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La farce du Maistre Panthelin

Par   •  8 Janvier 2018  •  5 744 Mots (23 Pages)  •  389 Vues

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On retiendra essentiellement ici les adaptations suivantes, pour leurs fréquentes mises en scène, d’intérêt varié (il faut bien le reconnaître !) :

En 1903, l’acteur Pierre Laugier a repris à la Comédie-Française le rôle-titre de Pathelin, considéré comme le parangon du comique médiéval, après sa glorieuse création par le grand acteur Edmond Got en 1872 pour ce même théâtre (voir le lien suivant pour quelques croquis d’après la scène : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84055181): le texte joué était l’adaptation composée pour l’occasion par Edouard Fournier en 1872 : la Vraie farce de Maître Pierre Pathelin. Jouée au Français (nom qu’on donne aussi à la Comédie Française) jusqu’en 1915, cette adaptation y avait été précédée par celle de l’abbé de Brueys, L’Avocat Pathelin, composée en 1706, pour 888 représentations, données entre 1706 et 1859. L’adaptation de Fournier triompha aussi à l’Odéon, du XIXe au XXe siècle, notamment pour les saisons 1921-2 et 1945-6. Enfin, on ne saurait négliger l’adaptation de Gassies des Brûlies, publiée en 1884 sous le titre La Farce de Maistre Pathelin très bonne et fort joyeuse à cinq personnages, arrangée et mise en nouveau langage, et qui fut jouée au Trocadéro dans le cadre des matinées données par Marie Laurent en 1896.

Autres exemples possibles de la grande fortune scénique de cette pièce : la mise en scène de Jacques Copeau au Vieux Colombier en 1922, sur une adaptation d’Émile Allard ; ou encore, celles de la troupe de théâtre universitaire des « Théophiliens », une troupe créée à la Sorbonne par l’historien du théâtre Gustave Cohen dans les années 30 (représentations en 1931 et en 1937, sur une adaptation très fidèle au texte ancien).

Une farce (trop) longue ?

Les conditions de représentation du théâtre joyeux

La Farce de Maître Pathelin est composée de près de 1600 vers ; cela en fait presque l’équivalent d’une comédie ou d’une tragédie classiques ; et c’est certainement ce qui lui a valu le succès sur nos scènes nationales, habituées à monter des textes de cette longueur.

Comment découper ces 1600 vers ? Faut-il les considérer d’après leur logique narrative, ou dramatique ? Au plan narratif, ces vers se divisent en deux parties — que les éditions modernes ont coutume d’opposer (je reprends ces subdivisions infra, appelées « Ière et IIe parties ») ; mais au plan dramatique, ces parties réunissent en réalité trois actions, qui étaient certainement trois farces d’environ 500 vers. On le vérifie à la longueur habituelle des autres farces médiévales : environ 500 vers (EX : le Cuvier ; EX : le Pâté et la Tarte) ; et également, à la scansion de l’action par les monologues du Drapier — cette forme, qui congédie le dialogue entre les protagonistes, a tendance à former la fin de l’action dramatique dans les pièces médiévales, comiques comme sérieuses.

Certes, c’est l’ensemble du diptyque narratif ou du triptyque dramatique qui donne au texte sa richesse. Cependant, la possibilité de considérer séparément les trois actions ou farces donne des indications sur les conditions de représentation du théâtre médiéval, en l’occurrence joyeux.

En effet, on pouvait ou non jouer ces trois farces à la suite : chacune d’entre elles pouvait parfaitement constituer une représentation indépendante, très satisfaisante au plan de l’intrigue, de son sens et de ses principaux effets. Car ce théâtre était joué avec un décor mobile et des accessoires restreints, soit sur des tréteaux (en extérieur, dans les villes) ; soit en salle, pour de petites communautés (type théâtre scolaire) ; et pour des temps de représentation plutôt brefs (en comparaison des mystères qui duraient plusieurs jours, EX : Arnoul Gréban : 34000 vers, en 4 Journées de représentation). Les mises en scène de ces petites pièces courtes étaient sobres en matériaux et accessoires ; et il est inutile d’imaginer une scène complexe, avec des accessoires pour chaque objet mentionné par les protagonistes.

De ce fait, on voit que le théâtre des farces repose avant tout sur la perfection de sa structure (scènes équilibrées ; ICI dialogues deux à deux ; puis un dialogue à trois ; puis bref monologue ; et enfin, grande scène à quatre), et sur la virtuosité de sa langue.

On suppose donc que l’ensemble était rendu possible par un jeu d’acteurs très maîtrisé : là où les acteurs du théâtre sérieux/religieux (mystères) étaient en majorité des amateurs, dont le jeu n’était pas la principale source de revenus, les acteurs de farces sont certainement nos premiers acteurs professionnels.

- Pour plus d’informations sur les conditions de jeu de la farce médiévale, voir les travaux de Marie Bouhaik-Gironès : http://centrerolandmousnier.fr/cv/bouhaikm.html

Analyse, aspects majeurs

PREMIERE PARTIE (narrative) :

PATHELIN : LES MAUVAIS TOURS JOUÉS PAR UN AVOCAT À UN DRAPIER

Pathelin, Guillemette, le Drapier (appelé parfois Guillaume, parfois Guillaume Jousseaulme) : trois personnages seulement sont en scène : cela reproduit parfaitement les conditions d’exécution de la performance des pièces de théâtre médiéval brèves, par opposition aux mystères, qui requéraient des acteurs par dizaines. En effet, les acteurs professionnels formaient de petites troupes qui se déplaçaient à deux, trois ou quatre, sur le territoire, avec leurs recueils de textes, manuscrits ou imprimés ; et le texte du Pathelin a ainsi été copié à l’intérieur de manuscrits qui forment de petits recueils de textes portatifs : ces textes, tout ou partie, pouvaient être joués par la troupe qui les possédait, et qui les connaissait certainement fort bien sinon par cœur.

SITUATION INITIALE :

Pathelin et Guillemette se disputent : ils n’ont plus un sou, car Pathelin n’exerce plus son métier d’avocat :

Pathelin : Pathelin :

Sainte Marie ! Guillemette Par la mère de Dieu, Guillemette,

pour quelque paine que je mette quels que soient mes efforts

à cabasser n’a ramasser ; pour chaparder un peu partout,

nous ne povons rien amasser. v. 1-4 nous ne pouvons rien amasser !

Est-il

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