Pédagogie Freinet
Par Matt • 8 Décembre 2018 • 8 003 Mots (33 Pages) • 622 Vues
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Après la déclaration de guerre de 1939, on fait pression sur Freinet pour qu’il retire l’adjectif « prolétarien » du titre de sa revue, mais cela n’empêche pas les censures arbitraires continuelles de textes purement pédagogiques. Le journal des enfants est interdit, parce que « suspect de contenir des messages codés ». En mars 1940, Freinet est arrêté et interné (il ne sera libéré qu’en octobre 41). L’administration veut contraindre Elise Freinet à fermer immédiatement l’école, avant même qu’elle ait pu rendre à leur famille ou confier les petits pensionnaires dont elle a la charge. En mars 41, enfin, elle confie l’école à une association tchèque qui en profitera pour sauvegarder aussi des enfants juifs, puis elle se retire chez sa mère à Vallouise. Freinet la rejoindra dès sa libération. C’est pendant son inactivité forcée qu’il rédigera ses principaux livres : Conseils aux parents, L’Ecole Moderne Française, L’Education du Travail, Essai de Psychologie Sensible.
En 1944, il rejoint le maquis de Béassac et deviendra membre du Comité Départemental de Libération des Hautes-Alpes à Gap. Il dirige un centre d’accueil pour enfants victimes de guerre, puis relance son mouvement.
En 1946, il rouvre l’école Freinet, redémarre la CEL qui s’installe désormais à Cannes. Pour éviter toute confusion péjorative entre la coopérative commerciale CEL et le mouvement pédagogique, il propose la création de l’Institut Coopératif de l’Ecole Moderne (ICEM) qui sera officialisé en 47. C’est maintenant par milliers qu’on compte les militants et les abonnés aux revues.
Freinet développe la notion de « méthodes naturelles », dans toutes les disciplines scolaires, grâce au tâtonnement expérimental des enfants. Il propose la création de brevets partiels pour remplacer classements et examens. Elise Freinet forme les enseignants de l’ICEM à l’animation du dessin et de la peinture libres. Elle crée la notion d’« art enfantin ».
En 1948, le cinéaste Jean-Paul Le Chanois réalise le film « L’Ecole buissonnière », inspiré librement de l’action de Freinet. C’est un immense succès.
Alors que Freinet était depuis 1926 membre du Parti Communiste, il est d’abord victime de rumeurs calomnieuses sur son attitude pendant la guerre, puis en 1950 de critiques violentes de sa pédagogie et, en 1953, du fonctionnement de l’ICEM et de l’entreprise CEL. C’est la rupture qui, néanmoins, ne portera pas préjudice au mouvement ne cessant de se développer.
Devant les problèmes posés par le nombre excessif d’élèves, Freinet lance en 1955 la campagne « 25 élèves par classe ». Après des réactions syndicales sceptiques, le mot d’ordre sera largement repris.
Pour prendre en compte l’impact international de la pédagogie Freinet dès l’origine, se crée en 1957 la Fédération Internationale des Mouvements d’Ecole Moderne (FIMEM).
En 1961, une rupture se produit avec le groupe parisien. Fernand Oury fonde son Groupe d’Education Thérapeutique (GET) où il met progressivement en place sa « pédagogie institutionnelle » (il ne se rapprochera de l’ICEM qu’en 1979).
En 1963, réagissant aux prétentions américaines de machines à enseigner, Freinet s’intéresse à la programmation et crée les bandes enseignantes, à l’époque où les petits ordinateurs n’existaient pas.
En 1964 : L’école Freinet est reconnue comme école expérimentale, et ses enseignants pris en charge par le ministère de l’Éducation Nationale. Sa renommée attire de nombreux stagiaires et visiteurs du monde entier, et tous les étés s’y déroulent des rencontres appelées “journées de Vence” avec la participation de personnalités et de chercheurs du monde de l’éducation.
En 1965, il accepte de se faire représenter aux réunions préparant une « Déclaration commune des groupes et mouvements se réclamant de l’éducation nouvelle » et formeront ensuite le CLEN (Comité de Liaison pour l’Education Nouvelle).
En février 1966, Freinet tombe sérieusement malade et pour la première fois ne pourra animer lui-même le congrès international de l’Ecole Moderne à perpignan. Il décède en octobre et se fait inhumer dans son village natal de Gars.
Après sa mort, son mouvement poursuit la tâche entreprise par le fondateur. Freinet est, sans conteste, le pédagogue français du 20ième siècle dont le rayonnement international est le plus large.
L’école Freinet abandonne son internat en 1971 et n’accepte plus que des externes. Rachetée par l’Etat en 1991, elle devient école publique à statut spécial. Ses locaux sont désormais inscrits au patrimoine historique.
Aujourd’hui les classes coopératives de l’École Moderne fonctionnent toujours avec les techniques de l’expression libre et du journal scolaire, de la correspondance interscolaire et des réseaux, avec l’apport des techniques modernes que sont l’informatique, la vidéo, l’Internet ... Comme à ses origines, un même espoir en la liberté de l’enfant et en l’Homme anime les enseignants de l’ICEM, convaincus que la pédagogie de Freinet, vivante et généreuse, est porteuse d’une éducation populaire synonyme d’espoir et de modernité pour le 21ème siècle.
Les fondements de la pédagogie Freinet
Célestin Freinet, de part sa pédagogie, a voulu révolutionner le système scolaire au bénéfice de tous les enfants. Il souhaitait une école centrée sur l’enfant en opposition à l’école traditionnelle focalisée sur la matière à enseigner, sur les programmes et sur un système hiérarchique.
Les bases de la pédagogie Freinet repose sur l’idée que chaque enfant a besoin de communiquer avec les autres, de s’exprimer, d’agir. Chaque élève a besoin que l’école favorise la communication entre élève et avec l’adulte. Il a besoin que l’enseignement l’aide à construire ses outils d’expression et que le fonctionnement de l’école lui permette de s’investir dans l’action. C’est un système d’apprentissage dans lequel les enfants sont moteurs des activités, avec l’aide de l’adulte. Dans les écoles Freinet, la liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres. Le respect mutuel est la condition première de l’apprentissage. La pédagogie Freinet est alors une éducation dans la confiance, qui s’accompagne d’une réelle prise en charge par les enfants de leur mode de vie et de leur travail. Cela sous-entend, une réelle transformation des relations maître/élève. De ce fait, le pédagogue Freinet souhaite
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