois à celle qui est en bas. Mais les S.S. l'ont vue, et ils tirent une rafale meurtrière sur Mme Joyeux et son enfant, leurs corps tombent à terre.

Mme Rouffanche, qui s'est sauvé du carnage a été touchée par la rafale. Mais elle ne perd pas espoir et se traîne jusqu'au jardin du presbytère où elle s'étend entre les rangs de petits pois. Elle reste près de 24 heures allongée sur le sol humide.

Dans l'église, la fournaise est telle que la cloche a fondue et est devenue un amas de métal difforme.

[pic 3]

Carcasses de voitures d'enfants

L'ÉCŒURANT TRAVAIL DES SECOURISTES

Les secouristes, arrivés le lendemain dans l'après-midi, ne trouvèrent que corps calcinés et amas de cendres.

Ils découvrirent également le corps du garagiste, tué de deux balles dans le dos, empalé sur une palissade.

Mais ils trouvèrent aussi Mme Rouffanche, seule rescapée de l'église, et les trop rares survivants, cachés ou enfuis à travers campagne.

Pierre Poitevin, Dans l'enfer d'Oradour (extraits)

[pic 4]

[pic 5]

Marguerite Rouffanche renouvelle son témoignage en novembre 1944 :

« Entassés dans le lieu saint, nous attendîmes, de plus en plus inquiets, la fin des préparatifs auxquels nous assistions. Vers 16 heures[N 7], des soldats âgés d'une vingtaine d'années placèrent dans la nef, près du chœur, une sorte de caisse assez volumineuse de laquelle dépassaient des cordons qu'ils laissèrent traîner sur le sol. Ces cordons ayant été allumés, le feu fut communiqué à l'engin dans lequel une forte explosion se produisit et d'où une épaisse fumée noire et suffocante se dégagea. Les femmes et les enfants à demi asphyxiés et hurlant d'épouvante affluèrent vers les parties de l'église où l'air était encore respirable. C'est ainsi que la porte de la sacristie fut enfoncée sous la poussée irrésistible d'un groupe épouvanté. J'y pénétrai à la suite et, résignée, je m'assis sur une marche d'escalier. Ma fille vint m'y rejoindre. Les Allemands, s'étant aperçus que cette pièce était envahie, abattirent sauvagement ceux qui venaient y chercher refuge. Ma fille fut tuée près de moi d'un coup de feu tiré de l'extérieur. Je dus la vie à l'idée de fermer les yeux et de simuler la mort. Une fusillade éclata dans l'église. Puis de la paille, des fagots, des chaises furent jetés pêle-mêle sur les corps qui gisaient sur les dalles. Ayant échappé à la tuerie et n'ayant reçu aucune blessure, je profitai d'un nuage de fumée pour me glisser derrière le maître-autel. Il existe dans cette partie de l'église trois fenêtres. Je me dirigeai vers la plus grande qui est celle du milieu et, à l'aide d'un escabeau qui servait à allumer les cierges, je tentai de l'atteindre. Je ne sais alors comment j'ai fait, mais mes forces étaient décuplées. Je me suis hissée jusqu'à elle, comme j'ai pu. Le vitrail était brisé, je me suis précipitée par l'ouverture qui s'offrait à moi. J'ai fait un saut de plus de trois mètres, puis je me suis enfuie jusqu'au jardin du presbytère. Ayant levé les yeux, je me suis aperçue que j'avais été suivie dans

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