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Le Pli

Par   •  21 Janvier 2018  •  2 471 Mots (10 Pages)  •  447 Vues

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chose qui est traditionnellement plat et instinctif : l’écriture.

C. Engendrer un pli : action et maîtrise

Le pli est la création d’une architecture solide, le fait de transformer une surface plate en une œuvre tridimensionnelle.

L’affiche des Graphiquants semble ironique : on dirait qu’on a pris une affiche « normale », et que l’on en a fait une cocotte en papier remise en place par la suite. Pourtant cela implique plusieurs phases et actions de pliage pour créer un volume qui semblerait être du type de l’origami. Cette action et ses formes géométriques sont maitrisées et demande de la précision. Cette précision s’implique également dans la typographie de Konstantin Datz. Ici, il ne modifie pas la taille de la feuille, il la découpe et la plie précisément d’une certaine manière à créer la lettre. Chaque lettre demande alors un pliage et une action différente.

La rapidité, la précision et la maîtrise sont différentes en fonction de chaque personne en ce qui concerne la chaise Do Hit Chair, c’est cette façon de donner les coups de masse sur le cube qui détermine la forme du fauteuil. Il n’y a aucune maitrise de pli, il est aléatoire.

Cette notion d’aléatoire par le pli m’a alors fait pensé à Simon Hantai. En 1960, il fait une découverte de la technique du pliage qui lui restera fidèle toute sa vie et qui sera sa signature. Il plie la toile avant de la peindre, puis la redéploye ultérieurement, afin de découvrir l’œuvre finale. Simon Hantaï aimait dire : «je peins à l’aveugle», ce qui définît bien l’aléatoire dans le résultât, l’aspect unique de ces créations. Le Shibori se définit sur plus ou moins le même principe. On plie, on tord, on coud le tissu avant dans le tremper et se faire surprendre.

II. Comme œuvre d’art

A. Syndrome de la page blanche

Le phénomène de la page blanche peut être dû à une volonté tellement grande de faire une œuvre parfaite, que toute idée qui vient à l’esprit de l’auteur lui paraît systématiquement mauvaise ce qui rend alors impossible pour lui de commencer ou de compléter son œuvre. La page blanche, c’est aussi l’expérience d’une certaine solitude. On est seul avec soi-même, face à un miroir, une page ou un écran qui nous renvoie notre propre image.

En temps de crise, Les Graphiquants on fait le choix de montrer une œuvre au lieu d’un creux, d’un vide, ou pire, d’une annonce de mise en vente d’un espace publicitaire. C’est ainsi que celle-ci est purement esthétique, le pli n’apporte aucun message, aucune idée, il crée juste un paysage et une ambiance. On veut donc rompre avec le plat et l’inexistant.

Cet inexistant se retrouve dans la typographie de Konstantin Datz. En effet pour un écrivain, une feuille vide peut se transformer en angoisse. Il se sent dans l’obligation d’écrire, d’avoir son propre style d’écriture et de raconter quelque chose. Ici, la feuille A4 porte cette couleur du vide qu’il faut combler et tuer par le texte, mais on surmonte cela en écrivant, et créant par la même occasion, avec notre crainte et non sur, on va au-delà : on écrit PAR le support.

Pour l’œuvre Do Hit Chair, nous sommes face à un cube de métal lisse, ergonomique, sans véritable fonction et donc inutile. Toute fois, il nous permet à l’aide de la masse, de le briser, de le casser et alors de se défouler tout en laissant part à notre imagination et notre propre créativité. On se sent à la même place qu’un artiste attirant souvent toute admiration.

B. Une œuvre d’art aux limite et jouant avec le design ?

Les affiches Floating, reconnues dans le monde de l’art, sont devenus discrètement célèbres en tant que couverture du catalogue de l’exposition « Papier Machine » du Centre Pompidou de Metz de mai à juillet 2009, peu de temps après leur apparition dans les métros. Cependant le premier aspect qui les rend célèbre et le fait qu’elles s’observent et se décortiquent à l’image d’une œuvre d’art, de multiples façons et avec des interprétations propres à chacun de nous. C’est une image qu’on peut regarder de plein de manières différentes et qui n’a pas de limite définie. Aspect que l’on retrouve également dans la chaise Do Hit Chair car effectivement, nous pouvons taper et taper encore à l’infini, l’œuvre évoluera toujours.

Par ailleurs pour Droog Design et Martijn van der Poll, ceux-ci repoussent les limites du design jusqu’aux frontières de l’art contemporain, allant même jusqu’à la performance non sans une pointe d’humour. C’est ainsi que cette œuvre tire vers l’œuvre artistique et se détache de son origine de design d’objet.

Evolution que l’on peut apercevoir notamment dans la police de Konstantin Datz. En effet, à l’origine vue comme une conception privée, le pli permet au support de devenir lettre, à la lettre devenir un volume et au volume de devenir une œuvre. Toute fois celle-ci possède des limites dues à son échelle et se voit donc transformée en typographie, domaine du design.

III. Comme moyen de bousculer les traditions

A. Des Propositions déjà différentes

Ces trois créations bousculent chacune la fonctions de base de l’objet.

En effet, l’affiche des Graphiquants occupe un espace vide qu’on ne veut pas montrer comme tel. On se dit tout naturellement que ce sont des papiers vierges que la RATP pose en attendant qu’une autre pub s’insert dans l’espace. En total contradictions avec les innombrables affiches colorées et slogans qui fusent dans tous les sens, l’affiche n’est pas signée, elle est sans logo, sans slogan ni flashcode, sans message, rien. Leurs existences restent confidentielles et aucun indice n’est donné.

Appellant cela un « floating » à traduire littéralement en français par « les affiches flottantes », elles reposent l’œil sans l’attirer sur le vide laissé par la publicité. C’est simplement calme, ça flotte et ce fut un visuel omniprésent, devenant le plus visible de France.

En ce qui concerne la chaise Do Hit Chair, on trouve quelque chose de bruyant, fatiguant et chronophage. Semblant être très repoussant, cela possède toute fois des aspects positifs car effectivement il défoule, mais surtout est personnel et unique. L’usager crée, il est son propre designer,

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