Exposé Andy Warhol
Par Raze • 22 Octobre 2017 • 3 950 Mots (16 Pages) • 768 Vues
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- Les années 60
a) Sérigraphie comme moyen artistique
Andy Warhol, fut le premier à introduire dans l'art le concept de création mécanique d'une image ainsi que la notion d'image-objet, grâce au procédé de report photographique qu'est la sérigraphie. Ses oeuvres brouillent les différences d'identité entre la production artistique et la production de masse des biens de consommation. Ses thèmes se situent profondément dans la société américaine (fast-food, Coca-Cola, stars..). Cependant la thématique de certaines de ses oeuvres peut prêter au commentaire social ou politique et pourrait témoigner d'un certain engagement. Par ailleurs, il a aussi mis en scène la criminalité, les meurtres, la mort des individus, et ces thèmes deviennent progressivement les sujets omniprésents de ses tableaux dans les années 1960. Suicides, Car-Crash, Electric Chair, Atom Bomb, tirés des photos des «unes » de l'époque, mettent en lumière que la tragédie humaine permet à l'individu de connaître une «célébrité» dans la mesure où cette tragédie est reprise par des médias avides de sensation. En traitant de tels sujets, Warhol mettait, d'une certaine manière, l'accent sur la banalité de l'horreur, qui faisait partie de la ration quotidienne d'images médiatisées que le public américain recevait. (ajouter les visuels)
b) Marilyns (ajouter les visuels)
AW « Pour moi, Monroe n’est qu’une personne parme tant d’autres. Et pour ce qui est de savoir si la peindre dans des couleurs si vives est un acte symbolique, je ne peux dire que ceci : c’était la beauté qui m’importait et elle est belle ; et si quelque chose est beau, ce sont bien de jolies couleurs. C’est tout. Voilà toute l’histoire, ou presque. »
La série des Marilyns réalisée par Andy Warhol après la mort de la star en 1962, révèle l’interchangeabilité de son image par la démultiplication de son visage ou de ses lèvres. Dans la considérable collection de photographies amassée pendant des années, il va choisir – on devrait dire : élire – une photographie ou s’essentialisent au mieux les contradictions de Marilyn. L’inflation et l’accessibilité sont rendues par Warhol sous la forme machinale d’images en apparence dénuées de valeur. Avec un tamis, une reproduction quelconque de la Monroe, une quelconque photo que tout le monde connaît, est multipliée par un nombre arbitraire pour être appliquée sur la toile sans grand art, médiocrement. Il laisse de coté le buste de l’actrice pour se concentrer sur le seul visage, qui fera l’objet de trente-sept tableaux peints en aout et septembre 1962.
Ce rayonnement stéréotypé de la star contrainte à l’autoreproduction à travers les scènes et les mises en scènes, Warhol le rend par une série d’images toutes semblables les unes aux autres, se contentât d’en maquiller le visage par différentes nuances colorées. La grossièreté et la superficialité d’affiche du maquillage s’appuient sur la pose et le « masque » sans surprises, appelant la copie et l’identification de celle lui le porte : coiffure éclatante, yeux brillants, lèvres sensuelles s’efforcent de faire croire à la beauté, au bonheur et à l’aisance matérielle, mais c’est la un rayonnement purement commercial. Avec ces images, Warhol joue son propre jeu de couleurs et de formes ; aux visages, à leur pose d’affiche multipliable, à leur stimulus sexuel, il confère un effet inattendu, voire étrange.
c) Les objets de consommation
Un des sujets de prédilection de Warhol, qui s’apparenterait plutôt au Pop art, est bien de représenter des objets de consommation de masse. L’artiste reprend ainsi, en ne les modifiant que légèrement, des images de boîtes de soupe Campbell, de bouteilles de Coca Cola, de boîtes Brillo. Il a employé pour cela de la technique de la sérigraphie, qui lui permettait d’effacer toute trace personnelle et de renforcer l’impression de réalité de la représentation.
On peut donc remarquer que Warhol joue sur la notion d’illusion, de trompe-l’œil. On lit d’ailleurs sur le site du MoMa que lors d’une exposition en 1962 les montrant pour la première fois, les Campbell’s Soup Cans avaient été disposées ensemble, sur des étagères, comme pour simuler une allée d’épicerie. Jean-Olivier Majastre (Majastre Jean-Olivier, « Valeur, croyance, illusion. », Sociologie de l'Art 1/2008 (OPuS 11 & 12) , p. 47-59; URL : www.cairn.info/revue-sociologie-de-l-art-2008-1-page-47.htm. ) explique que « par les pouvoirs bien connus de l’illusion artistique, on nous fait passer la représentation pour la réalité, le titre pour le sujet ». Le fait de créer des œuvres qui imitent des produits ordinaires que l’on trouve dans les supermarchés et de les élever au rang d’icône, en les montrant dans les musées, provoque une déstabilisation des repères artistiques. Tout comme les ready-made de Duchamp, c’est bien parce qu’on déclare que ces représentations du banal sont des œuvres d’art qu’elles accèdent à ce rang. Warhol utilise le pouvoir des images et remet aussi en question la notion d’œuvre d’art : « elle est désormais consommable, éphémère et reproductible ». L’œuvre de Warhol, qui symbolise bien l’« American way of life », questionne la société de consommation avec ironie et cynisme mais de manière ambiguë. On se demande ainsi si celle-ci est réellement critiquée ou au contraire admirée. De plus, le fait que l’œuvre s’inscrive au sein d’une série et que le motif soit également répété sur la toile amène à réfléchir sur la notion d’original, sur sa valeur et sur le commerce de l’œuvre d’art.
On remarque également un jeu de signatures entre le nom de la marque et le nom de l’artiste. Warhol reproduit un objet qui comporte un nom, « Campbell », et joue sur l’inversion du rôle de l’artiste et de celui de l’inventeur de la boîte de soupe. Comme l’expliquent Marie Fongond et Serge Lesourd (Fongond Marie, Lesourd Serge, « Warhol, une esthétique « consumatoire » ou l'art comme modernité. », Cliniques méditerranéennes 2/2009 (n° 80) , p. 165-175; URL : www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2009-2-page-165.htm. ), la célébrité du produit doit construire « la célébrité de l’œuvre elle-même, sa possible reproduction et son achat pour tous ». Jean-Olivier Majastre dit aussi que « l’ironie veut que l’artiste doive une grande partie de sa gloire à la série des boîtes de soupe Campbell alors qu’on
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