Manifestation contre la guerre au Vietnam

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des manifestants. Elle personnifie les autres pacifistes. De plus elle a un visage, tandis que les soldats, eux, n’en ont pas, ils sont nombreux, identiques et anonymes. D’ailleurs la plupart sont flous et celui qui se trouve en face de la manifestante, et qui aurait dû avoir son visage net et en gros plan, demeure hors cadre. L’autre hors champ important concerne le reste des manifestants qu’on ne voit pas mais qu’on devine. La fille à la fleur les incarne vu le déploiement de force face à elle, ce qui suggère que les manifestants sont nombreux. Les soldats, eux, représentent davantage une masse dénuée de sentiments que des individus distincts. Ils me font penser à des robots, des machines de guerre qui ne sert qu’à tuer. La jeune fille et sa fleur et les soldats et leurs fusils représentent donc deux idées radicalement opposées : l’adhésion à la guerre et son refus. D’un côté, nous avons une jeune fille, symbole de tout ce qu’il y aurait de meilleur dans l’être humain, de l’autre, l’armée qui fonctionnerait telle une machine prête à tout détruire. L’humain face à la machine de guerre. L’amour face à la guerre. Le courage face à la force. On remarque aussi que la profondeur de champ contribue à ce que notre œil soit fixé au premier plan et ne regarde jamais le dernier plan Par ailleurs, la lumière naturelle met en valeur la fille a la fleur et accentue les silhouettes des soldats. Le noir et blanc permet de renforcer le côté grave de la situation et la tension apportée par la présence de ces soldats armés. De plus, on distingue clairement un côté obscur qui est renforcé par les tenues sombres des militaires et un autre plus lumineux par le vêtement clair à fleurs de la jeune fille. Sur cette image on peut avoir un sens de lecture c’est-à-dire que quand on regarde une image on la regarde de la gauche vers la droite. Cet axe de lecture peut s’interpréter comme un axe temps qui va du passé vers l’avenir. Les soldats sont le passé et la jeune fille est l’avenir. Cette photographie prend une dimension politique et poétique. Elle va devenir une image engagée contre la guerre et la violence. La jeune fille, anonyme à l’époque, représentera la jeunesse américaine qui manifestera contra la guerre dans les années 1960.Elle va aussi symboliser la génération hippie qui prône le mouvement peace and love, la paix et l’amour contre la guerre. Le point de vue de Marc Riboud, le photographe, semble neutre puisqu’il se trouve sur la ligne centrale et non dans l’un ou l’autre camp. Mais à travers cette image, il fait un choix, celui de préférer la paix à la guerre et de protester contre la guerre du Vietnam. Il nous le fait voir en nous montrant d’avantage la jeune fille que les soldats. De plus Marc Riboud c’est lui-même exprimé sur son image ce qui montre bien de quelle coté il est.

« Je photographie avec frénésie, la nuit tombe, j’épuise mes films, quand cette jeune fille, seule face aux baïonnettes, dessine avec une fleur le symbole de la jeunesse américaine. » … « Cette photographie symbolise la génération hippie et le désir absolu de vivre en paix. A elle seule, cette jeune fille peut représenter tous les autres pacifistes et manifestants. »