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HDA Grandola villa morena

Par   •  20 Septembre 2018  •  1 501 Mots (7 Pages)  •  489 Vues

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Mais il ne faut pas négliger la portée des paroles, fort simples, elles aussi, qui, sorties du contexte initial du remerciement dédié aux Grandolenses, sonnent comme des armes révolutionnaires. Dans la première strophe, la ville que le poète interpelle et personnalise, se trouve empreinte de sensualité féminine (« morena »), et en parlant de terre de fraternité on sous en tend par la fraternité de ses habitans(« terra da fraternidade »). Le poète sollicite collectivement la population unissant « terra » et « povo », tel l’idéal communiste auquel il aspire et dans lequel c’est « o povo quem mais ordena ». Dès la deuxième strophe, l’approche se fait plus individuelle : chaque habitant est considéré pour lui- même. Il est un ami pour tous les autres dans une atmosphère d’égalité et d’harmonie entre les hommes. La troisième strophe que l’on connaît aujourd’hui n’est pas le texte initial. Zeca l’a transformé au moment de l’enregistrement :

Texte initial

Capital da cortesia Não se teme de oferecer Quem for a Grândola um dia Muita coisa há-de trazer

(Capitale de la courtoisie On ne craint pas d’y offrir des présents Si l’on va un jour à Grândola On en rapportera bien des choses)

Texte enregistré

À sombra duma azinheira Que já não sabia a idade Jurei ter por companheira Grândola a tua vontade

(À l’ombre d’un chêne vert Qui ne connaissait plus son l'âge J’ai juré d’avoir pour compagne Grândola, ta volonté)

On attribuera l’importance de cette transformation à la maturité du poète : à présent, il s’implique à la première personne dans un paysage alentejan dont l’azinheira (le chêne vert) est l’un des arbres emblématiques que sa longévité rend fort, voire indestructible. C’est en prenant racine lui aussi dans cette terre vieille, faite de traditions et de luttes pour la liberté que le poète s’engage solennellement et définitivement dans le combat (« jurei ter por companheira, Grândola, tua vontade »). Les termes fraternidade, igualdade et vontade, placés à la rime et martelés par le chant, signifient avec simplicité et efficacité que seule l’union des hommes égaux entre eux permet l’action, la volonté d’avancer.

Outre ces trois termes, le vers marquant de ce texte est bien évidemment « O povo é quem mais ordena », dans un contexte politique qui, à l’époque, ne permettait pas d’en faire une réalité. La spontanéité, peut-être même la naïveté du poète, fait de ce poème une chanson de paix et non pas un appel à la violence. Il convient de rappeler que la démarche de Zeca s’inscrit dans un contexte européen de révolution ou d’esprit révolutionnaire des années soixante et soixante-dix dans lequel la chanson engagée prend de plus en plus le pas sur la « chanson légère ». Par exemple en Italie qui se trouvait, dans les années soixante-dix, dans une situation politique du même ordre (censure), on entend les textes contestataires de Giorgio Gaber, comme par exemple celui intitulé La libertà (1972), dont on peut rapprocher l’esprit de celui de Zeca :

La libertà non è star sopra un albero, La liberté ce n’est pas être (perché) sur un arbre

Non è neanche avere un’opinione, la libertà non è uno spazio libero, libertà è partecipazione. [pic 1]

Parcours de Grândola du 25 avril 1974 à aujourd’hui

En mars 1974, le processus révolutionnaire des militaires est en marche dans le plus grand secret. Les moyens de communications entre les militaires n’étant pas suffisants pour garantir un signal fiable et audible dans tout le pays, c’est par le biais de la Rádio Renascença que deux mots d’ordre de marche seront susceptibles d’être lancés, l’un ou l’autre confirmant « totalement par lui seul, le début des opérations, qui à partir de ce moment deviennent irréversibles » (Rudel 1980, 256). Le premier est la chanson « E depois o Adeus » de Paulo de Carvalho, diffusée à 22h55 le 24 avril et précédée de la voix du speaker annonçant : « il est 23 h moins 5 min » ; le second sera « Grândola Vila Morena », diffusée dans le programme « Limite » à 0 h 20 au matin du 25 avril. Le speaker lit la première strophe de la chanson avant de lancer le disque interdit. À partir de ce moment-là « Grândola » est définitivement subversive.

Prolongements

[pic 2]

Les Capitaines d’Avril est un film sur la révolution des œillets du 25 avril 1974. En effet on y voit le début des mouvements révolutionnaires jusqu'à l’exil du dictateur. Ce film montre bien que le mouvement révolutionnaire part des « capitaines » de l’armée portugaise qui sont directement avec les soldats. On y voit également que pour « lancer » cette revolution, les capitaines vont faire passer a la radio la chanson Grandôla Vila morena le signal de la révolution.

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