Pandok Medja en Indonésie
Par Ramy • 9 Mai 2018 • 2 156 Mots (9 Pages) • 417 Vues
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si habituellement je ne fume pas, avec les chefs et la personne que j’avais brusqué en gage de ma bonne fois. En Indonésie, du moins sur l’ile de Sumatra ou je me trouvais, bien qu’il est très mal vue si une femme fume, fumer lorsqu’un est un homme va pratiquement de soi et accepter de fumer avec un autre homme et perçus comme un geste de politesse et de courtoisie.
Ce fut pour moi l’élément déclencheur de mon tout premier et véritable choc culturel depuis le début de ma mission. Le choc culturel est la remise en question identitaire du «moi», qui se produit lorsqu’une personne se rend compte qu’elle a perdu sa capacité de fonder une stabilité et ses repères lui permettant d’agir convenablement socialement et individuellement dans un contexte nouveau. Ce processus comprend une expérience de tourment, de lâcher prise, c’est une remise en question de tel qu’on vivait avant, de nos habitudes, de nos fonctionnements et de toutes nos valeurs qui avaient un sens, dont souvent nous n’avons pas nécessairement conscience. Alors que depuis le début de ma mission j’avais adopté une certaine ouverture d’esprit et avais réussis relativement aisément à m’incorporer socialement, pour retrouver une certaine assurance que j’avais avec les évènements, j’ai eu le mauvais reflex de me cramponné à ma culture d’origine.
Cette confrontation fut une lourde période de désillusion où les différences entre le Québec et l’Indonésie me semblaient s’exacerber et contraster radicalement. Je trouvais soudainement que ce beau réseau de soutient Dans la semaine qui suivit, je me suis surpris à idéaliser mon pays d’origine et, alors que j’avais une expérience positive depuis le début, j’ai commencé à poser un jugement plutôt négatif sur l’Indonésie et sa culture que je trouvais à l’époque beaucoup trop invasive. D’un coup j’avais perdu mes repères habituels et éprouvais de la difficulté à agir efficacement dans la société, je surveillais mes moindres gestes et paroles de peur qu’un évènement aussi inoffensif est de nouveau des répercussions disproportionnés. Durant près de deux semaines, j’étais complètement vidé d’énergie et ressentais une frustration chronique à chaque nouveau défi culturel chose que je trouvais habituellement stimulant. Le processus d’apprentissage et d’adaptation à une nouvelle culture est extrêmement fatigant, déstabilisant. Dans mon cas, tout particulièrement, car mes tâches de travail me forçaient a simultanément mener une vie professionnelle et sociale très chargé. En étant en constante confrontation mon moral était à son plus bas comme peut le montrer cette courbe de l’adaptation culturelle.
Je n’avais pas su résister à la tentation de me replier sur moi et d’avoir des attentes trop élevées par rapport à moi et au pays d’accueil. Peu à peu je m’isolais et je me centralisais sur moi-même. Le plus difficile c’est que je n’avais pratiquement plus aucun accès à mon intimité et de temps pour me questionner. Je mangeais, travaillais, me lavais et dormais toujours en groupe avec mes homologues. En plus du travail que je devais faire dans le cadre de ma mission, les locaux insistaient avec ardeur pour que participe plus souvent aux cérémonies à la Mosquée. Plusieurs fois par semaine j’avais les mêmes discussions avec les plus religieux du village qui ne comprenaient aucunement pourquoi je ne m’étais pas déjà convertis à l’Islam. Soudainement, ce mode de vie était devenu, pour moi, très intrusif. J’avais la constante impression que on me surveillait et que on cherchait à me dicter comment agir et penser.
Comme le démontrait Bateson avec son approche de rencontre culturelle « par niveaux » : apprendre à trouver un équilibre personnel entre les valeurs du pays d’origine et celles du pays d’accueil (niveau deux) devient particulièrement ardu à partir du moment que l’on ne considère la fermeture comme négatif mais comme un processus dynamique. Un véritable processus de triage de mes valeurs intrinsèques s’imposa alors. Doucement, en me questionnant et en me décentralisant je réalisai que, malgré moi, j’avais depuis le début une vision plutôt ethnocentrée et que ce que je prenais d’abord comme de l’intégration était en fait de la minimisation de mes valeurs et du mimétisme irréfléchis. Accepter qui je suis sans nécessairement me fermer à l’autre culture m’aida grandement tranquillement développer relation plus ethnorelative avec l’Indonésie. (Milton Bennett)
Ironiquement, c’est le côté que je trouvais plutôt invasif de la culture collectiviste qui m’a permis de renouer des liens et souvenirs formidables avec l’Indonésie. A tort, je croyais que j’étais dans un dialogue à sens unique avec mon pays d’accueil et que je devais me plier à toutes ses demandes. J’ai dû accepter mon rôle, je ne suis pas un indonésien mais un Canadien avec ses valeurs et son histoire qui visite et partage avec l’Indonésie. Après avoir définis qui je suis et quels sont mes limites, je me suis aperçus que l’échange interculturelle ce doit d’être un mouvement bilatérale. Comment les gens qui me côtoyais pouvaient ils savoir ce qui me convient ou non si je n’en faisais pas part? Ce que je prenais comme de l’intrusion dans ma vie personnelle était en fait leur réponse normale et une tentative de m’intégrer comme ils ont appris à le faire. À ma grande surprise, ma communauté c’est montrer très réceptive à ma demande d’intimité preuve qu’elle cherchait réellement mon confort et mon intégration.
En conclusion, bien que cela fut un survole très bref de mon expérience je crois que l’essentiel qu’on doit se rappeler est que des ressemblances existent entre les êtres humains pour faciliter la communication. Trop souvent nous nous basons sur l’existence d’émotions fondamentales comme la colère, la peur, la tristesse, le dégoût et la joie sans considérer et profondément comprendre les différentes raisons qui peuvent donner naissance à ses émotions ainsi que les différences circonstancielles où elles sont exprimées. On réfère aux besoins communs à tous les êtres humains sans considérer les divergences qui se sont développées dans leurs réponses autant sociales qu’individuelles à leurs besoins. C’est pour ceci qu’il est primordial de ce décentrer et enfin comprendre que nous sommes tous des êtres humains, dans toute sa complexité, qui individuellement réagissent tous ensembles au non-sens de la vie.
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