Les rétributions du militantisme

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Dermenjian et Loiseau expliquent qu’il existe au PCF un soubassement genré dans la hiérarchisation des militants qui est le résultat de normes et prénotions issues de la culture ouvrière (l’image de la femme comme mère de famille et l’imaginaire collectif du militant communiste par excellence comme un ouvrier masculin, blanc et viril). Les femmes occupent des places moins importantes que les hommes, peuvent se voir exclues du militantisme à cause des activités qui leur sont attribués: garde des enfants notamment. Mais outre l’impossibilité de militer et donc de s’inscrire véritablement dans la vie politique du PCF, la femme militante communiste manque d’attention car elle apparaît moins légitime à s’occuper des affaires politiques que l’homme (pire, la femme détournerait l’homme de son activité militante, “briseuses de grèves”).Par conséquent, elle voit sa place de militante amoindrie dans la hiérarchie. En outre, l’existence d’une hiérarchie au sein du parti qui est fixée sur le militantisme plus ou moins fort des membres qui le compose induit l’idée selon laquelle l’action est rémunérée par l’occupation de postes importants. Comme le précise Gaxie, la condition d’une progression des satisfactions offertes par le parti est l’existence même d’une hiérarchie avec des postes connaissant des rendements différents.Tout se passe comme si le parti cherchait à récompenser les militants en fonction de leur implication (on peut parler, comme le fait Dezechelles de “rétribution relative”) et ces récompenses sont croissantes en fonction de la position interne.

Les membre des partis sont invités à s’impliquer dans le parti pour connaître des rétributions relatives à la position occupée au sein du parti. Ces rétributions s’exercent de multiples manières et procurent plus ou moins de satisfactions selon le parti et le statut du militant.

II. Une rétribution matérialo-symbolique qui s’effectue corollairement à la structure du parti et de l’individu dans la société:

2.1.Des rétributions dites “matérielles” à différents échelons:

Ces rétributions matérielles correspondent généralement à des rétributions en termes d’emplois. Elle se traduisent par l’acquisition de postes, qu’ils soient internes ou externes au parti. Ainsi, Gaxie nous dresse une liste exhaustive de tous les postes que le parti peut offrir selon la position de l’individu dans la hiérarchie. Premièrement, dans des partis où il existe une élite politique cherchant à accéder au pouvoir, la rétribution de ces militants très engagés se traduit par l’acquisition de postes étatiques ou électifs comme la possibilité d’être élu à l’Assemblée Nationale .Ainsi, nous pouvons souligner le fait que les intellectuels maximisent leurs intérêts en entrant des partis politiques car ils savent qu’ils pourront atteindre les mêmes postes que tout intellectuel sortant d’un parcours académique typique, et cela en maximisant leurs notoriété. Pour Sainteny, c’est cette impossibilité d’atteindre de tels postes qui a fait que les élites se sont longtemps détournés de partis écologistes: en effet, la rétribution matérielle n’était pas assez suffisante pour stimuler le zèle d’un intellect cherchant à atteindre le pouvoir. Au-delà de postes majeurs accessibles pour les plus hauts de la hiérarchie, le parti offre également une rétribution matérielle pour tous les membres du parti: cela peut passer par la possibilité d’emplois au sein de l’appareil administratif et les entreprises publiques avec lesquelles les militants sont en lien. Il existe de plus la possibilité pour le militant de trouver, grâce au parti, un emploi dans des domaines variés mais qui sont tous en liaison avec le politique: presse, bureaux d’études statistiques,associations culturelles.Gaxie traite aussi de la possibilité pour un membre de trouver un emploi dans son parti: en effet, le parti politique de masse fonctionne comme une véritable entreprise et possède sa propre administration qui se charge des activités militantes du parti et tout ce qui en découlent; il est ainsi possible d’occuper une fonction rémunérée au sein du parti. Dans des partis moins puissants, comme c’est le cas pour les partis écologistes, la dimension de la rétribution matérielle et financière directe est assez écartée mais Sainteny affirme qu’il est cependant possible pour un individu de trouver un emploi grâce au parti avec la construction de réseaux qui permettent parfois de trouver des postes dans des domaines périphériques à l’écologie.

2.2. Des rétributions dites “immatérielles” relatives au statut du militant et dans le parti et dans la société:

Il existe une véritable gamme de rémunérations symboliques que Gaxie nous liste: estime, honneur, prestige sont de véritables récompenses pour l’individu qui voit son statut valorisé. Du fait même de statut d’adhérent ou de militant d’un parti, l’individu peut rencontrée de la part de la société une certaine reconnaissance sociale, et de la part des autres adhérents, une reconnaissance symbolique d’autant plus forte que la place interne occupée par le militant est élevée.Cette forme de rétribution touche aux fonctions de représentations: un militant peut se voir confier des responsabilités comme des déplacements, des remises d’honneurs qui contribuent à entretenir une notabilité locale. Ainsi, dans l’étude menée sur les militantes communistes, leurs réponses spontanées quant aux activités du parti où elles se sont senties le plus valorisées sont des activités propres à la représentation (rencontre de personnalités comme Marthe.V qui fait référence à sa rencontre avec Fidel Castro, Khroutchev). De plus, dans les partis qui ne sont pas en capacité de pouvoir rémunérer leurs militants de manière matérielle, cette rétribution symbolique est d’autant plus forte que toutes les activités au sein du parti sont voués à l’acquisition de capitaux symboliquement important pour la société, comme le capital culturel, et contribue à la formation d’une compétence politique forte. Sainteny parle de “primat des rétributions symboliques” pour qualifier la manière dont les partis écologistes récompensent leurs adhérents. Il définit ces différentes formes de rétributions: l’acquisition d’un bagage culturel propre au milieu de l’écologie,mais aussi propre à la politique avec une expérience renforçant la compétence politique, et l’acquisition de compétence spécifiques dans les domaines liés à l’écologie (l’exemple de l’universitaire devenu compétent pour les questions