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Le chef d'oeuvre inconnu

Par   •  2 Juin 2018  •  1 145 Mots (5 Pages)  •  599 Vues

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ses œuvres. Frenhofer, rêvant de donner vie à sa femme peinte, n’a fait que gâcher sa toile. Frenhofer a transmis à Poussin certains « secrets » de peinture

. Cet incipit situe d’emblée le récit dans l’espace et le temps. Il renseigne précisément sur l’époque, « 1612 », et sur le lieu : Paris, rue des Grands-Augustins, devant la porte d’une maison.

Référence à des figures politiques, Henri IV et Marie de Médicis, et à deux peintres réels : Porbus et Rubens

Focalisation externe. Cette perspective permet de créer un mystère autour du personnage. Qui est-il ? Que vient-il faire ? Pourquoi hésite-t-il ?

À partir de la ligne 16, le narrateur nous permet d’accéder aux sentiments du personnage. Ce bref passage en focalisation interne correspond à une transition : le texte renonce au récit (exposition narrative) pour développer le discours d’un narrateur maintenant omniscient.

La description du vieillard est construite et orientée. Elle campe d’abord une silhouette grâce à un portrait en pied du personnage, dépeint son costume et sa démarche, selon une vue d’ensemble. Elle s’attache ensuite à un portrait physique plus précis, tête et corps, organisant les détails de haut en bas : elle débute par le front, puis caractérise le nez, la bouche, le menton, pour revenir aux yeux.

– C’est d’abord par les yeux de Poussin que nous découvrons progressivement le vieillard qui monte l’escalier

Ce portrait relève, par les thèmes qu’il met en œuvre, du registre fantastique.

– Ainsi Frenhofer apparaît bien comme un personnage diabolique, par la connotation des yeux vert, la barbe taillée en pointe et l’impression d’une vieillesse prodigieuse.

– Le vocabulaire renforce cette tonalité fantastique : les adjectifs « diabolique », « magnétiques », « fantastique » et le substantif polysémique « bizarrerie », par exemple, tirent le personnage vers le surnaturel.

– Enfin, le dernier élément fantastique tient à l’hésitation que provoque cette figure ambiguë : en elle coexistent les contraires, la force et la faiblesse, la beauté et la laideur. Le vieillard est à la fois grotesque et inquiétant, il relève de l’art et de la nature, du réel historique (dans le cadre du Paris de 1612) et du surnaturel. Sous les traits de cet être de contradictions, Balzac peint la nature artiste.

Ce portrait conjugue donc une fonction narrative (identifier un nouveau personnage du récit), esthétique (faire un tableau en littérature) et symbolique.

L’épilogue de la nouvelle, ajouté en 1837, constitue véritablement une « chute ».

Cet épisode final semble dénouer la double intrigue, artistique et sentimentale : le chef d’œuvre de Frenhofer, annoncé et attendu, est enfin dévoilé lorsque Gillette accepte de poser devant le vieux peintre. Cependant, à peine aperçu, le tableau est aussitôt recouvert d’une serge verte, puis brûlé par son créateur.

Intérieurement brûlé par sa passion artistique, Frenhofer finit par brûler ses œuvres : la destruction par le feu, dans ce dernier paragraphe, est évidemment symbolique (l’artiste se comparaît à Prométhée dans le premier chapitre). On peut aussi noter dans cet épilogue ajouté, entièrement narratif, un effet d’accélération rendu sensible par l’ellipse narrative (« le lendemain »). Cette accélération accentue le tragique de l’aventure de l’artiste. Frenhofer connaît la même triste destinée que ceux qui cherchent l’absolu, Par cet épilogue, Balzac cherche donc, en 1837, à conférer une certaine unité à ses Études philosophiques en démontrant « par quelles lois arrive le suicide de l’Art » (préface d’Une fille d’Ève).

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