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Cinéma des origines

Par   •  30 Août 2018  •  1 691 Mots (7 Pages)  •  392 Vues

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II. Une représentation de la femme

a) description et analyse de Salomé dansant

Dans cet extrait de «A Rebours», Huysmans réalise, à travers Jean Des Esseintes, une description assez précise mais aussi méthodique des deux tableaux de Gustave Moreau afin d’en ressortir un message mais aussi une explication rationnelle au tableau « Salomé dansant devant Hérode », qui soulevait pour Jean de nombreuses interrogations. C’est à ce tableau que nous allons nous intéresser.**

Ce tableau de Gustave Moreau présenté en 1876 au Salon illustre un épisode tiré du Chapitre XIV de L’Évangile de saint Mathieu. Jean-Baptiste, pour avoir stigmatisé l’union illégitime entre Hérodias et le roi Hérode, a été enfermé. Pour se débarrasser de cet importun, la reine, au terme d’une danse que sa fille Salomé exécute devant le roi, l’engage à demander en récompense la tête de Jean-Baptiste. Ce court récit a donné lieu à de très nombreuses œuvres se focalisant sur la figure de Salomé qui n’est pourtant pas l’instigatrice du crime.

Ainsi, Salomé, située au premier plan et portant un lotus symbolisant la virginité, la fécondité ou le désir sexuel selon les interprétations, est située face à l’eunuque et sa longue barbe ainsi qu’au bourreau tenant l’arme avec laquelle il exécutera plus tard Jean Baptiste, situés au second plan. Le fait que la princesse soit au premier plan insiste sur l’importance de son rôle et la position de son bras montre qu’elle ordonne, sa puissance est incontestable. Hérodias et un hermaphrodite sont eux aussi présent à gauche de la danseuse. Mis à part celle ci, les autres personnages semblent comme immobiles, hypnotisés par sa danse.

Les lignes de force horizontales soutiennent les piliers du palais que Huysmans qualifie comme «semblable à une basilique d'une architecture tout à la fois musulmane et byzantine.» alors que la toute la scène est éclairée d’une lumière naturelle venant de larges fenêtres situés derrière le Tetrarque Hérode. Cette lumière inonde la pièce et surtout Salomé. Les couleurs chaudes utilisées, et notamment le rouge, sont pour nous rappeler la mort imminent du chrétien Jean Baptiste.**

Le tableau L’Apparition, présenté en même temps au Salon apparaît comme une suite logique du premier tableau. Il représente les mêmes personnages avec un autre point de vue. En effet, une fois le meurtre accompli, la tête de JB entame une ascension à la fois horrible et grandiose. Salomé y apparaît plus dénudé et son regard a changé. En repoussant la tête celle ci, prit d’effroi, tend son bras mais cette fois ci avec un sentiment de remord. Aussi, l’ambiance de l’oeuvre apparaît beaucoup plus sombre par rapport au tableau précèdent puisque la lumière laisse place à l’ombre et les couleurs chaudes à des couleurs plus froides. En effet, le rouge flamboyant de la robe de Salomé est remplacer par un bleu profond, symbole du pouvoir.**

b) Une femme fatale

Salomé étant la représentation des désirs humains, la princesse juive va enflammer l’imaginaire des peintres, devenant l’archétype de la femme fatale ainsi que l’image de la décadence et du fantasme. Salomé a dû attendre le XIXe siècle pour connaître un succès prodigieux dans tous les arts.** Huysmans décrit celle ci comme d’une extrême beauté et décrit tout particulièrement ses nombreux bijoux, typique des danseuses orientales:

«ses seins ondulent et, au frottement de ses colliers qui tourbillonnent, leurs bouts se dressent ; sur la moiteur de sa peau les diamants, attachés, scintillent ; ses bracelets, ses ceintures, ses bagues, crachent des étincelles ; sur sa robe triomphale, couturée de perles, ramagée d'argent, lamée d'or, la cuirasse des orfèvreries dont chaque maille est une pierre»

Mais Huysmans ne s’arrête pas la et décrit la jeune fille à travers deux comparaisons résumant bien l’image de cette femme. Tout d’abord, l’auteur la compare à** Hélène, mère de Constantin, à qui on doit la répartition du christianisme durant l’ère romaine, femme charismatique et courageuse qui aura permit le développement de la foie chrétienne alors que les Romains interdisaient cette croyance. mais la deuxième comparaison vient entacher ce rôle de femme modèle puisque Huysmans va la comparer à** la Royale prostituée de l’Apocalypse, figure biblique du déclin de la foi au profit de croyances païennes, la femme représentant l’Église.

Nous avons alors affaire ici à la définition même de la femme fatale, à la fois séduisante et dangereuse pour qui se laisse prendre dans ses filets.**

Conclusion

A l’aide d’une description minutieuse et de procédés littéraires, Huysmans réussit ici à retranscrire l’ambiance et le ton des tableaux de Gustave Moreau pour qui il voua une forte fascination. A travers son personnage principal il permet la compréhension des enjeux et des personnages de ces œuvres à l’image de Salomé, figure féminine de la décadence. Il apporte ainsi au symbolisme un second souffle alors que le genre est quasiment disparu depuis le début du XXème siècle.

Bibliographie :

DENIZEAU, Gérard, Panorama des grands courants artistiques, Paris, Larousse, 2013.

CARADEC, Marie-Anne, L’histoire de l’art tout simplement, Paris, Eyrolles, 2010.

RAPETTI, Rodolphe, De Van Gogh à Kandinsky Le paysage symboliste en Europe 1880-1910, Bruxelles, Fonds Mercator, 2012.

musée-moreau.fr

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