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La vague, Todd Strasser

Par   •  19 Novembre 2018  •  4 323 Mots (18 Pages)  •  727 Vues

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« Cela ne pourrait pas se reproduire chez nous ». C’est par cette réponse qu’est souvent évacué le débat sur l’origine du totalitarisme et son possible retour au sein des sociétés modernes. C’est à cette question que le roman et le film la Vague de Todd Strasser se proposent de donner une piste de réflexion. Le roman et le livre montrent comment un simple jeu a un microcosme totalitaire. Le professeur n’impose pas aux élèves, qui n’ont aucune réflexion. L’esprit critique des élèves diminue, il faut savoir dire oui ou non, selon ce que l’on pense. L’engouement augmente face à l’esprit critique, il y a appartenance à un groupe, exclusion des non-membres. La censure est mise en place, c’est la restriction de la contre-propagande que met en place le journal de l’école. On constate un rapport avec Rhinocéros de Ionesco et les moutons de Panurge, qui suivent les autres sans se soucier pourquoi et ou. Un phénomène d’obligation de se saluer et de porter un uniforme est rapidement mit en place. Les « réformes » sont tout de suite acceptées par les élèves. Les règles se font progressivement imposées par le groupe et non plus par le chef. Le professeur ne contrôle plus la situation. Prouver à ses élèves l’embrigadement, c’est au départ qu’une simple expérience, mais Il ne sait par la suite pas comment l’arrêter. Nul n’envisage de transgresser les règles, on parle d’effet moutonnier. Un sentiment d’égalité entre les élèves se fait ressentir grâce à la vague. Le mouvement ordonne, c’est la soumission d’un groupe, personne ne prend jamais d’initiatives. L’appartenance à un groupe est un conflit continu, c’est le leader qui prend les décisions et les initiatives. De fait, personne n’est responsable puisque personne n’ordonne. Personne n’édicte les règles, c’est le mouvement qui ordonne. C’est la leçon que nous inspire Todd Strasser, le totalitarisme ne vit pas grâce à l’initiative des individus, mais plutôt à leur soumission au groupe et leur confiance aveugle dans ses principes. Les cartes de membres, les affiches, la gestuelle (salut en signe de vague), les moniteurs, le leader, les slogans, le logo, tout fait penser au nazisme, à un système totalitaire qui anéantit la réflexion individuelle. Ce sont les bases nécessaires au succès du régime totalitaire: un symbole caractéristique du mouvement (la croix gammée chez les nazis), des signes distinctifs (uniforme, salut), l'endoctrinement et le sentiment d'appartenance. Le totalitarisme selon "La Vague" est caractérisé par un mouvement qui prône l’effet de masse, de groupe. Il rassemble tous les gens adhérant à une même idée, dans le but d’être libres, de permettre une grande égalité entre les hommes. A sa tête se trouve un leader, un chef qui les dirige, leur montre le chemin. La formation d’un régime autoritaire partirait d’une bonne intention, d’un mieux pour la société. Du moins, c’est l’impression que les adhérents perçoivent. Peu à peu, quand celle-ci prend de l’ampleur, elle exclut les non-adhérents. Pour son développement, celui-ci se base sur trois piliers : La Discipline, la Communauté, l’Action. L'enseignement fondamental que cette expérience a apporté aux élèves est qu'ils doivent rester vigilants à toute menace d’embrigadement. Ils doivent toujours garder et entretenir leur esprit critique.

Le message originel du livre est conservé tout au long du film mais la scénarisation d’un livre conduit obligatoirement à des modifications et des transformations indispensables à son interprétation cinématographique, on ne lit pas un livre comme on regarde un film. Ainsi le rythme, la temporalité et les personnages du livre et du film sont différents.

Dans le film, l'action se déroule en Allemagne contemporaine. Les thèmes majeurs du livre peuvent paraître plus ancrés dans la réalité et leur contexte car certaines répliques font référence au "Troisième Reich" et au nazisme. A titre d'exemple, certains élèves ne veulent pas étudier ce sujet qui fait "la honte" de l'Allemagne : "Le troisième Reich...-Oh c'est reparti pour un tour !". On peut constater de nombreuses variations ente le livre et le film. Les noms des personnages ont été "germanisés", afin d'accorder plus de vraisemblance au film. Ainsi le Professeur Ben Ross devient le Professeur Reiner Wenger. Robert devient Tim, élève exclu de la communauté lycéenne, jusqu’à ce que La Vague soit mise en place. Laurie devient Karo, élève populaire et rédactrice en chef du journal de l’école. David est Marco, petit ami de Karo, leur histoire amoureuse demeure au second plan tant dans le livre que dans le film. Le proviseur devienne une femme dans le film, cette dernière semble plus convaincue de l’intérêt de La Vague pour son établissement. En effet, elle soutient Mr Wenger jusqu’à que son projet aboutisse à la tragédie. Le film situe l'action en Allemagne (contrairement au livre aux Etats-Unis), l’approche en est quelque peu différente en raison des contextes historiques propres à chaque pays. Cela ajoute certaines subtilités bien à propos dans le film. En revanche, avoir transposé le scénario à nos jours ne modifie le sens premier de l’histoire. Que cela se passe en 1967 ou dans les années 2000 importe peu. Bien entendu certains détails diffèrent (création d'un site internet par exemple) mais le message n'en est pas altéré pour autant. De plus, l’image cinématographique permet de mettre en avant des détails qui ne peuvent été ressentis par le lecteur que par le biais de nombreuses allusions. Les émotions sont plus facilement perçues lors d’un visionnage du film. On remarque un changement du football américain en waterpolo, en effet la scène est jouée en Allemagne dans le film, mais l’eau à toute son importance, elle fait transparaître la vague indirectement. Mr Wenger habite une maison au bord d’un lac, l’image de la vague est là encore mise en avant. Au cours de la scène du conflit physique entre les deux élèves lors d’un match de football américain dans le livre, celle-ci affecte plus le spectateur dans le film, l’issu du combat sous l’eau ajoute du suspense ou de l’angoisse à la scène dans le film par opposition, la scène dans le livre qui n’est que terrestre, pouvant apparaître plus anodine dans le livre. On peut remarquer dans le film, l’absence d’évocation du film que le professeur montre à ses élèves en début de période, un documentaire sur les atrocités du génocide Juif, élément qui semble être central dans le livre. C’est à partir de cet évènement que le Professeur décide de mener son expérience dont il mettra

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