Oeuvre d’Art, oeuvre de mémoire

...

l’ensemble de sa cellule et avec sa nièce. En effet, il est habillé de blanc, la couleur de la pureté, de l’espoir et il semble propre alors que sa cellule est sale et sombre. L’enfant, quant à elle, est habillée de noir. On a l’impression qu’elle est déjà en deuil de son oncle.

Puis, Anouche va transmettre plusieurs messages à Marjane.

Tout d’abord, il va se montrer affectif : il lui dit “tu es la petite fille que j’aurais rêvé avoir”, il lui offre un cygne en mie de pain : “le tonton du premier” ce qui signifie qu’il lui en a probablement offert un autre lors de son premier emprisonnement. Il la serre dans ses bras, lui dit qu’elle est ”l’étoile de sa vie”.

Mais il lui transmet aussi un message politique : “Mais tu verras, un jour le prolétariat régnera” c’est à dire qu’il croit qu’un jour l’Iran sera une démocratie, que le peuple sera libre. Le cygne qu’il lui offre peut aussi être considéré comme un symbole d’espoir. L’oncle demande implicitement à sa nièce de se souvenir de son engagement.

La bande son est très importante tout au long de l’extrait. Celle-ci est composée de paroles (par exemple : “Tu es la petite fille que j’aurais rêvé avoir”), de bruits (comme la clé dans la serrure, les pas, etc…) et de musique qui permet de dramatiser l’évènement, de le rendre plus bouleversant.

Pour conclure, cet extrait s’inscrit dans la thématique de la mémoire car c’est une séquence d’un film autobiographique impliquant le travail sur la mémoire. Ici, il s’agit d’un témoignage de la mémoire personnelle de Marjane Satrapi mais aussi un témoignage de la mémoire collective de l’histoire iranienne avec les massacres générés par les Mollahs.

J’ai choisi d’étudier ce passage car je considère que c’est un des plus bouleversant du film. Les messages affectifs de l’oncle pour sa nièce tels que “Tu es la petite fille que j’aurais rêvé avoir” ou encore “Étoile de ma vie” m’ont particulièrement touchée. J’ai également été révoltée car de nombreux communistes comme l’oncle Anouche sont morts pour leurs idées politiques et que je suis convaincue que chacun peut penser ce qu’il veut.

Nous pouvons rapprocher ce texte des deux tomes de bande-dessinée Maus d’Art Spiegelman publiés en 1986 et 1991.

L’auteur raconte l’histoire de son père juif, Vladek Spiegelman, qui a vécu la Shoah et a été déporté à Auschwitz.

Le film Persépolis comporte de multiples ressemblances avec la bande dessinée d’Art Spiegelman. En effet, Marjane Satrapi utilise un graphisme simple, en noir et blanc dont le message est immédiatement identifiable comme lui. De plus, les deux artistes se livrent dans leur travail à une analyse politique d’une société qui les oppriment.

Ces deux oeuvres sont à la fois des oeuvres de mémoire personnelle puisque Marjane Satrapi raconte son histoire et qu’Art Spiegelman raconte l’histoire de sa famille. Mais elles sont également des oeuvres de mémoire collective car elles témoignent de l’histoire de l’Iran pour Persépolis et de l’Holocauste pour Maus.