Extinction du paupérisme

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- « l’Absurdité du système industriel » :

Par ailleurs, Louis-Napoléon poursuit son idée en remettant en question le système de rétribution industriel. Reprenant « une idée chère à l’économiste Jean-Baptiste Say », Louis-Napoléon critique les faibles salaires ouvriers qui ne permettent pas de développer un marché de consommation intérieur. Effectivement au vu de son faible pouvoir d’achat, la classe ouvrière ne peut consommer ce qu’elle produit, engendrant un déficit de demande faisant entrer le marché dans un cercle vicieux, conduisant notamment l’Etat, à l’image de l’Angleterre en 1840 en Chine, à « s’ouvrir de nouveaux marchés à coups de canons ». Il disait entre autre que le système industriel n’a « ni règle, ni organisation, ni but ».

Pour lui, il est dans l’intérêt général de favoriser le développement du marché intérieur, et ce dans le but de « satisfaire les milieux les plus pauvres ». Et pour ce faire, l’Etat selon lui doit jouer un rôle important en « créant de nouveaux éléments de production » et en détruisant « la misère en activant et en organisant le travail ». Ainsi, outre l’exode rural et ce qu’il en incombe, Louis-Napoléon considère qu’un « laisser-faire » trop important est aussi à l’origine de la misère dont souffre le monde ouvrier.

- Ainsi au vu des éléments précédents, Louis-Napoléon s’écarte de cette vision de plus en plus répandue, qui considère le paupérisme comme la conséquence du « vice de ses victimes c’est-à-dire de leur paresse et de leur imprévoyance ».

- Quelles solutions ?

Se distinguant de la pensée libérale, Louis-Napoléon voit en la figure de l’Etat, l’outil majeur de son dessein d’amélioration social. C’est pourquoi il souhaite accorder aux 86 départements de l’époque des prérogatives plus large, sans quoi l’Etat central serait inefficace quant aux règlements des problèmes locaux. Cette décentralisation – qui reste relative, puisque sous le contrôle de l’administration centrale – est donc inéluctable pour lui afin d’améliorer la situation ouvrière, bien que la grande majorité des foyers industriels se trouvent au nord de l’axe Le Havre-Marseille.

A partir de là, l’Etat doit selon lui « acquérir des millions d’hectares de terres incultes » qu’il redistribuera à une association ouvrière nationale composée des ouvriers les plus pauvres, les « chômeurs des villes ». Le tout doit être encadré par des prud’hommes, à savoir des délégués ouvriers élus. Ces colonies agricoles, qui traduisent la forte influence saint-simonienne de Louis-Napoléon, devront être régies par « une discipline militaire ». En effet l’importance de l’organisation n’est pas propre au bonapartisme, puisque de nombreux socialistes tels Saint-Simon, Owen, Michel Chevalier, Engels ou encore Marx y sont partisans, et ce suite à la dislocation de la première colonie socialiste en Amérique à cause de l’indiscipline régnante. Louis-Napoléon disait d’ailleurs « Les masses sans organisation ne sont rien, disciplinés elles sont tout ! ». Ces colonies sont donc le cœur même de la politique de « dé paupérisation » de Louis-Napoléon, puisqu’elles permettent à l’Etat d’intervenir directement en offrant « du travail, du pain, de l’instruction, mais aussi de la religion » à ceux qui n’en ont pas les moyens. En somme il souhaite accorder « des droits et un avenir » à ce « peuple d’Ilotes au milieu des Sybarites », rappelant notamment la parabole des « abeilles et des frelons » de Saint-Simon.

- Ainsi à travers Extinction du paupérisme, Louis-Napoléon réclame davantage de droits et de considération à l’égard des ouvriers et ce dans « la perspective d’un socialisme saint-simonien non révolutionnaire car il ne s’agit pas de mettre la classe ouvrière au pouvoir ».

- De la théorie à la pratique : l’esprit de l’Extinction du paupérisme et le 2nd Empire

Suite à la révolution de 1848, Extinction du Paupérisme, et d’une manière plus générale l’Œuvre et les idées socialistes de Louis-Napoléon lui permettent d’être élu majoritairement grâce aux soutiens massifs des classes populaires et ouvrières qui voient en lui un espoir d’amélioration sociale. En effet s’il se présente avant tout comme un homme d’ordre il n’en oublie pas ses aspirations socialistes. Et si dans un premier temps il doit cohabiter avec des députés majoritairement conservateurs et/ou libéraux, l’avènement du 2nd Empire lui confère des prérogatives considérables lui permettant de mener certaines des idées qu’il a énoncé dans sa brochure.

Effectivement peu de mesures sous le règne de l’Empereur Napoléon III s’inspirent directement de l’Extinction du paupérisme à l’exception de la mise en valeur de certaines terres incultes, sans pour autant arriver au stade des colonies agricoles qui lui étaient si chères. Toutefois l’esprit de sa brochure est bel et bien présent tout au long de son règne, puisque sa volonté d’améliorer les conditions de vie et de travail des ouvriers se traduit dans ses paroles mais aussi et surtout dans ses actes qu’ils soient symboliques ou non :

- Référence aux ouvriers dans chacun de ses discours

- Premier chef d’Etat à avoir décoré des ouvriers et des femmes de la légion d’honneur

- Mène une politique de grands travaux (ère du rail permettant notamment le désenclavement des campagnes)

- Réaménagement des grandes villes telles Marseille, Avignon et Paris (Haussmannisation)

- Développement des sociétés de secours mutuels (cependant seule une minorité en dispose)

- La loi de 1864 permettant le droit de coalition de même qu’il tolère les syndicats

- Suppression de l’article du code pénal accordant au patron un statut supérieur à celui de l’ouvrier

- Extension de l’enseignement primaire public et bloque le prix du pain à Paris

Conclusion :

Il est vrai qu’une grande partie des idées de l’Extinction du paupérisme n’ont pu être concrétisées et ce malgré l’instauration de l’Empire. Cependant l’essence même du texte influe considérablement les politiques mises en œuvre par Louis-Napoléon