Eschyle - Les Perses, sur le thème de la guerre.
Par Matt • 27 Mai 2018 • 8 993 Mots (36 Pages) • 512 Vues
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Ainsi le genre tragique n'est-il pas la meilleure représentation de la guerre ?
Il permet de penser son horreur.
Donc les Perses n'est pas une pièce d'actualité mais une réflexion sur la guerre et la justice. Quelles sont les causes qui justifie le désastre occasionné par la guerre ?
c. Fatalité et culpabilité de la guerre ?
L'homme est responsable de ses malheurs (chez les chrétiens).
- Les Perses n'est pas seulement une pièce de circonstance mais une réflexion sur le désastre et la folie de la guerre. Pourquoi la guerre arrive-t-elle aux hommes ?
En effet la pièce est un questionnement angoissé et non une exaltation de l'héroïsme. Eschyle ≠ Homère
- quelle justice serait à l’œuvre si la guerre échappe aux mortels ? Justice divine ?
J. de Romilly : « la guerre n'est pas en soi injuste mais la guerre c'est l'instrument par lequel les dieux récompensent et punissent les mortels. » La guerre est donc l'expression de la volonté des dieux donc c'est juste. Mais quel est donc l'origine du mal ?
Au delà des questions qui porterai sur l'issue de la guerre, la question qui est portée par Eschyle : quelle est l'origine de la guerre ? Une injustice absolue de la guerre ?
Est-ce une fatalité inéductable comme les cataclysmes naturels ou l'erreur/la faute d'un Homme qui a emmener son armée à la destruction ?
La responsabilité de la guerre est une cause divine ou une faute humaine.
Chez les grecs, les 2 se recoupent :
- la folie d'un homme aveuglé par la vanité et l'orgueil.
- les dieux ont voulu aveuglé Xerxès : le daïmon de la guerre qui entraîne les belligérants, c'est une divinité intermédiaire qui impose un sort fatal.
=> La pièce présente la douleur et les lamentations des Perses, présenter comme injuste puis on passe à un sentiment d'effroi et de terreur devant la puissance des dieux ce qui pousse à comprendre la raison de la défaite. Il faut comprendre la raison de la guerre : c'est à dire mettre en évidence la culpabilité d'un homme. En somme, la guerre est-elle une injustice dont l'homme serait responsable par sa folie ou bien est-elle un piège voulu par des dieux jaloux et vengeurs ?
Y a-t-il une fatalité ou une culpabilité de la guerre ? (cf Œdipe de Sophocle)
I. Malheur et injustice d'une guerre subie comme injuste
On peut dire que Les Perses est bien une tragédie de la défaite. En effet, en grec, Persai est un mot qui signifie avoir détruit : c'est une forme d'ironie.
Pourquoi la guerre est-elle l'épreuve du malheur et de l'injustice et comment Eschyle parvient-il à mettre en scène le malheur, le tragique de la guerre afin de faire voir et entendre ?
Il y a une triple analyse qui montre l'injustice de la guerre :
- point de vue adopter / personnages qui subissent les conséquences mais qui ne font pas la guerre
- le recours au récit rapporté par le messager, recours à l'épopée « retournée »
- le recours au chant, à la poésie qui montre le deuil et le plaintes.
a. Une guerre absente mais vécue et racontée par des personnes qui en subissent les conséquences désastreuses
Rappel :
Le dispositif dramaturgique comporte un double paradoxe, raconté du point de vue de l'ennemi défait et de façon indirecte car tous les personnages ne participent pas directement aux combats afin de montrer les injustices de la guerre.
Les Perses :
- la perte de l'être cher
- l'errance
- le naufrage
- les veuves en pleurs
Quels sont les personnages et en quoi sont-ils témoins privilégiés pour dénoncer l'horreur de la guerre ?
- Nature et fonctions du chœur tragique
(v.1-15) → le prologue de la pièce, c'est le chœur qui commence.
Le chœur est composé de vieillards qui veillent sur le pays, trop vieux pour combattre se sont ds fidèles qui veillent sur le trône en l’absence du roi.
Le v.1 est une reprise de Phrynikhos dans Les Phéniciennes (“Voici d'entre les Perses qui ont disparus”), c'est pour ménager une sorte d'attente et de suspense.
Eschyle modifie le premier vers pour ménager l'attente mais aussi pour accentuer la défaite et l'émotion lors de l'annonce de la tragédie.
(v.10-15) → c'est l'inquiétude du coryphée (« le tourment »). Le chœur a une fonction pathétique (pathos : le sentiment/l'émotion).
Mauvais pré-sentiment (v.8) → prophète de malheurs.
(v.48-64) → “Spectacle formidable”
ça se rapporte à la forme esthétique de la guerre, quelque chose qui peut être jolie à voir et à regarder.
(p.386, dans Barbusse : “ ça doit être superbe cette charge ”).
Outre la fonction pathétique il y a une dimension esthétique.
(v.13-15 et v.62-64) → fonction informative du chœur.
Le coryphée a aussi une fonction politique quand il conseil, informe les autres (il semble faire jeu égal avec la reine).
Il a une fonction religieuse, avec l'évocation des dieux et des rites.
Mais le chœur n'est pas le seul en scène.
- Atossa : une reine digne ou une mère inquiète
(v. 159-172) → fonction dramaturgique
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